La microéconomie observe les comportements des agents économiques dans le cadre du marché. Il s’agit d’abord de préciser la signification de ce termes apparemment clair qui est » marché «
Table de matières
Définitions du marché
Le marché est le lieu où s’échange un bien entre vendeurs et acheteurs, et par extension l’ensemble des transactions concernant ce bien.
Un marché concurrentiel est un marché sur lequel les acheteurs et les vendeurs sont tellement nombreux qu’aucun d’eux ne peut exercer une influence significative sur les prix (Mankiw)
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Le seul sourire de la vendeuse suffit à faire échec à la concurrence (TOTO)
Au sens économique le marché est le lieu de rencontre de l’offre et de la demande ;
Les fonctions du marché
Le marché remplit plusieurs fonctions principales :
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- il établit des valeurs : le prix d’échange d’un bien sur le marché détermine sa valeur marchande.
- il permet la traduction de la production en terme de coût : compte tenu du prix et de la quantité de biens présents sur le marché, l’entreprise sait si elle doit ou non proposer ce bien aux consommateurs ( le prix doit être >= au coût de production )
- le prix assure la distribution de la production en mettant en relation les offreurs et les demandeurs du produit.
- le marché ajuste la consommation et la production : de ce fait, il rationne soit du côté de l’offre, soit du côté de la demande.
- le marché prépare l’avenir : la diminution de la profitabilité d’un produit conduit certaines entreprises à sortir du marché et à trouver d’autres produits nouveaux plus profitables.a. le problème :
Si les individus fixent eux-mêmes les prix, la modélisation du processus devient extrêmement difficile car :
- il faut faire fixer simultanément prix et quantités par les individus
- les prix seront nécessairement divers, » personnalisés « , chacun pouvant les fixer à sa guise, d’où un énorme problème de collecte et de traitement de l’information par les divers agents.
(en passant, la collecte et le traitement de l’information posent un problème spécifique étudié seulement récemment)
b. La solution :
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Les microéconomistes traitent ce problème en supposant que chaque bien a un prix unique, connu de tous.
C’est sur la base de ce prix que les contrats sont passés, les producteurs et les consommateurs étant également » preneurs de prix » [ price takers ].
Tout ceci n’est possible que si les prix sont affichés par quelqu’un, qui ne soit pas partie prenante dans l’économie envisagée, et dont les propositions de prix soient acceptées par tous.
C’est le commissaire-priseur ( ou l’ordinateur central ).
En fonction de ces prix, les offreurs et demandeurs vont déterminer leurs offres/demandes en cherchant à maximiser leur satisfaction/profit.
On suppose que les offres et demandes individuelles de chaque bien sont regroupées, puis confrontées globalement, comme cela se produit à la Bourse des valeurs mobilières.
Le commissaire-priseur fera alors varier le prix en tenant compte des différences constatées entre les offres et les demandes pour chaque bien.
Le mécanisme fonctionne donc par tâtonnements successifs [= » tâtonnement walrasien « ].
les formes du marché
Le marché, à l’origine un lieu, est essentiellement un mécanisme, un » cercle dont le centre est partout et la circonférence nulle part » [ ou l’inverse ? ]
Le marché, sans coercition, de manière complètement décentralisée, va assurer la coordination de l’ensemble des activités économiques.
Le marché est soumis à une logique interne et est censé résoudre les » trois problèmes économiques » ( Quoi , Comment , Pour qui ? ) en assurant l’équilibre général des prix et de la production :
- que produire ? ce qui va maximiser les profits des entreprises.
- c’est le système de prix qui va assurer les décisions
- comment produire ? quantité et prix des facteurs de production
- pour qui produire ? efficacité des facteurs de production
Bref » un marché est un mécanisme par lequel les acheteurs et les vendeurs d’une marchandise interagissent pour en déterminer son prix et sa quantité » [ Paul A. Samuelson ]
Ce sont les prix qui vont coordonner les décisions des producteurs et des consommateurs.
Donc, importance fondamentale des prix, toucher aux prix, c’est s’éloigner de l’optimum.
Economie de marché et Capitalisme
Nous avons tendance à concevoir le marché comme le marché d’un village, mais généralisé.
Nous avons également tendance à voir comme équivalents les termes » économie de marché » et » économie capitaliste « .
Or Fernand Braudel [ 1902-1985 » la dynamique du capitalisme » 1985 ] va distinguer plusieurs niveaux de fonctionnement de l’économie .
» tout ce qui reste en dehors du marché n’a qu’une valeur d’usage, tout ce qui en franchit la porte acquiert une valeur d’échange «
- l’économie de marché : elle est caractérisée par des échanges sans surprise, » transparents « , dont on connaît à l’avance les tenants et les aboutissants et dont on peut supputer à peu près les bénéfices toujours mesurés. Le marché d’un bourg en donne un bon exemple.
