La théorie de la répartition chez Ricardo

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La théorie de la répartition chez Ricardo place au centre de la recherche economique les problèmes de la répartition : le produit de la terre et tout ce qui est dérivé de sa surface par l’utilisation conjointe du travail, des machines et du capital, se divisent entre trois classes de la communauté, c’est-à-dire les propriétaires du sol, les possesseurs du stock ou capital nécessaire à sa culture, et les travailleurs grâce à l’activité desquels elle est cultivée.

Mais à des stades différents de la société, les proportions du produit de la terre qui seront allouées à chacune de ces classes, sous les noms de-rente, de profit et de salaires, seront essentiellement différent : « Déterminer les lois qui règlent cette distribution, constitue le problème principal en économie politique. »

Ainsi, l’analyse de la répartition chez Ricardo, constitue le principal problème de l’économie politique. Elle sera par conséquent sa principale préoccupation.

Mais la répartition, il fait dès maintenant le préciser, qui intéresse l’auteur c’est la répartition salaire-profit. La rente n’est importante que parce qu’elle est liée au prix des denrées agricoles qui déterminent le prix du salaire.

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De même dans cette répartition salaire-profit, ce sont les salaires qui sont déterminants. Par contre les profits sont stratégiques pour l’accumulation. Ce n’est pas un hasard qu’il en soit ainsi chez un auteur qui écrivait dans une société en voie d’industrialisation où les rapports capital-travail deviennent de plus en plus-dominants.

La rente foncière chez Ricardo

La nature de la rente

D. Ricardo définit la rente par la « portion du produit de la terre que l’on paie au propriétaire pour avoir le droit d’exploiter les facultés productives originelles et impérissables du sol ». C’est donc le prix que paient les fermiers aux propriétaires fonciers pour pouvoir utiliser les terres.

la formation de la rente :

Dans une société où la terre est abondante et où il suffit d’une partie des terres fertiles pour pouvoir couvrir  toute la population il n’y aurait aucune raison pour que la rente apparaisse.

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Mais si cette société progresse et sa population se développe de telle sorte qu’il faudrait, pour pouvoir continuer à nourrir toute la population, recourir aux catégories de terre de moins en moins fertiles, la rente apparaîtrait progressivement.

Elle apparaîtrait d’abord sur les terrains de première qualité dès que l’on commence à utiliser les terrains de second qualité et ensuite sur ces dernières une fois les terrains de troisième qualité mis en culture et ainsi de suite.

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« La rente étant toujours la différence entre les produits Msnus par l’emploi de deux quantités égales de capital et de travail ». C’est d’ailleurs posr cela que cette théorie est dénommée « théorie de la rente différentielle ».

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Avec la mise en culture les terrains de moins en moins fertiles, il faudrait des quantités additionnelles de travail pour pouvoir produire la même quantité que sur les terres fertiles. Et comme pour une même marchandise il ne saurait exister qu’un seul prix, il en résulte la hausse des prix agricoles au fur et à mesure que des terrains inférieurs sont mis en culture.

Ce n’est donc pas la rente qui détermine ces prix mais plutôt la quantité du travail que nécessite la production sur le dernier terrain cultivé qui ne dégage d’ailleurs pas de rente.

« Le blé ne renchérit pas, parce qu on paie une rentemais clest au contraire parce que le blé est cher que l’on paie une rente ». Dans ces conditions les propriétaires fonciers ne peuvent pas être tenus pour responsables de l’élévation des prix des produits agricoles. Toutefois ils peuvent s’opposer, pour défendre leurs intérêts à l’introduction du progrès technique et scientifique dans l’agriculture et à la libre importation des produits agricoles.

Finalement la rente n’est pas, comme le croyaient les physiocrates, l’expression de la générosité de la terre. Elle est, au contraire, le signe de son avarice. La hausse de la rente est liée à la diminution des capacités productives des terres disponibles, à la difficulté d’assurer de la subsistance à une population en augmentation.

