la croissance interne de l’entreprise

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Mode de développement naturel, la croissance interne ou organique correspond à l’émergence de capacités nouvelles au sein de l’entreprise. Concrètement, la croissance interne s’accompagne en général d’une croissance des actifs : capacité de production pour une entreprise industrielle, augmentation des points de vente pour les entreprises de distribution, augmentation des ressources humaines pour les autres entreprises de service

Quatre modalités de réalisation peuvent être distinguées: l’achat isolé de moyens de production, l’innovation, l’achat de litres ne modifiant pas la zone de contrôle de l’entreprise cessionnaire et l’absorption d’une société constituant déjà une entité contrôlée par l’entreprise (Paturcl. 1992).

Les formes de la croissance interne

l’achat isolé de moyens de production

En règle générale, la croissance interne se réalise à travers l’achat isolé de moyens de production. Elle peut se traduire par l’achat de machines, de matières, de biens et services nécessaires à la production, mais aussi par l’embauche de nouveaux salariés. Il incombe à l’entreprise d’organiser ces moyens de production entre eux ou avec d’autres facteurs de production déjà présents.

Par exemple, lorsque l’entreprise acquiert une machine, celle-ci doit être combinée avec le facteur travail pour être productive.

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l’innovation

l’innovation est souvent vue par le grand public comme un problème de technologie, certainement parce que ce type d’innovation est le plus visible et le plus spectaculaire. Or il existe bien d’autres formes d’innovation lorsque l’on se place d’une perspective stratégique. l’entreprise peut innover pour réduire les coûts, pour améliorer la différenciation etc. Alors que tout avantage concurrentiel repose sur une combinaison coût-différenciation. L’innovation peut donc explorer de nouvelles opportunités de croissance interne.

l’achat de litres sans contrôle

Si l’entreprise achète des titres qui ne modifient pas la zone de contrôle de l’entreprise cessionnaire, il s’agit également d’une croissance interne. L’entreprise peut ainsi prendre des participations financières en acquérant des titres sans droit de vote ou des litres qui ne donnent qu’un faible pourcentage du capital ne permettant pas d’intervenir dans la gestion de l’entreprise émettrice.

l’absorption d’une entité contrôlée

Lorsque l’entreprise procède à l’absorption d une entité qu’elle contrôle déjà à moins de 100 %. elle réalise également de la croissance interne. Dans ce cas, l’entreprise augmente son taux de participation sans bénéficier d’un contrôle supplémentaire de moyens de production combinés.

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En revanche, il convient de préciser que toutes les opérations qui se réalisent au sein d’un groupe formé par une société-mère et des filiales ne sont pas considérées comme une forme de croissance, mais comme une manœuvre de restructuration ou de réorganisation interne.

Le choix de la croissance interne résulte des motivations spécifiques de chaque entreprise.

Les motivations de la croissance interne

Pour la plupart des entreprises, la croissance interne constitue la principale modalité de développement. En effet, ce choix apparaît comme naturel dans certaines situations de marché, du fait des avantages qui lui sont propres.

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Champs de la croissance interne

Les entreprises vont privilégier la croissance interne dans les situations suivantes.

Répondre à la demande du marché. Dans le cas où la croissance du marché permet de satisfaire les objectifs de tous les concurrents du secteur, la création de nouvelles unités de production et ainsi, une augmentation de la capacité de production, constituent une voie naturelle de développement pour les entreprises.

Préempter un marché. Lorsqu’une entreprise souhaite introduire une innovation radicale, elle préfère généralement s’appuyer sur sa capacité d’innovation et une R & D interne qui lui permet de garantir la confidentialité de son innovation et d’être pionnier sur un marché.

Développer une niche. Dans les entreprises qui se focalisent sur une niche de marché, le développement de capacités spécifiques destinées à suivre au plus près les exigences de la clientèle est crucial et favorise ainsi une croissance interne.

Avantages de la croissance interne

La croissance interne présente plusieurs avantages.