- le capitalisme : il se présente en fait comme un » contre-marché « . On cherche à se débarrasser des règles du marché traditionnel, règles souvent paralysantes. C’est une relation de marché opaque, mettant souvent en relation des agents situés dans des pays différents. Le capitalisme, c’est le sommet de l’économie marchande.
» Je me résume : deux types d’échange; l’un terre à terre, concurrentiel, puisque transparent; l’autre supérieur, sophistiqué, dominant « .
La microéconomie raisonne plutôt sur l’économie de marché » au sens braudélien.
La Concurrence pure et parfaite
a. les conditions :
L’existence de la concurrence suppose plusieurs conditions remplies :
Concurrence » pure «
- nombre » suffisant » de vendeurs et d’acheteurs : c’est l’atomicité du marché ( intérêt : aucun intervenant ne peut modifier seul l’équilibre du marché )
- le prix est une donnée qui s’impose à tous les acteurs, un facteur exogène
- un paradoxe : le comportement de l’ensemble des offreurs et demandeurs va déterminer le prix du marché.
- homogénéité du produit et identité des participants au marché aucun vendeur/acheteur n’a une taille » nettement supérieure » aux autres
- libre entrée/sortie
- parfaite mobilité des ressources permettant de produire
Concurrence » parfaite «
- transparence du marché [ prix et qualité ( homogénéité ) des biens ] l’information est parfaite. En conséquence il n’existe qu’un prix d’équilibre du marché
- mobilité du travail et du capital
Alors des mécanismes existent qui vont égaliser ( équilibrer ) l’offre et la demande.
b. le marché est supposé myope.
Lorsque l’individu est face à un prix,
- il peut l’interpréter comme un indicateur, un » signal » sur l’état respectif des offres et des demandes des autres individus;
- il peut également chercher à tirer partie de cette information, en spéculant au lieu de chercher à maximiser son utilité/profit actuel.
L’individu a également la possibilité d’établir des stratégies face à des problèmes d’approvisionnement et/ou de débouchés, d’où un comportement rationnel à ce moment ( stockage, campagne de publicité ). Son comportement ne peut alors être réduit à la simple maximisation.
Les premiers microéconomistes ont tendance à réagir à cette difficulté en supposant la » myopie » des ménages et des entreprises.
c. le système complet de marchés.
Les prix affichés concernent tous les biens intervenant dans la fonction d’utilité et de production. Mais certains de ces biens peuvent être des biens futurs : on peut appliquer à un même objet des prix différents selon qu’il est disponible maintenant, ou en t1, en t2, …………
Dans ces conditions, et dans ces conditions seulement, va fonctionner la » main invisible » de Adam Smith.
Les autres formes de marché
La typologie des marchés :
Offreurs
——————-
DemandeursMonosituation Oligosituation Polysituation Polysituation imparfaite Monosituation monopole bilatéral monopole contrarié monopsone monopsone imparfait Oligosituation monopole contrarié oligopole bilatéral oligopsone oligopsone imparfait Polysituation monopole pur oligopole pur concurrence parfaite concurrence imparfaite polysituation
imparfaite monopole imparfait oligopole imparfait concurrence imparfaite concurrence doublement imparfaite
Eléments fondamentaux de l’offre et la demande
La courbe de demande
a. l’influence du prix
On fait varier le prix de la marchandise considérée, tout en gardant constant le revenu monétaire, les goûts du consommateur et le prix des autres marchandises.
On raisonne ainsi » touches choses égales par ailleurs » = ceteris paribus. [ si l’un quelconque de ces facteurs se modifie, la courbe de demande toute entière se déplace. Il s’agit alors d’un changement des conditions de la demande, par opposition à un changement de la quantité demandée, qui est un mouvement le long de la même courbe de demande ]
P.A. Samuelson prend ainsi l’exemple de la demande de blé en fonction du prix affiché.
La courbe obtenue est la somme des demandes individuelles pour chaque prix ( cf. la Bourse ).
Il faut donc bien distinguer entre la demande et la quantité demandée : la demande décrit le comportement des acheteurs pour tous les prix. La demande n’est donc pas une quantité particulière ( une quantité donnée de boisseaux de blé par exemple ) mais une description complète de la quantité de blé susceptible d’être achetée pour chacun des prix possible.
Qu’est ce qui lui donne cette forme : QD = f(p) et dQD/dp < 0
La dérivée négative exprime la relation négative entre prix et quantité demandée.
L’exemple bien connu des ordinateurs PC ou des automobiles illustre bien l’effet d’une décroissance du prix sur la demande.
