De nos jours, les entreprises compétitives sont celles qui transforment rapidement les nouvelles idées en nouveaux produits. Ceci entraîne une augmentation du nombre des innovations qui permet de répondre aux nouveaux besoins des consommateurs, de proposer une gamme de choix de produits et de services plus importante, d’augmenter la qualité et la fiabilité des produits existants, de réduire les coûts et d’augmenter les performances des diverses fonctions de service qu’offrent les produits…
Innover est une solution à la situation de concurrence soutenue en apportant aux entreprises des avantages compétitifs, par rapport à leurs concurrents, en terme de coût, d’image, de valeur.
La pérennité d’une entreprise repose alors sur sa capacité à générer un flux constant d’innovations. De plus, l’innovation est considérée comme un processus, dans la mesure où elle est passée par plusieurs étapes pour enfin aboutir à l’innovation.
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Donc l’innovation est à la fois un résultat (produit nouveau, procédé nouveau, etc.) et le processus suivi pour parvenir à ce résultat.
Dans cet article on va décortiquer notre titre d’article en concept clés, pour ce faire, on va traiter dans le premier point une définition du concept « processus », un deuxième point sera réservé à la notion de « processus d’innovation technologique » et on va échapper l’article par un éclaircissement sur les niveaux opérationnels du processus d’innovation technologique.
Table de matières
Définition de processus
Différentes définitions du concept de processus apparaissent dans la littérature technique, scientifique (dans le domaine de l’automatique ou de la gestion) (Bescos et Mendoza, 1994), (Lemoigne, 1994), (Lorino, 1995), (Vernadat, 1995), (Haurat et Théroude, 1999) … Nous n’en citerons que quelques- unes.
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Selon Lemoigne : « Tout changement dans le temps de matière, d’énergie ou d’information est un processus ».
Pour Vernadat, « un processus est un Ensemble partiellement ordonné d’activités qui est activé par une condition de déclenchement provoqué par l’apparition d’événements ».
Bescos précise quant à lui que « Un processus est un ensemble d’activités liées en vue d’atteindre un objectif commun ».
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Ces définitions nous donnent les éléments à prendre en compte pour modéliser la structure et la dynamique d’un processus. :
- la notion de changement (passage d’un état initial à un état final) ;
- les activités assurant ces changements ;
- les événements déclencheurs et les relations entre activités, le temps, la matière, l’énergie, les informations.
Selon la norme ISO 9001, le processus se définit comme « un enchainement d’activité logiques qui apportent de la valeur ajoutée ».
Outre la norme ISO 9000 (management de la qualité), définit le processus comme « un ensemble d’activités corrélées ou en interaction qui utilise des éléments d’entrée pour produire un résultat escompté ».
A l’égard de ces définitions, on peut tirer la définition suivante, le processus est un ensemble d’activités ou d’éléments interreliés entre eux en vue d’aboutir à un résultat quelconque.
L’innovation est considérée comme un résultat, et par conséquent, c’est le processus suivi pour aboutir à ce résultat.
L’innovation en tant que processus
On ne peut point considérer l’innovation dans son acception statique seule comme étant un « résultat », or elle est aussi le processus suivi qui amène à ce résultat.
En effet trois approches essayent de cerner le concept de l’innovation dans son acception processus ; on cite : l’approche évolutionniste, l’approche schumpétérienne et l’approche institutionnelle.
L’approche évolutionniste
Selon cette approche l’innovation est considérée comme un processus tributaire d’un cheminement suivant lequel le savoir et la technologie se développent par l’interaction entre différents acteur et d’autres facteurs .
L’OCDE voit l’innovation comme un processus itératif initié par la perception de l’opportunité dans un nouveau marché et/ou un nouveau service pour une invention technologique et qui mène à des taches de développement, de production et de marketing, entrainant un succès commercial de cette invention .
Khalil défini le processus d’innovation technologique comme un ensemble complexe d’activité qui transforme les idées et la connaissance scientifique en une réalité physique et des applications du monde réel, c’est un processus qui convertit la connaissance en produits et services utiles qui auront un impact socio-économique.
L’innovation est aussi qualifiée de processus permettant et dynamique dans lequel les innovateurs font évoluer sans cesse leurs produits et procédés, leurs modes de raisonnement de représentation et collectent de nouveaux savoirs qui viennent alimenter le processus .
L’approche schumpétérienne
L’innovation selon Schumpeter n’est autre qu’un processus dynamique dans lequel de nouvelle technologie remplacent les anciennes. C’est ce qui l’a appelé ~le processus de la destruction créatrice ~.
Pour les entreprises évoluant dans un contexte Schumpetérien dont l’innovation est une condition de survie, le processus de création-destruction se manifeste par le fait que chaque position dominante sur un marché peut être remise en cause par une innovation concurrente et ainsi de suite.