Les lois d’évolution de la rente

La rente est ainsi appelée à s’accroître avec le progrès naturel de la richesse et de la population. Faut-il conclure que cette hausse est inéluctable ?

D. Ricardo observe que si « par quelques modifications dans l’état sociale, il devenait inutile d’employer autant de capital à l’agriculture les dernières portions qui y auraient été consacrées, donneraient plus de profit, et les rentes baisseraient ». Quelles sont alors ces modifications ?

  • La réduction du capital national qui diminue les fonds destinés aux salaires et par la même ma demande des subsistances. La baisse de cette demande aura pour effet la réduction des cultures, l’abandon des terrains défavorisés et donc la diminution des rentes.

« La population se proportionne toujours au capital destiné à payer le travail et par conséquent doit s ’accroître ou diminuer selon que ce capital augmente ou diminue ».

  • L’introduction des améliorations dans l’agriculture.

A ce propos, l’auteur distingue deux types d’améliorations : Le premier accroît la force productrice de la terre et fait baisser la rente et les prix des produits agricoles. Il est le fait par exemple de l’amélioration des assolements et des amendements.

Le second type d’améliorations : il réduit le montant du capital et du travail consacre à la production une unité du blé, sans accroître cette production. Il consiste dans les ameliorations des instruments (charrues, batteuses), dans les progrès des sciences vétérinaire etc. Ces améliorations font baisser la valeur des produits agricoles et par
la même la rente en argent. Elles ne réduisent la rente en nature que dans certains cas.

La question que l’on peut se poser à ce niveau est celle de savoir si les effets de ces modifications sont durables, car avec la baisse de la valeur relative des produits agricoles, les profits augmentent et l’accumulation s’en trouve stimulée. La demande d’ouvriers s accroît, par conséquent, et avec elle la demande des subsistances. Les prix agricoles sont donc appelés à s’élever, les cultures à s’étendre, et finalement les rentes à hausser.

Les salaires chez Ricardo

Le prix du salaire

Comme toute marchandise, le travail a un prix courant et un prix naturel.

« Le prix courant du travail est le prix que reçoit réellement l’ouvrier, d’après les rapports de l’offre et de la demande, le travail étant cher quand la main d’œuvre est rare, et à bon marché lorsqu’elle abonde ».

Ce prix courant tend, malgré ses variations, à se rapprocher du prix naturel, sur lequel d’ailleurs Ricardo insiste.

« Le prix naturel du travail est celui qui fournit aux ouvriers les moyens de subsister et des perpétuer leur espèce sans accroissement ni diminution ». Toutefois ce prix n’est pas absolument fixe et constant. Il peut varier d’une époque a l’autre à l’intérier d’un même pays, et d’un pays à l’autre. le prix naturel dépend du prix des subsistances et de celui des objets nécessaires à l’entretien de l’ouvrier et de sa famille.

L’évolution des salaires

L’évolution des salaires dépend de deux causes :

  • de l’offre et de la demande de travail
  • du prix des denrées qu’achète, par son salaire, l’ouvrier.

La demande de main d’œuvre dépend du rythme de l’accumulation. Lequel rythme dépend à son tour de la disponibilité des terres fertiles. Or celles-ci, sont limitées ; une fois les terres les moins fertiles sont mises en culture, le rythme d’accumulation ralentit et devient inférieur au rythme de la croissance démographique. Les salaires tendront donc à baisser.

Mais, comme le prix des salaires dépend également des denrées contre lesquelles s’échangent les salaires, les salaires en argent sont appelés à hausser. Les prix de ces denrées s’élèvent, en effet, à mesure que la population s’accroît.

« Plus la société fait de progrès, plus le prix naturel du travail tend à hausser, parce qu’une des principales denrées qui règlent le prix naturel tend à renchérir, en raison de la plus grande difficulté de l’acquérir ». Cette hausse se produit même si les améliorations dans l’agriculture et la découverte de nouveaux marchés d’approvisionnement viendraient, pendant un certain temps, s’opposer à la hausse des prix de ces denrées.

