Le marché de concurrence pure et parfaite soit un marché utopique qui ne se rapporte nullement à la réalité, un grand nombre d’auteurs considèrent qu’il constitue un passage obligé pour la compréhension de toutes les autres structures réalistes.
Léon Walras écrivait à ce propos: «…Nous supposerons toujours un marché, parfaitement organisé sous le rapport de la concurrence, comme en mécanique où on suppose d’abord les machines sans frottement »
Table de matières
Définition du Marché de Concurrence Pure et Parfaite
Selon Dominick SALVATORE « On dit d’un marché qu’il est en concurrence parfaite s’il y a un grand nombre de vendeurs et d’acheteurs de la marchandise, chacun d’eux étant trop peu important pour affecter le prix de la dite marchandise, les productions de toutes les entreprises sur le marché sont homogènes, il y a une parfaite mobilité des ressources et les consommateurs, les propriétaires des ressources et les entreprises sur le marché ont une connaissance parfaite des prix et des coûts présents et à venir »
Ainsi, selon Jonathan HAMILTON et Al « un marché de concurrence pure est caractérisé par le fait qu’il y a un prix de marché, payé par tous les acheteurs et reçu par tous les vendeurs et qu’aucun agent sur le marché ne peut individuellement agir sur ce prix. A chaque acheteur et chaque vendeur correspond une part de marché beaucoup trop petite pour que leurs actions influencent le prix du marché».
Lire Aussi: Comment gérer les réunions de projet de manière productive
Dans se sens, le marché est dit en concurrence pure et parfaite que s’il respecte la réunion d’un certains nombre de caractéristiques qui le détermine totalement.
Caractéristiques et Hypothèses du marché de concurrence pure et parfaite
La concurrence pure et parfaite est «un modèle économique d’un marché possédant les caractéristiques suivantes: chaque agent économique agit comme si les prix étaient des données, le produit est homogène, les ressources sont parfaitement mobiles, ce qui signifie notamment la libre entrée et sortie des entreprises et tous les agents économiques du marché disposent d’une connaissance complète et parfaite».
On distingue généralement les hypothèses qui reflètent la «pureté» et celles qui reflètent la «perfection».
Lire Aussi: Organizational Ecology Theory: The Life Cycle of Organizations
Pureté de la concurrence
– Atomicité des acteurs :
l’hypothèse de l’atomicité suppose l’existence d’un très grand nombre d’offreurs et de demandeurs sur un marché qui sont tous de petite taille mais équivalente.
Chacun d’entre eux est infiniment petit par rapport à la dimension du marché (tels les atomes d’un corps), de telle sorte qu’aucun vendeur ou acheteur n’a le poids suffisant pour exercer une influence sur les conditions du marché et notamment le prix d’équilibre.
Lire Aussi: How to Calculate Internal Rate of Return
Cela nous permettra de dire que toute variation de prix de la part d’une entreprise typique n’affectera d’une manière sensible le bon fonctionnement du marché (c’est exactement l’effet d’une goute d’eau dans la mer).
De même, chaque acheteur a une taille tellement réduite qu’elle ne lui permet en aucun cas, de façon autonome d’exercer un pouvoir ou bénéficier d’un avantage (réduction, crédit..).
Ainsi, dans un marché de concurrence pure et parfaite, personne n’est dominant, et puisque le prix est déterminé par le jeu de l’offre et de la demande, chacun des agents «prend et subit le prix déterminé par le marché (on dit qu’il s’agit d’un preneur de prix, d’un Price-taker»
– homogénéité du produit :
tous les produits offerts sur le marché doivent être parfaitement homogènes et comparables. Cela signifie que les entreprises offrent exactement les mêmes produits.
Autrement dit, les acheteurs doivent être incapables de faire une distinction entre les productions de diverses entreprises (les biens sont parfaitement interchangeables et substituables).
De même, il est non autorisé aux entreprises de se différencier des concurrents, et toutes les offres échangées sur le marché doivent être standardisés (pas de marque pas de publicité, pas d’emplacement…).
Les produits ont les mêmes valeurs intrinsèques et extrinsèques «Sinon certains acheteurs pourront s’attacher à un vendeur qui offre un produit présentant une caractéristique particulière. L’unité du marché sera brisé et la perfection de la concurrence sera réduite».