Fernez-Walch et Remon résument l’innovation comme « un processus organisationnel, délibéré, qui conduit à la proposition et à l’adoption, sur un marché ou à l’intérieur d’une entreprise, un produit nouveau. Ce processus permet à une ou plusieurs entreprises d’améliorer leur position stratégique et/ou renforcer leurs compétences et leurs technologies »
Les auteurs ont résumé le processus d’innovation technologique en huit point :
- processus de valorisation du progrès technique : transformation et intégration de progrès technique dans un produit ;
- processus d’adoption d’une nouveauté au niveau culturel ;
- processus tourbillonnaire : tout s’agrège autour de nouveau produit ;
- processus marketing : un enchainement séquentiel allant de la R&D à la commercialisation des produits nouveaux ;
- processus politique : implique des acteurs poursuivants des objectifs conflictuels, espérant un résultat incertain, exerçant un pouvoir ;
- processus de transformation d’un système technique : pour répondre au besoin de l’innovation ;
- processus d’apprentissage : création et capitalisation des savoirs ;
- processus intentionnel : un changement d’une situation initiale à une autre finale non certaine ;
L’approche institutionnelle
L’innovation est un processus institutionnel, elle est conçue comme le résultat d’un processus social, mettant en interaction des acteurs appartenant à divers milieux ou institutions (universités, centre de recherches, institutions financières, entreprises, gouvernements et marché de travail) le système donc progressivement construit par les acteurs eux même
Niveaux opérationnels du processus d’innovation
Les processus d’innovation étant très particuliers, son pilotage s’avère être un peu particulier. Même si ça fait encore débat, il y aurait une différence entre la maîtrise de la qualité et le pilotage de l’innovation.
Du coup le pilotage va être décrit sous forme de niveaux opérationnels. Et aussi face à la diversité de points de vue recensée dans la littérature, il nous est apparu avant tout important de bien préciser les différents niveaux d’intervention du processus d’innovation pour clarifier les objectifs d’action des décideurs de l’entreprise et leur permettre de mieux définir leur politique d’innovation.
Pour notre article, nous avons décidé de reprendre la logique par niveau opérationnel du management de l’innovation proposée par (Boly et Morel, 2006).
Ces niveaux d’intervention constitueront des niveaux d’action pour les décideurs, nécessitant pour chacun d’eux des prises de décisions particulières et spécifiques. Cela suppose que les démarches d’évaluation varieront suivant le niveau d’action considéré.
Les différents niveaux opérationnels du processus d’innovation :
L’environnement de l’entreprise
il s’agit de tous les acteurs extérieurs à l’entreprise et qui interagissent avec elle. Leur action influence l’orientation de sa stratégie, son processus d’innovation, son organisation et sa politique de développement. C’est le lieu de toutes les coopérations, des collaborations, de la recherche des ressources manquantes à l’entreprise et nécessaires pour la conduite de son processus d’innovation.
Dans cet ensemble, nous avons dans un premier temps les acteurs de son environnement immédiat tels que les centres de recherche, les laboratoires ou encore les entreprises partenaires.
Ces partenaires participent à l’élaboration de la connaissance, dans le développement des compétences de l’entreprise et dans les échanges d’informations stratégiques.
Nous trouvons également des acteurs comme le client dont la satisfaction des besoins est au centre de la politique des entreprises, les centres financiers qui aident l’entreprise à financer son processus d’innovation ou encore les entreprises concurrentes dont les activités obligent l’entreprise à se surpasser et à davantage investir dans l’innovation pour proposer sans cesse de nouveaux produits sur le marché.
Dans un second temps, nous avons les acteurs de l’environnement plus global de l’entreprise qui définissent la législation et les règles qui régissent ses activités.
Dans cet ensemble, nous pouvons citer les autorités administratives, judiciaires, législatives ou gouvernementales.
L’innovation à ce niveau consistera pour l’entreprise à chercher à optimiser la collaboration avec les partenaires qui appuient son processus de développement et à tirer le plus grand profit des autres acteurs, à satisfaire les besoins de ses clients, à mieux gérer les réseaux dans lesquels elle est impliquée, à tirer le meilleur profit de la législation pour mieux infléchir son évolution ou encore à mieux se comparer à ses concurrents en vue de ne pas se laisser distancer par ceux-ci.
L’entreprise et son processus de projets
c’est le niveau du management de l’innovation et de la gestion des projets. Ce niveau d’analyse englobe tous les secteurs d’activité de l’entreprise (vente, R&D, marketing, production, conception, …), ainsi que toutes les ressources mobilisées pour son processus d’innovation (ressources financières, le capital humain, les équipements, les savoirs et savoir faire, les connaissances, etc.).
