La solvabilité d’une entreprise se définit comme son aptitude à assurer le règlement de ses dettes lorsque celles-ci viennent à échéance.
Les engagements à prendre en compte concernent :
- le remboursement et le paiement d’intérêts sur les dettes souscrites au cours des exercices passés et arrivant à leur terme ;
- le règlement des dépenses qui conditionnent la continuité de l’activité.
Le maintien de la solvabilité constitue, pour une entreprise, un impératif permanent. Sa remise en cause, même temporaire, la place en situation de défaillance d’entreprise, voire de faillite.
Dans cet article nous expliquons la solvabilité d’une entreprise à travers une étude de cas de l’entreprise BTS
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L’analyse de la solvabilité, dans un cadre statique, va se dérouler en trois temps : en premier lieu, nous apprécierons de la structure financière de BTS afin d’étudier la capacité d’endettement, puis nous mesurerons le fonds de roulement (FR), le Besoin de fonds de roulement (BFR) et le niveau de trésorerie. On s’assure ainsi que l’entreprise respecte correctement sa contrainte d’équilibre financier et qu’elle ne court pas de risque de rupture d’encaisse qui pourrait avoir des conséquences très dommageables sur la continuité de l’exploitation. Enfin, nous rechercherons les facteurs explicatifs des évolutions du FR et du BFR.
Table de matières
Structure financière et capacité d’endettement
Capacité globale d’endettement
2004 | 2003 | 2002 | Norme | |
CP
Passif Lire Aussi: les techniques de gestion de production Ratio : CP/Passif | 1 619 502
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3 167 997 Lire Aussi: Variance Analysis Calculation: A Comprehensive Guide 0,51 | 1466 317
2 952 962 0,50 | 1 280 159
2 424 613 0,53 |
> 0,33 |
Le ratio CP / Passif permet d’apprécier la capacité globale d’endettement de l’entreprise. Une banque sera en effet réticente à accorder des crédits à une entreprise sous-capitalisée car il prendrait alors à son compte le risque d’exploitation. La norme veut que les Capitaux Propres représente au moins un tiers du passif total. Dans le cas de BTS, aucune inquiétude n’est à avoir et la forte capitalisation de l’entreprise doit lui permettre d’obtenir de nouveaux crédits lorsqu’un besoin se présentera.
Pour saturer sa capacité globale d’endettement BTS peut encore s’endetter de plus de 1,5 millions d’euros (1,6 / (3,1 + 1,5) > 0,33).
Capacité d’endettement à long terme
2004 | 2003 | 2002 | Norme | |
Dettes MLT | 57 632 | 79 301 | 66 179 | |
CP | 1 619 502 | 1 466 317 | 1 280 159 | |
Ratio dettes MLT / CP | 0,04 | 0,05 | 0,05 | < 1 |
Le ratio dettes MLT / CP est aussi à surveiller et représente le niveau des emprunts à moyen et long terme auprès des établissements de crédit déjà négocié par la société, comparé au montant des capitaux propres. Les banques peuvent accorder des prêts à MLT jusqu’à un niveau égal aux CP : avec un niveau d’emprunt MLT stable à 25 000€, et un engagement de crédit-bail de 32 000€, BTS dispose d’une marge de manœuvre très importante pour s’endetter : CP – dettes MLT actuelles 1,5 M€
Mesure de la solvabilité
Mesure du Fonds de roulement
Par définition le FR est l’excédent des ressources stables sur les emplois stables et, par conséquent, c’est la part des capitaux permanents qui peut être affectée au financement d’actifs circulants. En adoptant une approche « par le bas de bilan », on peut affirmer que le FR est la part des actifs circulants qui n’a pas pu être financée par les ressources courtes de l’entreprise.
Mesure du Besoin en fonds de roulement
Le BFR, quant à lui, est l’avance de trésorerie que l’entreprise doit consentir entre le moment où elle commence son cycle d’exploitation et le moment où elle encaisse le fruit de ses premières ventes. C’est la différence entre les actifs d’exploitation CT et les dettes d’exploitation CT. Nous avons distingué le BFR d’exploitation et le BFR hors exploitation.
– Dette d’exploitation
–1 345 490
–1 318 374
–1 020 859
– Autres dettes
–30 864
–30 864
–19 139
2004 2003 2002 + Stocks+ Encours clients
02 224 421
02 084 066
01 633 954
= BFR d’exploitation 878 931 14,8 % 765 692 24,9 % 613 095 + Autres créances+ Capital souscrit, appelé, non versé
73 6370
11 6680
21 74769 600
= BFR hors d’exploitation 42 773 322,8 % –19 196 –126,6 % 72 208 BFR = 921 704 23,5 % 746 496 8,9 % 685 303
Mesure de la Trésorerie
La trésorerie se déduit mécaniquement de la relation : TN = FR – BFR
Elle se calcule également en effectuant la somme : TN = Disponibilités + VMP – Dettes à CT
2004 2003 2002 + FR 1 542 557 9,8 % 1 405 258 14,4 % 1 227 851 – BFR –921 704 23,5 % –746 496 8,9 % –685 303 = Trésorerie 620 853 –5,8 % 658 762 21,4 % 542 548
Analyse de la solvabilité
L’intérêt de l’analyse de la solvabilité via l’étude du FR et du BFR est de pouvoir rechercher, dans la gestion du BFR et dans la gestion du FR, des facteurs explicatifs du niveau de Trésorerie.
