Joseph Schumpeter, les cycles économiques et lesinnovations technologiques

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Joseph Aloïs Schumpeter, économiste et historien de l’économie, nait le 8 février 1883 à Triesch, en Moravie (partie de l’ancien empire austro-hongrois). Il meurt le 8 janvier 1950 à Taconic dans le Connecticut aux États-Unis, suite à une hémorragie cérébrale.

Il est connu pour avoir été un des fondateurs d’un certain évolutionnisme économique, ses théories étant basées essentiellement sur les innovations technologiques.

Joseph Schumpeter s’intéresse à l’analyse de l’histoire de l’économie et au lien entre économie et sociologie. Ses théories représentent des analyses fines de l’économie de son temps et de la complexification des théories économiques.

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Schumpeter prend comme unité sociologique le personnage de l’entrepreneur, et comme repères historiques les grandes innovations. À partir de cela, il construit une analyse des cycles économiques et des fluctuations de ceux-ci dans l’histoire en fonction de ses repères historiques et sociologiques.

L’étude des cycles économiques et des innovations technologiques sont les deux apports principaux de ses théories. Au début du XXème siècle, c’est un pas en avant conséquent dans l’économie théorique que de montrer qu’on peut créer de nouveaux outils d’analyse de l’histoire de l’économie, en ajoutant des variables à l’outil bien connu qu’est l’équilibre de
marché.

En marge des théories classiques, Schumpeter réussit tout de même à se faire une place importante dans les milieux intellectuels américains. Dès 1927 il enseigne à Harvard et dès 1937 il préside l’American Economic Association.

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L’équilibre et le « voisinage de l’équilibre »

Schumpeter prend comme premier outil d’analyse l’équilibre économique classique. En effet, il utilise ce dernier pour montrer qu’on peut l’employer pour faire des analyses grossières des situations économiques et des leurs causes.

Notamment, la première phase de son analyse des cycles économiques se base sur l’équilibre économique tel qu’il est théorisé par les économistes de l’école classique.

En revanche, pour faire des analyses plus fines il faut se détacher un peu de cet équilibre.

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C’est pour cela qu’il utilise souvent la notion de « voisinage de l’équilibre« , faisant
référence à une situation où l’on tendrait vers l’équilibre sans vraiment l’atteindre (du fait de
la nature abstraite de cet équilibre). Ce concept de « voisinage de l’équilibre » lui est très utile
afin d’ancrer un peu plus sa théorie dans la réalité sociale. Son but étant de confronter
l’économie et la sociologie, l’idée d’équilibre pur serait trop éloignée de la société dans
laquelle il vit pour être crédible.

L’entrepreneur – ancrage sociologique

L’entité de l’entrepreneur est le moyen qu’a trouvé Schumpeter de rapprocher ses théories économiques des propositions de la sociologie. En effet, l’économie classique propose un agent économique calculateur et faisant inévitablement appel à une seule et même rationalité.

Maximiser les gains en minimisant les risques, voici le seul calcul qu’exécute l’agent de l’économie classique.

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Pour se démarquer de cela, Schumpeter propose le personnage de l’entrepreneur. Celui-ci permet d’appréhender un état d’esprit propre à des agents importants de l’économie possédant au moins deux caractéristiques: le pouvoir de commandement au sein d’une entité quelconque et l’accès au crédit.

L’entrepreneur est un meneur dans le domaine de l’économie: il prend les décisions et surtout il les applique. Ainsi, il doit se concentrer sur le futur proche et agir rapidement. Il est donc impossible et improductif pour lui de prendre en compte tous les paramètres comme le ferait le décideur de l’économie classique.

L’entrepreneur de Schumpeter se démarque encore du décideur de l’économie classique en ce sens que son but N’est pas la maximisation de ses propres gains. En effet, l’état d’esprit de l’entrepreneur est autre: c’est un rêveur.

