Le protectionnisme repose sur l’idée que le libre-échange n’est toujours une source de croissance et de création de la richesse, dans le temps et dans l’espace.
Le protectionnisme est une doctrine économique qui a pour but de limiter l’importation ou l’accès au marché national des produits provenant de l’étranger.
Selon cette doctrine, l’échange international est considéré comme un obstacle au développement, pour faire face à cet obstacle il faut instaurer des mesures ainsi que des pratiques protectionnistes.
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Voici ce que vous allez apprendre dans cet article :
Table de matières
Les pratiques protectionnistes
Elles sont devisées en deux catégories, les barrières tarifaires et non tarifaires. Cependant, les barrières non tarifaires et les subventions sont devenues plus importantes que les barrières tarifaires.
Les barrières tarifaires
Une barrière tarifaire est une barrière douanière qui a pour objectif de limiter l’entrée des produits étrangers (les importations) sur le territoire national en pratiquant des droits de douanes sur les importations arrivant à la frontière nationale.
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Un droit de douane est un impôt sur les importations, généralement ce dernier tend à augmenter lorsque le produit importé est produit localement ou menace l’environnement, au contraire il diminue lorsque le produit importé ne peut être produit localement ou il est considéré comme stratégique (le blé et le pétrole par exemple), et lorsqu’il est rare. L’impôt sur les importations peut être forfaitaire où chaque unité importée donne lieu à une taxe, ou ad valorem soit un prélèvement d’une proportion de la valeur des importations.
Les barrières non tarifaires
Autre que les droits de douane, une barrière non tarifaire est une barrière douanière également, qui vise à limiter l’entrée des produits étrangers sur le territoire national et cela se fait en instaurant des normes (techniques, sanitaires et phytosanitaires, et de sécurité), ainsi que d’autres pratiques comme les quotas, les contingentements et les tracasseries administratives.
Un exemple des tracasseries administratives le « coup de Poitiers » :
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« Le gouvernement français a décrété en 1982 que toutes les importations devaient transiter par le petit bureau de douane de Poitiers pour qu’y soient réalisées, avec minutie, les formalités de dédouanement, créant ainsi une “fille d’attente” qui permit de rationner de façon drastique le nombre des magnétoscopes commercialisé dans le pays ».
À ces types s’ajoutent deux types de protectionnisme : le protectionnisme financier et monétaire.
- Le protectionnisme financier : il comprend les subventions à l’export, les crédits à l’exportation à taux réduits ou bonifiés, les avances plus au moins remboursables, ou encore les distordions liées aux différences des régimes fiscaux.
- Le protectionnisme monétaire : désigne la politique des autorités monétaires d’un pays à manipuler le taux de change afin de déprécier la valeur de la monnaie nationale, et par conséquent les exportations deviennent moins chères tandis que les importations deviennent plus chères, ce qui va pousser les agents économiques à ne pas importer et substituer aux produits étrangers ceux locaux. Cette mesure est appelée également « la dévaluation compétitive » largement utilisée dans les années 30, après les accros de Jamaïque en 1976, le protectionnisme monétaire est devenu plus occulte avec des moyens plus variés.
Le protectionnisme éducateur
Alexander Hamilton [1791], dans son rapport sur les manufactures, met en évidence que les entreprises naissantes ne peuvent affronter la concurrence des firmes matures, et elles doivent être protégées.
Hamilton a influencé Georg Friedrich List [1841] (système d’économie nationale), pour List, le protectionnisme engendre un surcoût légitime. En effet, la baisse des importations conduit à l’augmentation des prix de produits nationaux par rapport à produits importés auparavant, ce surcout est dit légitime car selon cet auteur car il permettra l’émergence d’une industrie nationale (voir figure 1).
Selon List, l’augmentation de la production permet de baisser les coûts unitaires les rendements d’échelles sont de ce fait croissants. L’antériorité d’une nation dans la production d’un bien, ainsi que la taille de son marché intérieur, permettent d’obtenir un avantage comparatif. « Les nations en avance auraient donc creusé un avantage perpétuel et les nations en retard ne pourraient jamais combler cet écart… »
La théorie de la protection des industries naissantes, de List, explique que ces dernières sont en effet pénalisées, face à la concurrence internationale, par le fait qu’elles ne bénéficient pas encore d’économies d’échelle suffisantes. Une protection douanière est donc nécessaire.
