La structure financière d’une entreprise a une influence sur le niveau et la volatilité de ses bénéfices à travers le mécanisme de l’effet de levier. L’effet de levier correspond à l’écart entre le taux de rentabilité économique et le taux d’intérêt de la dette financière.
Les capitaux investis dans l’entreprise génèrent la rentabilité économique. Les financements des créanciers sont rémunérés par l’intérêt. Si l’intérêt est inférieur au taux de rentabilité économique, l’effet de levier est positif : plus la société est endettée, plus la rentabilité pour l’actionnaire est élevée.
Cependant en cas inverse, c’est un « effet de massue » : plus la société est endettée, moins elle est rentable pour ses actionnaires
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Table de matières
Mécanisme de l’effet de levier
Dans son mécanisme, l’effet de levier mesure l’influence de l’endettement global de l’entreprise sur la rentabilité de ses capitaux propres.
Théoriquement, la capacité d’endettement de l’entreprise se définit comme suit :
Capitaux propres (CP) – dettes financières (D)
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La capacité théorique d’endettement mesure l’aptitude de l’entreprise à obtenir de nouveaux concours externes de financement. Elle est généralement appréciée à l’aide du ratio <T autonomie financière dont la valeur doit être inférieur à 1. La valeur de ce ratio influence la rentabilité financière.
L’endettement sert de levier à la rentabilité financière. Simultanément l’effet de levier augmente le risque.
Le mécanisme de l’effet de levier peut être représenté par le schéma suivant :
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Lorsque l’entreprise décide de financer ses investissements avec des capitaux étrangers qu’elle rémunère à un taux inférieur à la rentabilité des investissements réalisés, toute augmentation du résultat net revient totalement aux actionnaires, qui accroissent ainsi la rentabilité de leur placement.
Formalisation
La rentabilité financière se décompose en trois éléments :
Les deux premiers termes correspondent à la décomposition de la rentabilité économique par le résultat et le troisième renvoie à la structure de financement de l’entreprise.
Le troisième terme fait référence à l’effet de levier financier. En effet, on peut transformer le ratio actif total/capitaux propres :
Le ratio dettes/capitaux propres est le levier d’endettement. L’effet de levier financier mesure l’incidence positive ou négative de l’endettement de l’entreprise sur sa rentabilité financière. On peut démontrer que :
Rf : la rentabilité financière ;
Re : le taux de rentabilité économique ;
i : le taux d’intérêt sur les dettes financières ;
D : les dettes financières ;
CP : les capitaux propres ;
t : le taux d’imposition sur les sociétés.
L’effet de levier correspond à l’écart entre le taux de rentabilité économique et le taux d’intérêt de la dette financière.
Trois cas peuvent se présenter :
(Re – i) > 0, l’entreprise présente un effet de levier positif : plus elle est endettée, plus elle est rentable financièrement pour ses actionnaires ;
L’entreprise a intérêt à choisir une structure du capital caractérisée par un endettement maximum, compatible avec son indépendance financière». Théoriquement, elle choisira D = CP
(Re – i) < 0, l’entreprise présente un effet de levier négatif ou « effet de massue » : plus elle est endettée, moins elle est rentable pour ses actionnaires ;
L’effet de levier négatif est appelé effet de massue. L’entreprise doit limiter son endettement. Cela lui sera d’autant plus facile que les prêteurs, disposes à financer une entreprise dont la rentabilité économique est inférieure au taux d’intérêt des prêts, seront peu nombreux.
(Re – i) = 0, l’entreprise ne présente aucun effet de levier positif ou négatif : la rentabilité financière est indépendante de sa structure financière.
Lorsque la rentabilité de l’actif est égale au taux d’intérêt du marché, celle des capitaux propres est identique, quel que soit le levier. Lorsque le levier est nul, la rentabilité des capitaux propres dépend uniquement de la rentabilité économique.
Le ratio D/CP est le bras du levier. Plus il est important, plus il amplifie l’effet de levier. Généralement les banques admettent de prêter aux entreprises jusqu’à hauteur du capital, mais dans ce cas le bras de levier est au maximum de 1. Toutefois certains financements admettent des multiples plus élevés.