Sur un marché de concurrence pure et parfaite, les vendeurs sont indifférents à l’identité des acheteurs, également les acheteurs sont indifférents à l’identité des vendeurs.
Autrement dit, pas de relationnel sur cette structure de marché. Enfin, toute atteinte à la condition d’homogénéité conduit à une autre forme de marché qui est la concurrence monopolistique.
– liberté d’entrée et de sortie du marché :
Selon cette hypothèse, tout acteur (producteur ou consommateur) désirant intervenir sur un marché donné, ne doit être confronté à des barrières et à des réglementations ni à son entrée, ni à son sortie. L’accès au marché doit être parfaitement libre.
Toute sorte d’entraves que se soit juridique ou institutionnel doit être exclues de telle manière que «les entreprises peuvent entrer sans coûts sur un marché concurrentiel s’il existe des opportunités de profit et en sortir si elles y subissent des pertes».
Ainsi, cette condition renvoie aussi à la mobilité des ressources et à la malléabilité du capital. L’offre et la demande sont parfaitement fluides et les entreprises puissent se déplacer librement d’une branche d’industrie à une autre en fonction des perspectives du profit et d’utilité.
Par exemple «Si une industrie est moins rentable, les facteurs de production doivent pouvoir aller vers une autre activité plus florissante». Autrement dit, toute entreprise opérant dans un marché de concurrence parfaite, peut continuellement se diriger là où elle peut tirer les meilleurs résultats.
En résumé, «la parfaite mobilité exige que de nouvelles entreprises (ou un nouveau capital) puissent pénétrer dans une branche industrielle et la quitter sans grandes difficultés. Si des brevets et des droits de reproduction sont nécessaires, l’entrée n’est pas libre. De même si le coût moyen s’abaisse sur une large gamme de niveau de production, les producteurs déjà installés auront des avantages de coûts qui rendront l’entrée difficile».
Le marché de concurrence pure et parfaite est décidemment un marché virtuel quasi-parfait.
La perfection de la concurrence
– La transparence :
pour que la concurrence soit parfaite, tous les agents, tant offreurs que demandeurs ainsi que les propriétaires des ressources, doivent connaitre parfaitement le marché. Les informations sont connues par tous dans le marché. «Cela suppose que chaque participant au marché soit parfaitement renseigné sur les prétentions des autres.
Autrement dit, la connaissance des conditions du marché soit parfaite». Cela veut dire que toute entreprise connait parfaitement la fonction de production des entreprises concurrentes.
Cette hypothèse suppose une parfaite circulation de l’information sur les prix présent et avenir, les coûts et l’état du marché. D’une manière générale les acheteurs et les vendeurs y compris les nouveaux arrivants potentiels doivent pouvoir connaitre à tout moment en toute garantie et gratuitement tous les prix proposés et les quantités offertes et demandées par les différents acteurs.
En effet «si les consommateurs ne connaissent pas entièrement les prix, il se peut qu’ils achètent à des prix plus élevés alors qu’ils pourraient acheter à des prix plus bas. Il n’y aura pas alors de prix unique sur le marché», ce qui n’est plus le cas pour un marché de concurrence pure et parfaite où il ne peut y avoir qu’un prix unique et stable.
Enfin, «dans son sens le plus plein, la transparence exige une parfaite connaissance du future comme du présent. En l’absence de cette omniscience, la concurrence parfaite ne peut exister ».
– Liberté de prise de décision :
la petitesse des offreurs et des demandeurs supposée dans la condition d’atomicité, fait en sorte qu’une indépendance totale des décisions existe entre tous ceux qui se présentent sur le marché.
Ce qui exclue l’existence de toute forme d’entente ou de collusion que ce soit entre offreurs ou demandeurs. Chaque participant se présente individuellement, de telle sorte qu’il y a absence de position dominante, de syndicat ou de groupes de pression.
– Absence de coûts de transport :
la concurrence parfaite suppose que n’importe quel offreur ou demandeurs ne soit gêné par la distance géographique et les frais de transport. Du coté des demandeurs, on peut se baser sur deux hypothèses: ou bien les moyens de transport sont gratuits, ou bien toutes les entreprises s’éloignent de tous les consommateurs de la même distance.