Protectionnisme de zone
L’idée du protectionnisme de zone vient de Jean Marcel Jeanneney [1978], selon ce dernier, l’ouverture commerciale est une source de chômage. Cette réflexion est née de son observation de ce qui ce passait à la CEE, cette dernière a subi une concurrence de la part des NPI asiatiques (Corée, Hong-Kong, Taiwan et Singapour), où les couts de productions de ces pays étaient très bas par rapport à ceux de la CEE, ce qui a engendré un chômage en raison de la concurrence des producteurs sur les coûts de production.
Selon Jeanneney, une région économique composée de plusieurs pays doit se protéger et mettre un tarif extérieur qui lui permet de laisser jouer les mécanismes de marché dans la zone protégée, ce qui permet de maintenir la production est donc l’emploi, et par conséquent, la région bénéficiera des effets multiplicateurs liés à la consommation et l’investissement.
Les consommateurs dans ce cas ne seraient pas perdants, les taxes récoltées permettent de relancer l’emploi et/ou réduire d’autres impôts. Alors que les PED auront intérêt à constituer une zone économique et privilégier cette dernière.
Maurice Allais [1990], a également été en faveur du protectionnisme au niveau européen, car le commerce entre pays dont les niveaux de développement économique et social différents ne peut qu’engendrer des inégalités et la pauvreté.
Les effets pervers du protectionnisme
- Les branches d’activité protégées ne sont plus soumises à la concurrence internationale.
Cela nuit aux consommateurs nationaux, car, sans l’aiguillon de la concurrence internationale, la qualité des produits se détériore et le prix augmente sur le long terme.
Les industriels nationaux comprennent qu’ils ont une clientèle captive obligée d’acheter leurs produits. Ils ne font donc plus d’efforts pour améliorer leur production par des investissements.
Ex : Les pays communistes étaient protectionnistes à l’égard de la production occidentale entre 1945 et 1989. A la chute du mur de Berlin, la RDA, qui possédait la meilleure industrie des pays européens communistes, proposait comme voiture la Traban, qui correspondait à une voiture occidentale des années 50. Il y avait donc un retard technologique de 40 ans. L’entreprise n’a pas survécu à l’ouverture des frontières.
- Le protectionnisme est souvent une arme pour le nationalisme.
Les régimes autoritaires (nazisme, fascisme, communisme…) sont toujours idéologiquement favorables au protectionnisme et vise l’autarcie pour ne plus dépendre des autres pays.
Ces pays développent des « ersatzs », des produits de remplacement (ex : le caoutchouc synthétique en Allemagne nazie). Le protectionnisme est donc défavorable à la paix, car les pays qui commercent entre eux sont obligés de coopérer.
- Le protectionnisme engendre le protectionnisme.
Lorsqu’un pays décide d’augmenter ses droits de douane, ses partenaires prennent souvent des mesures de représailles en augmentant les leurs.
- Pour les libéraux, des mesures protectionnistes ont des répercussions négatives sur la croissance économique.
La plupart des économistes sont hostiles au protectionnisme, car cette doctrine a plus d’inconvénients que d’avantages. En particulier, le protectionnisme limite artificiellement l’extension du marché.
Les entreprises nationales sont confinées dans un marché local étroit et ne peuvent pas se développer à l’international. Cela limite la croissance économique mondiale.
L’anthropologue Olivier Todd, dans son ouvrage « l’Illusion économique » (1999), a repris l’argumentation de List. Pour se protéger des pays à bas coûts qui utilisent un dumping social, fiscal et environnemental, l’Union européenne doit augmenter son tarif douanier extérieur pour protéger ses industries et ses classes populaires (ouvriers et employés) menacées de licenciement.
Le vote Front National en France depuis 1983 s’expliquerait par le refus de la mondialisation des classes populaires françaises menacées par les délocalisations et le chômage.
Maurice Allais, prix Nobel français d’économie (1988), d’inspiration néo-classique, a fustigé les égarements de la politique commerciale de l’Union européenne. Etre favorable au libreéchange dans un monde réel, qui connaît des coûts de production aussi disparates est une aberration économique.
Pour contrer la politique de change agressive de la Chine et des Etats Unis et lutter contre la concurrence déloyale des pays émergents à bas coûts, l’Union européenne doit augmenter son tarif extérieur douanier
Sources :
François Coulomb, Jean Longatte, Pascal Vanhove, DCG 5 Économie.
Mickael Joubert, Lionel Lorrain, Economie de la mondialisation, Armand-Colin, Septembre 2015
Y. Crozet et alii, Les grandes questions de l’economie internationale, Nathan, 1997, de l’ouvrage : François Coulomb,
Jean Longatte, Pascal Vanhove, DCG 5 Économie -Manuel et applications, edition : Dunond 2007