Deux phénomènes bien connus vont jouer :
- un effet de substitution : si le prix d’un bien monte, on tend à lui substituer d’autres biens dans la mesure du possible; et inversement.
- un effet de revenu : si le prix d’un bien monte, le consommateur est plus pauvre qu’auparavant. Il tend donc à diminuer sa consommation globale, y compris la consommation du bien dont le prix augmente.
Est-ce aussi simple ? accroissement du prix du pain au XIX° fait croître la demande de pain.
On peut ainsi distinguer des marchandises » ordinaires » [ si le revenu augmente, la demande augmente ] et des marchandises » inférieures » [ si le revenu augmente, la courbe de demande se déplace vers le bas ]
b. les variations de la demande
Le prix de l’essence ou du billet d’autobus va faire croître la demande de billets de métro demandée pour chacun des prix possible. Ceci parce que ces services sont substituables.
En même temps essence et voitures particulières sont complémentaires : une hausse du prix de l’essence tend à réduire la demande d’automobiles.
Par ailleurs le revenu des consommateurs, ou leurs goûts, peuvent également varier, ce qui va influencer la demande.
Bref, les courbes de demande évoluent parce que les facteurs qui influencent la demande évoluent. Il s’agit, pour résumer ces facteurs :
- Du niveau moyen de revenu
- Du prix et de la disponibilité des biens liés ( substituables / complémentaires )
- Des goûts individuels et influences particulières.
Il faut alors distinguer les mouvements le long d’une courbe de demande donnée et les déplacements de la courbe de demande elle-même :
- la courbe de demande est tracée ceteris paribus
- le déplacement de la courbe est dû à la variation d’un des éléments supposés égaux par ailleurs.
Ainsi un accroissement du revenu des consommateurs va faire croître la demande pour un prix inchangé ( cf. courbe ci-dessus ).
Par contre il n’y aura pas d’effet sur l’incitation à offrir des producteurs puisque leur offre est fonction du prix.
Le point d’équilibre en sera cependant modifié.
c. critique de la courbe de demande
Pour justifier d’une loi de l’offre et de la demande, il est absolument nécessaire de concevoir simultanément une courbe de l’offre et une courbe de demande.
- La courbe d’offre indique le prix minimal auquel les producteurs consentiront à fabriquer telle ou telle quantité d’une marchandise
- La courbe de demande indique la quantité maximale qui sera achetée à tel ou tel prix
Dans la théorie classique, le point de rencontre des deux courbes est déterminé par le coût de production, déterminé objectivement par la quantité de travail, et dépendant donc exclusivement des conditions de production
Dans la théorie néoclassique, aucune détermination de ce genre ne peut exister, puisque le coût de production est conçu comme l’addition de prix, prix eux-mêmes déterminés par la relation entre l’offre et la demande.
La courbe de l’offre
Il s’agit de la quantité d’un bien que les entreprises souhaitent produire et vendre.
a. les facteurs qui influencent l’offre
Qo = f (p) et dQO/dp . > 0
Pourquoi cette pente ( dy / dx ) croissante ?
- La loi des rendements décroissants intervient.
- L’objectif des entreprises est le profit, si le prix augmente, la rentabilité augmente
- Les coûts de production : en dessous d’un certain prix, les coûts de production lui deviennent supérieurs.
les progrès techniques vont intervenir ici.
il en va de même pour les prix des facteurs de production
- les prix des biens substituables : la baisse du prix d’un bien provoquera la hausse du prix d’un autre, et vice versa.
- l’organisation du marché ( droits de douane, monopole, … )
b. le déplacement de l’offre
Comme pour la demande, on raisonne ceteris paribus, on fait uniquement varier le prix du produit, les autres facteurs ne changent pas :
- la technologie, prise dans un sens très large : tout le savoir-faire relatif aux méthodes de production.
- l’offre de biens intermédiaires nécessaires à la production de la marchandise ( moyens de production )
- pour les produits agricoles, les conditions météorologiques, restant identiques
- la réglementation des pouvoirs publics
Le long d’une courbe d’offre donnée, la technologie, les prix des moyens de production et l’étendue des réglementations gouvernementales sont inchangées.
Ainsi l’offre d’une marchandise varie quand les variables autres que celle de son propre prix se modifient. L’offre augmente ( diminue ) si la quantité offerte augmente ( diminue ) pour chaque prix du marché.
Supposons un progrès technique dans la fabrication des automobiles : pour un même prix de vente le coût sera plus faible et la production plus importante : l’ensemble de la courbe d’offre se déplace.
Equilibre entre l’offre et la demande
Les marchés libres laissent aux seules forces de l’offre et de la demande le soin de déterminer les prix.
A un certain prix, l’offre et la demande s’égalisent, c’est dire que tous les » ordres » d’offre et de demande sont exécutés, la » liquidation » des carnets de commande est réalisée, les demandeurs et les offreurs sont satisfaits.