La trésorerie, largement positive, se situe aux alentours de 600 K€ sur la période 2002-2004. Elle évolue de 14,4 % sur la période considérée, soit une augmentation de 78 K€. Notons que cette variation cache en fait une hausse de la Trésorerie de 116 K€ en 2003 et une baisse de 38xK€ en 2004.
La trésorerie étant largement positive, BTS garde ainsi toute son indépendance vis-à-vis des banques. Cette évolution du niveau de trésorerie est expliquée par un FR qui augmente plus que le BFR : le premier augmente de 315 K€, tandis que le second n’augmente que de 236 K€.
- Analyse de l’évolution du FR
La hausse du FR de 315 K€ s’explique par une hausse des ressources stables (+350 K€) plus importante que la hausse de l’actif immobilisé (+35 K€). Plus précisément, nous pouvons remarquer que ce sont les capitaux propres (+340 K€) qui s’accumulent dans le bilan (accumulation du report à nouveau) et qui constituent le premier facteur explicatif de cette hausse du FR. De leur côté, les emplois stables varient peu.
- Analyse de l’évolution du BFR
Entre 2002 et 2004, le BFR augmente assez fortement (+236 K€, soit 35 % d’augmentation). On considère généralement que l’augmentation du BFR doit être à peu près corrélée avec la variation du CA : le BFR est une composante proportionnelle au niveau d’activité. Or le CA ne connaît, sur la période, qu’une évolution de +20 %. Cherchons donc à comprendre l’origine de cette croissance excessive du BFR et comparons le niveau de BFR de BTS aux BFR observés dans le secteur :
Données annuelles moyennes pour les exercices 2001,2002, 2003
BTS A B C D Moyenne des 4 concurrents CA 4 377 541 55 177 418 13 723 792 9 206 929 9 001 357 21 777 374 BFR 595 790 –4 774 734 1 122 883 755 131 –724 586 –905 326 BFR / CA 13,6 % –8,7 % 8,2 % 8,2 % –8,0 % –0,1 %
Il apparaît donc que le BFR de BTS est plus élevé que celui de ses concurrents, relativement au CA dégagé par l’exploitation.
Données annuelles moyennes pour les exercices 2001, 2002, 2003
BTS A B C D Moyenne des 4 concurrents Rotation des stocks (en jrs) 0 537 0 27 130 174 Délai clients moyen (en jrs) 120 133 100 93 95 96 Délai fournisseurs moyen (en jrs) 85 146 70 139 55 103 2004 2003 2002 2001 Délai clients (en jrs) : Créances / CA TTC ´ 360 132 131 116 114 ∆ 1,0 % 12,9 % 1,8 % Délai fournisseurs (en jrs) : Dettes Frs / (Achats TTC + AACE TTC) ´ 360 95 103 76 77 ∆ –7,4 % 35,5 % –1,3 %
Au regard des deux tableaux ci-dessus, il est possible de remarquer que BTS accorde à ses clients, sur la période 2001 à 2003, un délai de règlement allongé (120 jours), alors que la moyenne du secteur se situe à 96 jours seulement. La direction financière de BTS a déjà remarqué que le fort pouvoir de négociation des grands clients de BTS rendait difficile le recouvrement de certaines créances, en temps et en heure voulus.
D’autre part, il est possible de remarquer que le délai accordé aux clients est en augmentation continue depuis 2001 : il passe de 114 jours à 132 jours. Cet élément traduit la dégradation de la gestion du cycle d’exploitation et semble être la source principale de gonflement du besoin en fonds de roulement. Peut-être serait-il possible d’améliorer la gestion de la relance client en employant de nouveaux outils informatiques permettant de suivre l’échéancier des encaissements clients.
Les délais fournisseurs que BTS a négocié auprès de ses fournisseurs sont également en dessous de la moyenne sectorielle : 85 jours contre 103 jours en moyenne. Cependant, ce délai a tendance à être allongé entre 2001 et 2003, puis à diminuer à nouveau en 2004 pour atteindre le niveau de 95 jours. À nouveau, cet élément de la gestion du cycle d’exploitation participe à maintenir un BFR plus élevé chez BTS que dans le reste du secteur.
Conclusion
BTS est une entreprise ayant une grande latitude concernant sa capacité globale d’endettement.
En effet, celle-ci pourrait théoriquement encore emprunter 1,5 million d’euros sans que les créanciers ne s’inquiètent outre mesure. Cet endettement supplémentaire pourrait être utilisé pour financer de nouveaux projets d’investissement ou de recherche et développement si l’autofinancement n’est pas suffisant. En revanche, en aucun cas il ne serait intéressant de faire appel aux actionnaires.
Remarque : il existe d’autres ratios pour calculer la solvabilité d’une entreprise qu’on va les présenter dans un autre article prochainement.
Sources :
- Graham J. et C. Harvey. (2001). « The theory and practice of corporate finance : Evidence from the field », Journal of Financial Economics
- « Finance de l’entreprise -UE116»