L’ensemble de ces constatations peuvent se résumer sur le graphique suivant :
Représentation graphique de l’effet de levier
La meilleure représentation est la représentation vectorielle de l’effet de levier.
En partant de l’identité :
Rf = (1 – t)Re + (1 – t)( Re – i) Q / CP qui se réduit à :
Rf = Re + (Re -1)- D / CP
Lorsqu’on fait abstraction du taux d’imposition et en multipliant chaque membre de l’équation par CP, il vient:
RfCP = ReCP + (Re – i)D
dont on peut faire la représentation suivante :
N.B : r = rentabilité financière et e = rentabilité économique
Sur la figure précédente, l’angle e représente le taux de rentabilité des actifs, le vecteur BC le résultat courant obtenu grâce aux capitaux propres Re x CP, l’angle i représente le taux d ‘intérêt des charges financières et le vecteur OA le montant de ces charges financières D x i ; le vecteur AB représente le résultat courant obtenu par effet de levier (Re – i)D, enfin le vecteur AC représente la totalité du résultat courant avant impôt.
On peut représenter de la même façon l’effet de levier négatif, c’est-à-dire l’effet de levier lorsque (Re – i) est négatif, parfois appelé « effet de massue » :
N.B : r = rentabilité financière et e = rentabilité économique
Sur la figure précédente, le résultat courant obtenu grâce aux capitaux propres est représenté par le même vecteur BC mais le taux de résultat économique e est inférieur au taux d’intérêt i et le vecteur BA, de direction opposée à celle du vecteur AB de la figure 2, ne représente plus le résultat obtenu par effet de levier, mais la partie de ce dernier résultat qui a été amputée par l’effet de massue. Le vecteur BA traduit les conséquences de cet effet de massue et le vecteur BC représente la totalité du résultat courant avant impôt, inférieure au seul résultat économique, puisque :
(e – i)D < 0 1
Exercice corrigé sur l’effet de levier
Monsieur Paul, directeur financier de la société X, vous demande d’analyser les risques d’exploitation et financier de la société SA V, actuellement en création.
Le chiffre d’affaires annuel prévisionnel de cette entreprise est de 750 000 €.
La marge sur coûts variables sera de 40 % du CA HT et les charges fixes (hors intérêts des dettes financières) s’élèveront à 244 000 €. Les ressources durables engagées seront de 400 000 €.
L’entreprise peut :
• se financer exclusivement par des capitaux propres : 400 000 €.
• se financer moitié par des capitaux propres et moitié par des dettes financières : 200 000 €.
Les dettes financières seraient contractées au taux de 10 % et remboursables au terme de sept ans par annuités constantes.
1. Pour les deux hypothèses de financement considérées, vous calculerez la rentabilité des capitaux propres et la rentabilité économique dans les deux cas de figure suivants :
• l’entreprise réalise un CA HT égal à 110 %, du CA HT prévu ;
• l’entreprise réalise un CA HT égal à 90 % du CA HT prévu.
2. Commentez les résultats obtenus en faisant référence à l’effet de levier, aux risques d’exploitation et financier de la société (l’impôt sur les bénéfices est à 33,33 %).
Correction
1.
2.
Le financement mixte fait bénéficier d’un effet de levier. Dans l’hypothèse d’un autofinancement à 100 %, la chute de la rentabilité des capitaux propres consécutive à une chute du CA HT mesure le risque d’exploitation.
Quand l’entreprise est endettée, la chute de la rentabilité des capitaux propres est amplifiée. Cette amplification mesure le risque financier. Dans le cas de l’endettement, la rentabilité financière chute de 20 %, alors que la rentabilité économique après impôt chute de 10 %.
En effet, lorsque le CA baisse, la rentabilité économique diminue (6,5 %) et devient inférieure au taux de l’endettement (10 %). L’effet de levier joue négativement
Références bibliographiques
Jean-Guy Degos, Stéphane Griffiths – Gestion financière _ De l’analyse à la stratégie-Editions d’Organisation (2011)
Dov Ogien – Maxi fiches de gestion financière de l’entreprise – Dunod (2008)
Gérard Melyon – Gestion financière – édition Lexfac gestion (2007)