Ainsi c’est la difficulté de production des substances qui fait élever et la rente et les salaires. Toutefois, une différence importante existe entre les deux hausses. Alors que la hausse de la rente est bien réelle, celle des salaires n’est que fictive. Le sort de ces derniers est appelé à se dégrader. »

Ce sont donc là les lois qui règlent les salaires. Le législateur, ne doit pas les perturber par son intervention.

« Ainsi que tout autre contrat, les salaires doivent être livrés à la concurrence franche et libre du marché, et n’être jamais entravés par l’intervention du législateur ».

D. Ricardo condamne énergiquement la législation sur les pauvres, car « ces lois, bien loin de répondre au vœu bienfaisant du législateur, qui ne voulait qu’améliorer la condition des pauvres, n’ont d’autre effet que d’empirer à la fois et celle du pauvre et celle du riche ; au lieu d’enrichir les pauvres, elles ne tendent qu’à appauvrir les riches ».

Les profits chez Ricardo

D. Ricardo s’attache directement à l’examen des variations permanentes dans le taux des profits, sans éprouver le moindre besoin d’une explication des profits. Autrement dit, il prend des profits comme des données.

De même les profits en question chez l’auteur sont des-profits en général : « Je ne parle que des profits en général ». Ricardo se situe donc au niveau global de l’économie où les taux de profit tendent à s’égaliser du fait de la concurrence des capitaux.

Comme il a été déjà montré dans le premier paragraphe de cet article, la rente n’entre pas dans la détermination des prix. Car d’une part, la valeur du blé se règle par la quantité de travail requise par le terrain de la dernière qualité qui ne paie justement pas de rente.

D’autre part, la valeur des marchandises manufacturées ne comporte pas de rente. La valeur des marchandises se partage donc entre salaires et profits : d’où une relation inverse entre ces deux revenus.

Avec l’élévation des produits de première nécessité que les travailleurs consomment, les salaires s’élèvent et les profits baissent. Pour simplifier D Ricardo ne retiendra comme produit de première nécessité que les subsistances et spécialement le blé.

« Mon but a été de simplifier la question, c’est pourquoi je n’ai point tenu compte du renchérissement des choses nécessaires, autres que les subsistances renchérissement, suite à l’augmentation dans la valeur des matières premières dont articles sont fabriqués, ferait encore baisser les profits et hausser davantage les salaires »

Toutefois « il sera toujours vrai que les profits dépendent de la cherté ou du bas prix des salaires ; que les salaires sont réglés par le prix des denrées de première nécessité ; et que le prix de ces dernières tient principalement à celui des aliments car la quantité de toutes les autres choses peut être augmentée d’une manière presque illimitée »

L’auteur exclut explicitement l’influence de la hausse des prix des marchandises qui n’entrent pas dans la consommation des travailleurs (ex. velours, soieries…) sur les salaires et partant sur les profits.

L’élévation du prix du blé conduit à la hausse des salaires et donc à la baisse des profits. Ainsi « Les profits tendent naturellement à baisser, parce que, dans le progrès de la société et de la richesse, le surcroît de subsistances nécessaires exige un travail toujours croissant».

Cette tendance naturelle est souvent arrêtée par le perfectionnement des machines qui servent à la production des choses nécessaires et par l’effet des découvertes agronomiques.

Mais de toute façon, la hausse des prix de subsistance et par conséquent celle des salaires ne peut dépasser une certaine limite. Cette limite est constituée par le minimum du profit en de ça duquel les capitalistes ne sont plus motivés à accumuler.