Ainsi, tout producteur qui se trouve à proximité du port par exemple, ne peut prétendre avoir plus d’avantages que les autres puisqu’il y a absence de coûts de transport.
La formation des prix en situation de concurrence pure et parfaite
À court terme, le prix est fixé par le marché et les offreurs produisent jusqu’à ce que le coût marginal égalise ce prix. À long terme, quel est le raisonnement du demandeur ? Pour lui, un bien utile a plus de valeur qu’un bien inutile et il est prêt à payer un prix élevé pour obtenir le bien utile ; il peut se voir proposer ensuite un deuxième bien identique mais il sera disposé à l’acheter à un prix moins élevé que le précédent car il lui est moins utile. Et ainsi de suite. Ce constat a donné naissance à la loi de l’utilité marginale décroissante développée par les néoclassiques. La demande évolue donc dans le sens inverse du prix d’un bien.
Les offreurs constatent qu’il est possible de réaliser un profit sur un marché ; ils vont développer leur production pour augmenter leur profit, en investissant dans des équipements plus performants pour diminuer le coût moyen de production. De nouveaux offreurs sont attirés par le marché. Donc l’offre augmente et le coût moyen minimum baisse.
À un certain moment, le coût moyen minimum ne peut plus baisser. Les producteurs vont produire jusqu’à ce que le prix d’équilibre atteigne le coût moyen minimum ; au-delà, ils réalisent une perte.
Donc à long terme : Prix = Coût moyen minimum = Coût marginal
L’analyse néoclassique repose sur les hypothèses suivantes : le producteur recherche le profit maximum, les rendements sont croissants puis décroissants et le marché est un marché de concurrence pure et parfaite.
L’équilibre en marché de concurrence pure et parfaite
Sur un marché de concurrence pure et parfaite, la détermination de l’équilibre se fait exclusivement par la confrontation entre l’offre globale et la demande globale.
Du coté de l’offre, on parle d’une fonction croissante du prix, cela veut dire que le producteur se trouve incité et encouragé à produire davantage quand le prix de vente augmente. Au contraire, la baisse des prix conduit généralement les producteurs à réduire les quantités fabriquées.
La demande quant à elle, varie au sens inverse de l’offre. Il s’agit d’une fonction décroissante du prix, c’est ce qu’on appelle la réaction opposée des vendeurs et acheteurs face à la variation du prix du marché. (La loi de l’offre et de la demande).
Confrontation entre Offre et Demande En CPP
Or, sur le marché de concurrence pure et parfaite, la demande est qualifiée comme parfaitement élastique, c’est-à-dire qu’elle varie d’une proportion très importante par rapport à la variation des prix.
Ceci étant, l’équilibre sur le marché de concurrence pure et parfaite se détermine par l’intersection entre la courbe décroissante de la demande et la courbe croissante de l’offre.
C’est cette intersection qui déterminera le prix et la quantité d’équilibre. Pour que ce point d’intersection –dont on suppose l’unicité et la stabilité- soit un point d’équilibre, il faut faire la double hypothèse:
- les échanges ne se font effectivement qu’à l’équilibre ;
- l’existence du commissaire priseur ;
En se basant sur ces deux hypothèses, le processus se réalise comme suit:
D’abord, les demandeurs et les offreurs arrivent sur le marché sans avoir pris leurs décisions de consommation et de production puisque les quantités offertes et demandées dépendent d’un prix d’équilibre qui n’est pas encore établit.
Ensuite, une fois le marché ouvert, le commissaire priseur qui est un observateur impartial du processus d’échange, annonce un prix pour le bien considéré. Donc, sur la base de la transparence qui caractérise le marché de concurrence pure et parfaite, ce prix annoncé sera connu par tous les offreurs et les demandeurs.
Puis, après avoir appliqué ce prix à leur fonction d’offres, les producteurs décident la quantité qu’ils pourront offrir. Egalement les demandeurs communiquent la quantité qu’ils ont décidé d’acheter.
Enfin, si l’offre et la demande coïncide, le prix annoncé est dit prix d’équilibre. À ce moment, les transactions s’effectuent. Sinon, le commissaire priseur annonce un autre prix et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’il trouve le prix d’équilibre.
