Le monétarisme de Milton Friedman (1912-2006) est une théorie économique qui a marqué l’histoire de la pensée économique du XXe siècle. Cet article explore les contributions importantes de Friedman en matière de politique monétaire, en mettant l’accent sur l’idée d’une monnaie neutre à long terme et sur l’utilisation de la masse monétaire comme instrument de régulation économique.
Table de matières
Une monnaie neutre à long terme
Pour comprendre l’impact des analyses de Milton Friedman, il est essentiel de se situer dans le contexte de l’émergence de ses travaux à partir des années 1950. À cette époque, la publication de la « Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie » de John Maynard Keynes en 1936 a suscité un grand intérêt pour la politique budgétaire, négligeant ainsi les problèmes liés à la théorie et à la politique monétaire. C’est dans ce contexte que Friedman a pu développer avec succès sa formule « la monnaie compte » (Money Matters).
En 1956, dans un article fondateur, Friedman remet en question la théorie quantitative de la monnaie, qui avait été discréditée depuis la crise de 1929. Il propose de reformuler cette théorie en considérant la monnaie comme un actif patrimonial substituable à d’autres actifs tels que les actions, les obligations et le capital physique.
Selon cette approche, la demande de monnaie découle du comportement d’optimisation des agents économiques en fonction de leurs préférences dans la composition de leur portefeuille d’actifs, dont la monnaie fait partie.
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Friedman souligne que la demande de monnaie est très stable, contrairement à l’offre de monnaie, qui peut être affectée par des facteurs importants n’affectant pas la demande. Il rejette également l’idée d’une trappe à liquidité, c’est-à-dire d’un niveau de taux d’intérêt si faible que la demande de monnaie devient parfaitement élastique.
En conclusion de son article de 1956, Friedman affirme que la liaison entre les variations du stock de monnaie sur de courtes périodes et celles des prix est remarquablement uniforme dans une grande variété de circonstances.
Selon lui, cette uniformité est comparable aux lois fondamentales des sciences physiques. Il soutient que l’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire, généré uniquement par une augmentation de la quantité de monnaie plus rapide que celle de la production.
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Toutefois, Friedman innove en considérant que la monnaie a des effets réels à court terme mais pas à long terme. Il introduit implicitement l’hypothèse des anticipations adaptatives, selon laquelle les agents économiques peuvent être victimes d’illusion monétaire à court terme, mais ajustent leurs anticipations à long terme.
Ainsi, une augmentation de l’offre de monnaie est interprétée à court terme comme une hausse du revenu réel, poussant certains agents à consommer davantage et d’autres à investir plus.
Cette hausse de la demande entraîne temporairement une augmentation de la production, des tensions inflationnistes et une baisse du chômage, en accord avec l’analyse keynésienne.
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Toutefois, ces tensions inflationnistes finissent par affecter le salaire réel des salariés, ce qui conduit à un retour du chômage à long terme. Friedman rejette ainsi l’idée d’un arbitrage durable entre inflation et chômage, et considère que la courbe de Phillips est verticale à long terme.
Milton Friedman et la politique monétaire
Les analyses de Milton Friedman ont des implications importantes en matière de politique monétaire. Dans un premier temps, il considère que la monnaie est un instrument actif à court terme qui peut être utilisé pour réguler la conjoncture économique et stabiliser l’économie.
Il critique les responsables du système de la Réserve fédérale pour leur contraction de l’offre de monnaie au moment du krach d’octobre 1929, qui aurait aggravé la situation économique.
Cependant, Friedman change d’avis quelques années plus tard. Il estime que l’action discrétionnaire des autorités monétaires a plus d’inconvénients que d’avantages. Il préconise donc une croissance à taux constant de la masse monétaire, une règle qu’il appelle les « k %. »
Selon Friedman, la valeur de k devrait correspondre au taux de croissance de la production à long terme et ne devrait pas être modifiée en fonction de la conjoncture économique.
Conclusion
En conclusion, le monétarisme de Milton Friedman a joué un rôle majeur dans le débat sur la politique monétaire et sur le rôle de la monnaie dans l’économie. Ses idées sur la monnaie neutre à long terme et sur la croissance à taux constant de la masse monétaire ont eu une influence considérable sur les politiques économiques et monétaires à travers le monde. Le débat entre les keynésiens et les monétaristes a alimenté la réflexion économique et a contribué à façonner les politiques économiques des dernières décennies.