Cela suppose une organisation et des structures adaptées à l’innovation, une gestion optimisée des ressources de l’entreprise, le suivi de tous les projets, la gestion des compétences ou encore la capitalisation des connaissances et savoir-faire acquis tout au long du processus d’innovation.
Les décisions utiles doivent être prises par les managers pour l’affectation des ressources disponibles aux projets, combler les compétences qui manquent (par le recrutement et l’apprentissage collectif notamment) ou assurer la cohérence entre les futures activités résultant des projets.
Différentes pratiques doivent être réalisées dont, entre autres, les activités de veille (technologique, managériale, intelligence économique, …), de développement d’une véritable culture d’entreprise, de gestion des réseaux dans lesquels est intégrée l’entreprise et d’adoption d’une politique budgétaire adaptée à l’innovation.
Le projet
c’est le niveau organisationnel qui supporte la conception de l’objet d’innovation et porte aussi sur la gestion des différentes ressources (financières, humaines, matérielles, etc.) allouées au projet.
C’est le processus qui par d’une idée, de sa transformation en un produit puis de son ancrage comme une activité nouvelle pour l’entreprise. Pour y parvenir, les individus vont travailler à son développement, à sa réalisation grâce à des collaborations. Les acteurs se divisent le travail mais ils coordonnent leurs tâches et prennent des décisions collectives en cherchant des synthèses et des compromis.
On va au-delà d’une suite de contributions individuelles afin que le projet soit efficace. Les acteurs doivent accepter un partage de responsabilités et la prise en compte d’autres techniques que les leurs.
Les actions à ce niveau devront permettre de prendre les décisions adéquates concernant le bon déroulement du projet. Il s’agira de décider de la poursuite ou de l’arrêt du projet en fonction des études de faisabilité, de son évolution du projet et des obstacles rencontrés dans son développement.
Ceci permettra de mieux répartir les moyens et les compétences alloués au projet, d’en assurer le suivi tout au long du déroulement du projet et de veiller à une meilleure planification des tâches des individus impliqués dans le projet notamment.
le produit et sa technologie en évolution
il s’agit de l’objet développé par l’entreprise et mis sur le marché. C’est un objet matériel, un service, un procédé de production ou une technologie. C’est le résultat du processus d’innovation.
Une réflexion doit être faite au niveau des spécifications du nouveau produit, les procédés de fabrication et les cycles de vie du produit. Ce produit n’est pas statique et invariant mais peut évoluer grâce à de nouvelles compétences et à de nouvelles technologies notamment.
Les actions à mener à ce niveau doivent permettre de le faire évoluer. Il s’agira d’y ajouter de nouvelles caractéristiques (innovations incrémentales) ou si possible de proposer de nouveaux produits pour le remplacer (innovations radicales).
Le développement du produit doit faire appel aux ressources, compétences et technologies actuelles de l’entreprise et aussi à de nouvelles qui seront soit créées en son sein pendant le processus, soit obtenues par acquisition.
Les individus et les groupes d’acteurs
Il s’agit de l’ensemble des acteurs qui a à charge à la fois de gérer le processus d’innovation et de le faire évoluer et aussi de gérer l’ensemble des projets que l’entreprise a dans son portefeuille.
Chaque individu aura un apport personnel sur l’évolution du processus d’innovation, mais aussi devra être disposé à participer à des actions de groupes (travail en équipe). Les individus, en travaillant ensembles, s’échangent des connaissances techniques, des savoirs et savoir-faire et donc apprennent les uns des autres pour acquérir de nouvelles compétences.
Chaque individu doit s’impliquer entièrement dans le processus d’innovation et s’adapter aux nouvelles règles et méthodes de travail. Les principales actions de management à ce niveau comprennent le développement et le renforcement des compétences des individus par l’apprentissage, la formation et la coopération avec d’autres entreprises et l’optimisation du rendement de leurs activités.
à la fin de cet article on vous conseille de lire le modèle linéaire et le modèle complexe du processus d’innovation dans ici : Modèle linéaire et modèle complexe du processus d’innovation.
Ressources pédagogiques:
- N. Assielou et autres, « Evaluation des processus d’innovation », vandoeuvre-les-Nancy ;2008.
- Aline Therrien « valorisation de la recherche biomédicale et création d’entreprise dérivée de l’université.. »2008
- OCDE, « the nature of innovation and the evolution of the productive système », Paris,1991.
- Tarek khalil , Management of technologie : the key to cpmetitiveness and wealth creation,2000
- Morel, « proposition d’une ingenierie de l’innovation vue comme un processus permettant la crétion de valeur » 1998
- Schumperter »the theory of economic developpent »1934
- Sandrine Fernez-walch et al , « management de l’innovation, de la stratégie au projet »