Toutefois, la question qui se pose à ce niveau est la suivante: comment une firme en situation de concurrence pure et parfaite déterminera l’échelle de production qui lui permettra de maximiser son profit que ce soit à court ou à long terme ?
L’équilibre de l’entreprise à court terme
À court terme, on suppose généralement que le facteur capital est fixe. Dans ce cas les courbes de coût total, coût moyen et coût marginal obéissent à la loi des rendements non proportionnels.
Par ailleurs, nous supposons que le nombre d’entreprises opérant dans la branche est constant à court terme. Ceci étant dit, et étant donné que les conditions d’équilibre sont déduites des courbes d’offre et de demande, il faut voir quelle forme prendra, en courte période, la courbe de demande à l’entreprise et comment la fonction d’offre se déduit-elle de la fonction de coût.
Sur un marché concurrentiel, le prix se détermine par la confrontation de l’offre globale et de la demande globale. Un producteur isolé n’a donc aucun intérêt à fixer un prix pour son produit qui soit inférieur ou supérieur à celui du marché. En d’autre terme, cela signifie que le prix du marché se trouve imposé à tous les agents économiques (Producteurs et consommateurs).
Les entreprises peuvent ainsi calculer leur recette totale en multipliant leurs quantités offertes avec le prix du marché. Puisque les profits totaux sont égaux à la différence entre les recettes totales et les coûts totaux, il suffit alors à l’entreprise rationnelle de déterminer une échelle de production telle que le profit soit maximum.
Exemple : Le tableau nous donne le prix du marché (P), la quantité produite (X), la recette totale (RT), le coût total (CT) et le profit total (Π).
Tableau : Les quantités et les profits réalisés
Le graphique suivant retrace l’évolution de la recette totale et du coût total de l’entreprise.
Le profit total est maximum lorsque la recette marginale est égale au coût marginal. La recette marginale est définie par la pente de la fonction de recette totale. Elle est donc constante, d’où on déduit qu’en situation de concurrence pure et parfaite, la courbe de recette moyenne est confondue avec celle de la recette marginale.
Par contre, le coût marginal varie en chaque point de la courbe du coût total. Par conséquent, il y aura extremum aux points où les tangentes à la courbe de coût total sont parallèles à la courbe de recette totale. On voit ainsi qu’au point X0=100, il y a perte maximale; et au point X1=650, il y a profit maximum.
Par conséquent l’égalité Coût marginal = Recette marginale n’est pas suffisante pour dégager la quantité qui maximise le profit. Il faut donc bien vérifier qu’il s’agit bien d’un profit maximum et non pas d’une perte maximale.
Sur le graphique 1, lorsqu’on se déplace de X0=100 vers X1=650, la pente de la courbe de coût total diminue puis augmente, alors que la pente de la recette totale reste constante. Le critère de maximisation du profit implique donc deux conditions:
– Il faut que la recette marginale soit égale au coût marginal.
– Il faut que la pente de la courbe de coût marginal soit positive.
Mathématiquement, si on pose le profit : Π = RT – CT, et sachant que RT = f(x) et CT = g(x) (X est la quantité produite), alors la maximisation du profit implique deux conditions:
– Condition de premier ordre:
La relation [1] signifie que le profit est maximum lorsque la recette marginale est égale au coût marginal.
– Condition de second ordre:
Puisque la recette marginale est constante (car le prix est constant), on a :
Par conséquent :
La relation [2] signifie qu’à l’équilibre optimum (profit maximum), la pente du coût marginale est positive, c’est-à-dire que le coût marginal est croissant.
Considérons maintenant une fonction de coût total continue et dérivable, et traçons les courbes de coût moyen et de coût marginal.
L’égalisation de la recette marginale et du coût marginal (condition de premier ordre) nous donne deux solutions : X0 et X*. Toutefois, la solution X0 ne répond pas à la condition de second ordre de maximisation du profit. Par conséquent, seule la solution X* est optimale X*, car elle répond aux deux conditions de maximisation du profit (relations [1] et [2]).
À ce niveau de production le profit est égal à la surface hachurée (surface P*ABC). Si le prix venait à baisser, l’équilibre de l’entreprise se réaliserait avec des profits inférieurs. Toutefois, nous verrons que l’entreprise ne peut continuer à produire si le prix du marché venait à baisser au-dessous du minimum du coût variable moyen (à court terme).
l’équilibre de l’entreprise à long terme
En longue période, toute entreprise installée sur le marché voit ses différents facteurs de production devenir variables, et peut donc bénéficier d’économies internes ou externes d’échelle.