« il ne saurait y avoir d’accumulation sans motif, et par conséquent un tel état des prix ne peut jamais persister. il est aussi impossible au fermier et au manufacturier de vivre sans profits, qu’à l’ouvrier d’exister sans salaire. Le motif qui les porte à accumuler diminuera à chaque diminution des profits, et il cessera entièrement quand ils seront y tellement minimes qu’ils ne leur offriront plus un dédommagement suffisant de leur peine, et du risque qu’ils courent nécessairement en employant leur capital d’une manière productive ».

Passée un certain niveau,  Ia hausse des prix de subsistance conduira au ralentissement de l’accumulation et à un état stationnaire. Il est très important d’observer que l’auteur situe la limite a l’accumulation à l’extérieur du système capitaliste.

La différence entre le modèle de Ricardo et celui de Smith est que ce dernier ne plaçant pas de limite à l’expansion de l’économie, tandis que Ricardo trouve cette limite dans la loi des rendements décroissants en agriculture.

Mais en même temps qu’il s’efibreant de formuler une théorie macroéconomique de longue période de la répartition, Ricardo procédait, comme Smith, à une analyse microéconomique, qui annonçait l’analyse tnargmaliste.

Avec la mise en culture des terres de moins en moins fertiles, un moment apparaît où le produit de la dernière terre exploitée couvre tout juste le coût du travail.

De plus, toutes choses égales d’ailleurs, l’emploi d’unités de travail supplémentaires sur une terre donnée est soumis à la loi des rendements décroissants ; à la limite, le travailleur supplémentaire ne rapportera que la quantité de blé nécessaire à sa subsistance. Le produit marginal, égal à la subsistance du travailleur, sera a la limite attribué au travailleur marginal.

Comme toutes les unités de travail sont interchangeables, tous les travailleurs toucheront des salaires égaux à ce produit marginal. Les terres infra marginales obtiendront un surplus, qui fournira les rentes et les profits.

Impact et Héritage

La théorie de la répartition chez Ricardo a influencé de manière significative le développement ultérieur de l’économie politique. Ses idées sur la rente, la valeur-travail et la répartition des revenus ont été discutées, critiquées et développées par d’autres économistes, notamment Karl Marx et John Stuart Mill. La théorie de Ricardo a également été un élément central du débat sur la justice économique et la distribution des richesses.

Conclusion

La théorie de la répartition chez Ricardo offre une perspective approfondie sur la manière dont les revenus sont répartis entre les différentes classes sociales dans une économie de marché. Les concepts clés tels que la loi des salaires de subsistance, la théorie de la rente et la valeur-travail ont contribué à façonner la compréhension de l’économie politique classique et ont continué à influencer les débats économiques modernes.

FAQ sur la Théorie de la Répartition chez Ricardo

1. Quels sont les fondements de la théorie de la répartition chez Ricardo ?

Les fondements de la théorie de la répartition chez Ricardo incluent la loi des salaires de subsistance, la théorie de la rente et la théorie de la valeur-travail.

2. Comment Ricardo explique-t-il la répartition des revenus entre les classes sociales ?

Ricardo explique que les revenus sont répartis entre les travailleurs, les propriétaires fonciers et les capitalistes, en fonction des salaires, de la rente et des profits.

3. Quelle est la relation entre la théorie de la valeur-travail et la répartition des revenus selon Ricardo ?

Selon Ricardo, la valeur d’un bien est déterminée par la quantité de travail nécessaire pour le produire, ce qui influence ensuite la répartition des revenus entre les différentes classes sociales.

4. Quel est l’impact de la théorie de la répartition chez Ricardo sur l’économie politique ?

La théorie de la répartition chez Ricardo a influencé le développement ultérieur de l’économie politique et a contribué aux débats sur la justice économique et la distribution des richesses.

5. Qui a été influencé par les idées de Ricardo sur la répartition des revenus ?

Les idées de Ricardo sur la répartition des revenus ont influencé d’autres économistes tels que Karl Marx et John Stuart Mill, qui ont discuté, critiqué et développé ces concepts.

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