Léon Walras et l’économie d’échange sans monnaie

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Dans le domaine de l’économie, Léon Walras occupe une place prépondérante en tant que pionnier de l’économie mathématique et de la théorie de l’équilibre général. Son modèle économique d’équilibre général constitue un pilier fondamental de la pensée économique moderne.

Dans cet article, nous explorerons le modèle de base de Walras, une économie d’échange sans production, ainsi que ses développements ultérieurs tentant d’intégrer la monnaie dans ce cadre.

La monnaie dans le modèle d’équilibre général

Le modèle de base que Léon Walras construit est une économie d’échange sans production. Dans ce modèle, différents acteurs économiques se rassemblent sur une place de marché et présentent leurs productions déjà réalisées.

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Chaque acteur peut agir en tant qu’acheteur ou vendeur pour chaque catégorie de biens. Il existe un marché distinct pour chaque type de bien. L’économie walrasienne ne considère que les échanges et n’analyse pas l’activité de production.

Un commissaire-priseur walrasien agit comme arbitre de marché en fixant les prix d’équilibre pour chaque bien. Le prix d’équilibre est celui qui équilibre l’offre et la demande sur chaque marché. Tous les échanges se déroulent alors au prix d’équilibre.

Dans ce modèle, le temps n’est pas pris en compte, et les échanges sont supposés se dérouler instantanément lors d’une même séance de marché.

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De même, l’information est considérée comme parfaite, car les biens sont homogènes, et le commissaire-priseur fournit gratuitement les informations pertinentes accessibles à tous. Dans ce cadre, la monnaie n’est pas nécessaire pour réaliser les échanges.

Il suffit de choisir l’un des biens présents sur le marché comme « numéraire, » c’est-à-dire comme unité de compte, pour exprimer le prix de chaque bien en unité d’un seul bien, simplifiant ainsi les échanges.

Walras considère que toutes les conditions de concurrence parfaite sont réunies, et tous les marchés sont simultanément en équilibre (équilibre général). Il n’y a donc ni demande ni offre excédentaire sur aucun des marchés.

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Cette loi de Walras découle de la flexibilité des prix, permettant un ajustement parfait entre les quantités offertes et demandées par le mécanisme des prix. Ainsi, pour réaliser les échanges et atteindre l’équilibre, il suffit que les prix relatifs des différentes marchandises soient fixés par la confrontation des quantités offertes et demandées.

Ces prix relatifs dépendent de variables réelles telles que les goûts des consommateurs, les contraintes budgétaires, les coûts de production, etc.

Dans ce cadre, l’introduction de la monnaie et les variations de la quantité de monnaie n’auraient aucun impact sur les grandeurs réelles de l’économie, car les prix relatifs restent inchangés.

Même si Walras prend davantage en compte la monnaie et le taux d’intérêt dans les dernières éditions de ses « Éléments d’économie politique pure, » il maintient la dichotomie en affirmant que l’équation de la circulation monétaire (la théorie quantitative) reste indépendante des équations déterminant l’équilibre réel de l’économie. Ainsi, nous sommes en présence d’un cadre à la fois dichotomiste et quantitativiste.

De Walras à Patinkin : l’effet d’encaisse réelle

Malgré les avancées de Walras, certains économistes ont remis en question l’idée d’une économie sans monnaie et ont tenté d’introduire la monnaie dans le cadre du modèle d’équilibre général. L’un de ces économistes est Don Patinkin, qui a cherché à inclure la monnaie en utilisant l’effet d’encaisse réelle, également connu sous le nom d’effet Pigou.

L’effet d’encaisse réelle suppose que les agents économiques souhaitent détenir un niveau constant d’encaisse exprimé en termes réels, c’est-à-dire des avoirs monétaires évalués à prix constants.

Ainsi, si le niveau général des prix augmente, les agents augmentent la demande nominale d’encaisse pour maintenir leur niveau réel d’avoirs monétaires. Par exemple, ils peuvent augmenter le montant d’argent qu’ils détiennent sur un compte bancaire et réduire leur demande de biens de consommation.

De même, en cas de baisse des prix, les agents ont une encaisse nominale excédentaire, qu’ils utilisent en demandant plus de biens et services.

L’effet d’encaisse réelle met fin à la dichotomie, car les variations de la quantité de monnaie qui font varier le niveau général des prix ont un effet sur le secteur « réel » de l’économie, c’est-à-dire la demande de biens.

Cependant, certains économistes post-keynésiens considèrent que Patinkin n’a pas véritablement intégré la monnaie dans le modèle de manière endogène, car il n’a pas analysé l’impact de la monnaie sur les structures productives.

Conclusion

En conclusion, Léon Walras a marqué l’histoire de l’économie avec son modèle d’équilibre général. Bien que son modèle initial soit basé sur une économie d’échange sans production et fasse abstraction de la monnaie, il a posé les bases de l’économie mathématique et de la théorie de l’équilibre général.

Des économistes comme Don Patinkin ont tenté d’intégrer la monnaie dans ce cadre en utilisant l’effet d’encaisse réelle, mais les débats autour de l’endogénéité de la monnaie et de son impact sur l’économie se sont poursuivis.

Ainsi, la question de la monnaie et de son rôle dans l’économie reste un sujet complexe et essentiel pour comprendre le fonctionnement de l’économie. Les théories de Walras et Patinkin ont ouvert la voie à des débats passionnants et à des développements ultérieurs dans la pensée économique.

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