De même si la situation de courte période permet l’existence de profits « anormaux », étant donné qu’il n’y a pas de barrières à l’entrée du marché, le nombre d’entreprises opérant sur ce dernier est susceptible d’augmenter. Ce qui, éventuellement, contribue à l’accroissement de l’offre globale, et si la structure de la demande reste identique, alors le prix d’équilibre diminue et le profit réalisé en courte période se voit disparaître progressivement.
Bref, dans un premier temps, l’entreprise en place sur le marché établira ses coûts moyens et marginaux en fonction du niveau de prix du marché espéré et choisira la taille de son équipement ainsi que le taux d’utilisation de celui-ci de façon à obtenir le profit maximum. Supposons que l’entreprise connaisse toutes ses possibilités de production et de coûts de longue période, et supposons que le prix P* du marché se situe à un niveau tel que celui du graphique 4.
Dans ce cas, l’entreprise égalise le prix du marché au coût marginal de longue période et produit donc la quantité X*. On ne doit pas s’étonner de constater qu’une courbe de coût marginal de courte période coupe également le point A. Cela tient simplement au fait que l’on a représenté la fonction de coût de longue période à l’aide d’une courbe continue.
Sur le graphique 4, c’est la courbe de courte période n°4 qui répond à cette condition. Par ailleurs la verticale AX* passe par le point de tangence entre le coût moyen de longue période et le coût moyen de courte période. On peut avancer qu’au prix P*, l’entreprise produira une quantité X* en utilisant réellement la technologie n°4 (puisque celle-ci permet bien de procurer à l’entreprise le profit maximum).
Cette situation profitable ne durera cependant pas puisque de nouvelles entreprises vont être incitées à s’introduire dans la branche, et par conséquent, elles vont contribuer à augmenter l’offre, réduire le prix du marché et réduire finalement les profits.
Supposons que l’entrée de nouvelles entreprises dans le marché soit telle que la fonction d’offre se déplace de 00 à 01. Le prix du marché tombe alors de P0 à P1. Ce nouveau prix ne couvre pas le coût moyen et ne peut donc être un prix d’équilibre pour l’entreprise.
En effet, si en courte période, on peut admettre que le prix peut tomber au-dessous du minimum du coût moyen. En revanche, en longue période cela n’est plus possible car les entreprises doivent amortir l’équipement et rémunérer leur capital.
Un certain nombre de firmes devra donc quitter la branche et l’équilibre se réalisera lorsque le nombre d’entreprises qui restera sera tel qu’il n’y aura plus de profits ʺanormauxʺ, mais également tel que chacune d’elles recevra un taux de profit ʺnormalʺ incorporé dans la fonction de coût. Sur les graphiques 5(A) et 5(B), cet équilibre se réalisera lorsque le prix sera égal à P2.
D’autre part, nous avons supposé jusqu’à présent que toutes les firmes produisaient dans les mêmes conditions de coût. Or, dans la réalité, il se peut que des entreprises ne soient pas toutes semblables, et que certaines soient avantagées par rapport à d’autres.
L’équilibre de longue période est obtenu lorsque le prix du marché couvre juste le coût moyen minimum de long terme de l’entreprise la moins bien placée, c’est-à-dire la moins rentable, mais dont la production reste cependant nécessaire pour satisfaire la demande totale du marché.
C’est le cas dans le graphique 6(B) de l’entreprise de type III qui est dite ʺentreprise marginaleʺ car sa survie demeure nécessaire pour que le niveau de production soit réellement égal à X*. ʺL’entreprise marginaleʺ couvre juste ses coûts de longue période et ne réalise donc pas de ʺsurprofitsʺ c’est-à-dire des ʺprofits anormauxʺ.
En revanche, les entreprises de type II et I réalisent des ʺsurprofitsʺ puisqu’elles opèrent dans des conditions de coût plus avantageuses. En fait, on ne peut guère utiliser ici le terme de profit car ces situations favorables ne sont souvent pas imputables à un effort spécial d’innovation de la part des entreprises qui en bénéficient.