Au prix d’équilibre, il n’y a ni excédent ni déficit.
Une situation d’équilibre est stable si une déviation quelconque nous éloignant de l’équilibre met en jeu sur le marché des forces qui nous ramènent vers l’équilibre.
On peut utiliser les courbes pour prévoir les conséquences des changements des conditions économiques concernant les prix et les quantités.
Ainsi, les variations des facteurs influant sur la demande ou sur l’offre ( progrès techniques, accroissement du prix des facteurs, … ) entraînent des déplacements d’offre et/ou de demande, et des modifications de l’équilibre de marché du prix et de la quantité.
Donc l’offre et la demande peuvent se déplacer.
Mais on peut également, et c’est différent, se déplacer le long des courbes d’offre et de demande
a. déplacement de l’offre
Si l’offre se déplace vers la gauche, de SS en S’S’ [ offre plus faible pour un prix donné, par exemple à la suite d’une mauvaise récolte ], un déficit va apparaître au prix d’origine. On fera monter le prix jusqu’à ce que, au nouvel équilibre E, les quantités volontairement échangées soient égales.
A l’inverse, si une baisse des prix accroît l’offre, la courbe d’offre se déplace vers la droite.
b. déplacement de la demande
On peut supposer ici que les revenus s’accroissent, faisant augmenter la quantité demandée pour un prix donné. La courbe de demande se déplace à droite de DD en D’D’.
Le changement de la demande va se traduire par un accroissement des prix, le prix d’équilibre se faisant maintenant en E’.
Attention :
Il ne faut pas confondre une variation de la demande ( qui se traduit par un déplacement de la courbe de la demande ) avec une variation de la quantité demandée, qui se traduit par un déplacement le long de la courbe de demande, et qui signifie, à la suite d’une variation de prix, se déplacer jusqu’à un certain point sur la même courbe de demande.
- à gauche, un déplacement de la demande : le déplacement de la courbe DD donne naissance à un nouveau prix d’équilibre E’ correspondant à 15 unités échangées
- à droite, un déplacement de l’offre se traduit par un mouvement de E en E’ le long de la courbe de demande.
Bien sur, la quantité achetée doit toujours être égale à la quantité vendue, en ce sens il y a toujours » équilibre « , mais ce n’est que par le jeu du marché que cet équilibre est stable, car acheteurs et vendeurs sont alors satisfaits de leurs décisions.
- Exemple : le Pape et le prix du poisson :
Jusqu’en 1966, les catholiques romains n’avaient pas le droit de manger de la viande le vendredi et avaient tendance à manger à la place du poisson. En 1966 le Pape décréta la possibilité pour les catholiques de manger de la viande le vendredi.
Comment va évoluer le prix du poisson ?
l’équilibre passe de E à E’, car la demande varie de D à D’ ( diminution de la consommation de poisson pour un prix donné ).
L’intervention des pouvoirs publics
Des actions gouvernementales peuvent déplacer les courbes de demande et d’offre, même sans chercher à modifier les prix directement.
Prenons l’exemple du contrôle des prix : on n’a plus l’ajustement offre-demande par le mouvement du prix pour équilibrer le marché.
Supposons que l’Etat fixe un prix plafond pour les produits alimentaires :
On aurait alors la représentation graphique suivante :
Le prix d’équilibre du marché libre ( P0 ) est très élevé.
Le gouvernement fixe un prix plafond P1. La quantité vendue est alors Q1 et la demande excédentaire est AB.
Le prix plafond crée alors une insuffisance d’offre par rapport à la demande, insuffisance égale à AB.
Cependant certains » pauvres » pourront maintenant acheter des produits alimentaires au prix P1 alors qu’ils ne pouvaient le faire au prix P0.
Mais la demande totale est réduite de Q0 à Q1.
De plus, comme il existe une demande excédentaire au prix plafond P1 , il faudra instituer une forme de rationnement pour déterminer les acheteurs potentiels qui seront réellement approvisionnés.
Si cette politique est menée sur une longue durée, d’autres effets peuvent se produire.
Prenons l’exemple du prix plafond des logements :
a) dans un premier temps on suppose une courbe d’offre très pentue ( SS ). Une réduction des loyers de R0 à R1 n’apporte qu’une très faible modification de la quantité de locaux mises en location.
b) cependant, à mesure que le temps s’écoule, certains propriétaires réagissent à la baisse de loyer en reprenant leurs locaux ou en les vendant. La courbe d’offre devient plus plate ( on passe de SS à S’S’ ). Le loyer contrôlé R1 aboutit maintenant à une forte réduction de la quantité de logements à louer qui se fixe maintenant à Q2.