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Il souhaite créer et prospérer en dépit des autres, il est plus intéressé par le « territoire » que par les richesses. Le but de l’entrepreneur est de construire un empire, non d’accumuler le plus d’argent possible.

Les « grappes » d’innovations – ancrage historique

Après la définition d’une unité sociologique, il faut passer à l’ancrage historique. À la suite de
plusieurs autres économistes, Schumpeter s’intéresse à l’évolution de l’économie dans
l’histoire, à ses crises ainsi qu’à ses années fastes.

Afin de se fixer des points de repère d’où commencer son analyse, Schumpeter identifie des « grappes d’innovations« , c’est-à-dire des périodes données dans lesquelles des innovations ont porté leurs fruits en en ont engendré d’autres.

Le terme de grappes fait référence à toutes les innovations découlant de la première.

Par exemple, la création du réseau Internet est une innovation qui a permis des milliers d’autres innovations. Toutes ensemble, ces dernières représentent une grappe d’innovations.

Pour pousser l’analyse le plus loin possible, il faudrait faire une étude détaillée de toutes les
implications (sociales, politiques, historiques, religieuses, etc.) qu’une seule innovation a pu
avoir. Pour faire cela avec l’exemple d’Internet, il faudrait encore attendre quelques temps

afin de pouvoir intégrer toutes les conséquences – plus ou moins éloignées dans l’espace-
temps – de cette innovation, ce qui représente un travail d’analyse colossal. C’est pourquoi

Schumpeter s’arrête aux « grappes d’innovations » permettant déjà une analyse de certaines
périodes phares de l’histoire de l’économie.

Les modèles de cycles économiques et les différentes analyses

Schumpeter s’est attelé à l’étude des cycles économiques à travers l’histoire. Cette dernière se
déroule en deux temps principaux, pour deux analyses différentes. La première est une
analyse que l’on peut qualifier de grossière, qui utilise un modèle de l’économie classique:
l’équilibre. Pour une étude à très long terme, Schumpeter défend ce modèle d’équilibre car il
représente la tendance moyenne de l’économie à travers l’histoire, sa courbe moyenne. En

effet, dans une analyse que l’on peut qualifier de « macro », Schumpeter relève deux tendances visibles: la première est constituée de la « grappe d’innovations » et de la prospérité qui s’ensuit; et la seconde de la fin de la croissance provoquée par la grappe et
de la récession comme conséquence de celle-ci.

L’idée de cycle vient évidemment du fait qu’après une récession vient immanquablement le temps d’une nouvelle grappe d’innovation.

La seconde analyse des cycles est un peu plus fine et se base sur ce que Schumpeter appelle « le voisinage de l’équilibre ». Dans une situation comme celle-ci, l’économie tend vers
l’équilibre mais ne l’atteint jamais vraiment.

Grâce à ce postulat supplémentaire, Schumpeter peut relever deux tendances de plus dans l’étude des cycles. Il y a toujours la prospérité et la récession, et viennent s’ajouter, postérieurement à ces deux phases, des phases de dépression et de reprise.

Ces deux phases représentent le lien entre les cycles. Après la récession vient une phase de dépression qui pousse à l’innovation technologique et cette dernière permet d’entrer dans une phase de reprise – caractérisée par des tentatives d’innovations – précédant la phase de prospérité suivante.

L’analyse de ces cycles est pertinente du point de vue de l’analyse de l’histoire de l’économie, mais Schumpeter voit un problème lorsque l’on veut utiliser les cycles pour prévoir ce qu’il va arriver: il y a trop de variables inconnues pour pouvoir prédire l’avenir.

De plus, des facteurs sociaux sont à prendre en compte, puisque les agents sont capables de changer de rationalité à tout moment, comme dans l’exemple de l’entrepreneur. C’est aussi ce qui fait de Josef Schumpeter un économiste contemporain: il pense l’économie au-delà des théories classiques et met en avant le fait que celles-ci sont pratiques pour un certain niveau d’analyse, mais elles ont leurs limites, de même que la théorie des cycles économiques.

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