Si donc les entreprises tirent avantage de situations géographiques favorables, ou de toute autre situation qui ne leur a exigé aucun effort particulier, on parlera alors de ʺrenteʺ ou de ʺquasi-renteʺ pour souligner le caractère exceptionnel de ce résultat. Enfin, si la demande totale du marché diminue, les entreprises de type III quitteront le marché et les entreprises de type II ou d’un type intermédiaire deviendront marginales.
En définitive, il faut retenir qu’en situation de concurrence pure et parfaite, les agents économiques ont un comportement d’adaptation par les quantités. Celles-ci représentent donc leur seule variable d’action. Par ailleurs la situation de déséquilibre est exclue dans le cadre de la concurrence où l’échange ne se fait en principe qu’à l’équilibre. Néanmoins, cette situation peut être remise en cause dès le moment où on s’interroge sur l’existence concrète de l’agent du marché c’est-à-dire du fameux «commissaire-priseur».
Dans ce sens des auteurs contemporains tels que R.-W. Clower, A. Leijonhfvud, etc… , ont cherché à développer une analyse en termes de déséquilibre. La théorie du déséquilibre cherche à prendre en compte l’information incomplète pour se rapprocher de la réalité (voir notamment : J.-P. Giran, ʺRecherche d’information et déséquilibreʺ, Economica, 1979).
Bref, à partir du moment où on considère qu’il n’y a plus de secrétaire du marché pour annoncer le prix d’équilibre et faire en sorte que les échanges aient lieu effectivement, il faut alors admettre que les prix sont fixés, au moins pour une certaine période, par les entreprises. Evidemment dans ce cas, ce serait un miracle que les prix ainsi proposés soient les prix d’équilibre en présence de l’agent du marché.
Les avantages de la concurrence pure et parfaite dans la vision néoclassique
La théorie de la concurrence pure et parfaite a été élaborée dans le cadre des hypothèses néo-classiques qui débouchent sur l’équilibre de Walras et Pareto.
En effet, le modèle décrit précédemment permet de montrer l’existence d’un système de prix qui égalise les offres et les demandes globales. À ces prix, les plans des agents sont compatibles entre eux et peuvent se réaliser. On dit qu’il y a équilibre général (Walras).
Dans ce cas, un théorème affirme que tout équilibre concurrentiel sera forcément un optimum de Pareto. Il s’agit d’une situation dans laquelle on ne peut pas améliorer la situation d’un individu sans détériorer celle d’au moins un autre individu dans une proportion égale ou supérieure.
Cette situation d’équilibre « Pareto optimal » en concurrence pure et parfaite est considérée comme une situation idéale vers laquelle il faut tendre pour les néoclassiques.
De manière pratique, les entreprises sont incitées à abaisser leurs coûts en combinant au mieux leurs facteurs de production pour obtenir un profit maximal. Sur un tel marché, les demandeurs peuvent se procurer des biens et services à un prix plus bas que ceux proposés sur d’autres types de marché. Un plus grand nombre de demandeurs peut donc être satisfait. Enfin, ce marché de concurrence stimule l’innovation destinée à mieux répondre aux besoins du client.
Cependant, le modèle de la concurrence pure et parfaite exclut toute incertitude et toute anticipation de la part des agents… spéculation et faillites ne devraient pas exister.
« La réalité contemporaine est loin de la situation de concurrence pure et parfaite. Seule économie de marché généralisée, l’économie capitaliste contemporaine est soumise à des transformations profondes : l’accroissement de la dimension des entreprises ; l’attribution de droits aux salariés, ce qui modifie la physionomie d’ensemble de la régulation marchande ; et une intervention publique complexe et multiforme. Ceci dit, le modèle néoclassique revêt un grand intérêt, y compris pratique : son caractère générique lui permet de servir de base à la modélisation d’une infinité de situations proches de la concurrence parfaite, par exemple quand de nombreuses PME s’emparent d’une technologie naissante dans la Silicon Valley, ou encore lorsque les entreprises utilisent le Web pour acheter et vendre. Enfin, justement parce qu’elle est idéale, cette représentation du marché peut servir de référence pour les autorités régulant la concurrence, pour mesurer par exemple la distorsion de concurrence qui se réalise sur un marché donné. » I. Samson.