Maîtriser le développement. La croissance interne permet aux entreprises de maîtriser 100 % du développement de leurs capacités et de leur renouvellement. Elles conservent donc un contrôle exclusif sur la technologie à développer, les marchés à pénétrer mais aussi l’intégralité des bénéfices, contrairement aux fusions et acquisitions ou aux alliances.

Bénéficier de l’apprentissage organisationnel. Dans le cours de l’activité, des compétences collectives peuvent émerger d’un processus d’apprentissage organisationnel. Ces pratiques peuvent ensuite être diffusées au sein de l’entreprise et du fait de l’ambiguïté causale, sont plus difficiles à imiter par les concurrents. De fait, cela lui permet de préserver son avantage concurrentiel dans le temps.

Contourner les contraintes juridiques, réglementaires et économiques. Dans certains contextes, la croissance externe ne peut être choisie comme mode de développement en raison des lois antitrust pour éviter les situations de monopole par exemple ou encore, faute de cibles potentielles à acquérir. Ainsi, la croissance interne peut être un mode de développement privilégié afin de contourner ces contraintes de différentes natures.

Étaler les investissements. De par son caractère incrémental, la croissance interne induit un étalement des dépenses liées aux investissements. Cela permet aux entreprises disposant de moyens limités de croître sans remettre en cause leur équilibre financier et leur indépendance.

Motiver le personnel. En offrant des perspectives d’évolution de carrière, la croissance interne permet de créer un climat social motivant pour les salariés.

Les limites de la croissance interne

La disponibilité des moyens productifs sur un marché (du travail, des biens d’équipement, de la technologie, etc.) peut s’avérer insuffisante dans certaines situations de développement. Par ailleurs, la croissance interne connaît certaines limites.

Inefficacité de la croissance interne

La croissance interne peut se révéler inappropriée dans les situations suivantes.

Maturité du secteur. Sur un marché arrivé à maturité, la mise en place de nouvelles capacités de production est de nature à générer un affrontement commercial entre les concurrents. En effet, si une entreprise veut accroître son pouvoir de marché, les parts de marché supplémentaires doivent être prises chez les concurrents. Il est alors préférable dans ce cas de se développer par acquisition d’entreprises existantes.

Besoin de ressources critiques. Si l’entreprise n’est pas en mesure de développer certaines ressources et compétences en interne dont elle a besoin pour le développement de son activité, le recours à la croissance externe est obligatoire afin d’assurer sa survie.

Inconvénients de la croissance interne

La croissance interne présente plusieurs inconvénients.

Vulnérabilité à la conjoncture. Dans le cas où une entreprise souhaite accentuer son positionnement, par recours à la croissance interne, et à la spécialisation, cela peut l’exposer aux aléas de la conjoncture sectorielle.

Exemple : Kindy, une PME de 400 salariés, qui fabrique des chaussettes pour la grande distribution, a rencontré des difficultés avec l’apparition des marques de distributeurs, puis avec la fin des quotas textiles. En 2005, l’entreprise a délocalisé sa production ( Turquie et Portugal) et fermé son usine de Moreuil (Somme).

Délais et coûts de développement supérieurs. L’une de principales limites de la croissance interne concerne le temps nécessaire pour acquérir le savoir-faire, mettre des unités de production en service et former le personnel. Ces délais peuvent être beaucoup plus longs, au regard notamment de la dynamique de la concurrence et par rapport au mode de croissance externe. De plus, si les investissements peuvent être étalés dans le temps, les coûts de développement sont néanmoins tous supportés par l’entreprise et ne peuvent être partagés avec un partenaire extérieur, que ce soit pour la conquête de nouveaux marchés géographiques ou produits.

Myopie stratégique. Si le projet initial peut être en phase avec la stratégie de l’entreprise et le contexte concurrentiel, l’entreprise peut, à force de privilégier ce mode de développement, ne plus être capable de se remettre en question, de développer de nouvelles capacités et au final, devenir inadaptée à l’évolution de l’environnement.

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