La théorie de Ricardo a été reformulée par deux économistes suédois : Heckscher (1919) et Ohlin (1933) et elle a été étendue par Samuelson (1948).
La source de l’avantage comparatif d’un pays ne réside pas dans la technologie comme dans le modèle ricardien mais dans les dotations en facteurs de production.
Table de matières
Théorème H.O: Loi de proportion des facteurs
Un pays a intérêt à exporter le bien dont la production est intensive dans le facteur relativement abondant (dans ce pays) et à importer le bien dont la production est intensive dans le facteur relativement rare (dans ce pays).
Chaque pays produit et exporte le bien pour lequel son facteur de production est le plus abondant relativement. En effet, plus le facteur de production est abondant, plus son prix relatif est bas.
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Le produit qui nécessite ce facteur de production est donc relativement peu coûteux. Autrement dit, un pays se spécialise dans les biens « à forte intensité de capital », s’il a plus de capital, ou dans les biens « à forte intensité de main-d’œuvre », s’il a plus de travail.
Le théorème est vrai sous les hypothèses suivantes :
- Deux pays, deux biens à produire et deux facteurs de production (2x2x2).
- La production se fait à rendements d’échelle constants
- La concurrence est pure et parfaite
- Les facteurs de production ne circulent pas entre les pays
- Les facteurs de production circulent à l’intérieur de chaque pays
- Le transport de marchandises entre les pays ne coûte rien et il n’y a pas de barrières douanières
- Le plein-emploi des facteurs de production (tout le capital et tout le travail disponibles
- Les conditions de production et de demande sont les mêmes entre les économies
- Les facteurs de production ne sont pas disponibles en même quantité dans chaque pays
- Les biens produits requièrent respectivement plus ou moins des capital ou de travail (l’intensité en capital et travail est différente pour les deux produits)
- La technologie est identique dans les deux pays: si un bien nécessite plus de capital que de travail dans un pays, c’est aussi le cas dans l’autre pays
La différence entre les facteurs de production de chaque pays est une hypothèse importante: il faut que la proportion capital-travail soit différente dans chacun des pays. C’est à cette condition qu’il peut y avoir spécialisation. Plus la différence de la proportion capital-travail est grande entre les pays, plus la spécialisation est intéressante pour tous.
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Le théorème n’est pas contradictoire avec l’analyse ricardienne, parce que l’explication de l’échange international repose toujours sur des différences de coûts de production, mais ces différences s’expliquent par des différences dans les dotations aux facteurs de production.
L’apport de Samuelson et Stolper
Cet apport met en évidence un effet du commerce international sur la répartition interne de revenus : les détenteurs du facteur rare perdent à l’échange international, tandis que les détenteurs du facteur abondant y gagnent.
Suite à l’ouverture internationale, la rémunération des facteurs évolue en sens inverse: le prix du travail augmente relativement par rapport au prix du capital dans le premier pays, tandis qu’il diminue dans le deuxième.
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On montre alors que le commerce international doit conduire à l’égalisation relative et absolue des prix des facteurs entre les deux pays : il s’agit du théorème d’Heckscher-Ohlin-Samuelson (HOS).
Lorsque la dotation factorielle d’un pays évolue (suite à un phénomène de croissance démographique), la spécialisation du pays va se déformer en direction du bien intensif dans le facteur qui augmente.
Le théorème de Stolper et Samuelson : dans les conditions du théorème Heckscher-Ohlin, quand un pays passe de l’autarcie à l’économie ouverte la rémunération du facteur utilisé intensément dans la production du bien exporté augmente et la rémunération de l’autre facteur diminue.
Par exemple si le libre échange est conclu entre la France et la chine, au bout d’un moment le prix du travail en Chine sera le même que le prix du travail en France et le prix du capital en France sera le même prix que le capital en Chine.
Conclusion: la libre circulation des biens est un substitut parfait à la mobilité des facteurs de production.
Version dynamique du Théorème HOS : Rybczynski
L’idée de Rybczynski est de prendre en compte le temps et les évolutions possibles dans les dotations. Lorsqu’un pays connaît une forte croissance d’un facteur de Production, c’est la production du bien intensif dans ce facteur qui augmente, et le pays obtient ainsi un glissement de son avantage comparatif en faveur de ce produit.
Le paradoxe de Leontief
Le théorème HOS a fait l’objet de nombreux tests empiriques, au premier rang desquels celui réalisé en 1951 par Leontief : il s’agissait de montrer que les Etats-Unis, pays à l’époque relativement riche en capital par rapport aux autres pays développés, exporte des biens plus intense en capital que les importations.
Or, Leontief aboutit à un paradoxe resté célèbre : les exportations américaines s’avèrent plus intense en travail que les importations. Les E-U à cette époque sont fortement dotés en capital. La richesse en capital des E-U est supérieure à la somme du capital de tous les autres pays du monde.
Corrélativement ils sont moins riches en facteur travail. Si on applique le théorème HO, on s’attend à ce que les exportations américaines soient plus importantes en facteur capital qu’en facteur travail.
Conclusion
En résumé, les dotations en facteurs de production des pays sont un facteur important dans la détermination de leur spécialisation dans la production de biens et dans leurs échanges commerciaux.