Deux facteurs permettent de déterminer si les dirigeants agissent ou non dans l’intérêt des actionnaires.
D’abord, jusqu’à quel point les objectifs de la direction concordent-ils avec ceux des actionnaires ? Cette question est liée à la façon dont les cadres sont rémunérés.
Ensuite, est-il possible de remplacer les dirigeants qui ne cherchent pas à réaliser les objectifs des actionnaires ? Cette question est associée au contrôle de l’entreprise.
Comme nous le verrons, il existe des raisons de croire que, même dans les plus grandes entreprises, la direction est fortement encouragée à agir dans l’intérêt des actionnaires.
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La rémunération de la direction
La direction a souvent de fortes motivations économiques pour augmenter la valeur des actions, et ce, pour deux raisons. D’abord, la rémunération des dirigeants, surtout au sommet de la hiérarchie dépend habituellement des réalisations financières en général et de la valeur des actions en particulier.
Par exemple, on offre fréquemment aux dirigeants la possibilité d’acheter des actions à des prix réduits. Plus l’action a de la valeur, plus cette « option » d’achat est intéressante. La seconde motivation est en lien avec les perspectives d’emploi. Les dirigeants les plus performants obtiennent des promotions dans l’entreprise.
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De façon générale, ceux qui réussissent le mieux à réaliser les objectifs des actionnaires sont plus en demande que les autres sur le marché du travail et on leur offre de meilleurs salaires.
Le contrôle de l’entreprise
En définitive, le contrôle de l’entreprise appartient aux actionnaires. Ces derniers élisent le conseil d’administration qui, de son côté, engage et congédie les dirigeants. La direction peut aussi être remplacée à la suite d’une prise de contrôle. Les entreprises mal gérées sont plus intéressantes à acquérir que celles qui sont bien dirigées, car elles offrent un plus grand potentiel de redressement.
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Par conséquent, éviter une prise de contrôle par une autre entreprise constitue pour la direction un motif supplémentaire d’agir dans l’intérêt des actionnaires.
La théorie et les constatations actuelles confirment que les actionnaires contrôlent l’entreprise et que la maximisation de leur richesse est l’objectif essentiel de la société par actions.
Néanmoins, il arrive que les dirigeants d’une entreprise poursuivent, au moins temporairement, leurs propres objectifs au détriment de ceux des actionnaires.
Par exemple, la direction tâche parfois d’éviter les désagréments d’une prise de contrôle potentielle en établissant des provisions du type « pilule empoisonnée » pour rendre les actions moins attrayantes.
L’entreprise peut aussi émettre des actions sans droit de vote pour contrecarrer une tentative de rachat. Les actionnaires canadiens, particulièrement les caisses de retraite et les autres investisseurs institutionnels, luttent de plus en plus activement contre ce type de procédé de la part des dirigeants.
Dans le cas de certains grands fonds de pension comme Teachers’ en Ontario (le fonds de pension des enseignants et des enseignantes de l’Ontario), des règles de conduite ont été établies relativement à la gouvernance des entreprises dans lesquelles les actionnaires investissent.
Les plus petits fonds d’investissement ont recours aux services d’entreprises, par exemple Fairvest Securities Corporation, qui les informent des répercussions de leurs votes.
Les parties intéressées
Jusqu’ici, notre analyse pourrait laisser croire que les dirigeants et les actionnaires sont les seules parties ayant un intérêt dans les décisions d’une entreprise. Cette situation serait évidemment trop simple.
Les employés, les clients, les fournisseurs et différents ordres de gouvernement ont aussi des intérêts financiers dans l’entreprise. Mis ensemble, ces différents groupes portent le nom de parties intéressées d’une entreprise.
En général, une partie intéressée est un actionnaire, un créancier ou toute autre personne (ou tout groupe) qui a potentiellement un droit sur les rentrées et les sorties nettes de fonds de cette entreprise.
De tels groupes tentent également d’exercer un contrôle sur l’entreprise en proposant d’autres objectifs à caractère social comme la protection de l’environnement ou l’égalité dans l’emploi.
Même si les pressions exercées par les parties intéressées entraînent souvent des coûts additionnels pour les propriétaires, la plupart des grandes sociétés par actions écoutent attentivement leurs demandes.
Le tableau 1 résume les préoccupations des différentes parties intéressées.
Les grandes entreprises bien gérées tentent de se forger une réputation de « bon citoyen » en adoptant des lignes de conduite socialement acceptables sur des questions sociales importantes. Par exemple, avant de lui accorder un prêt, les grandes banques à charte exigent que l’entreprise cliente leur fournisse un rapport favorable sur l’impact environnemental de ses activités.
Les investisseurs se préoccupent de plus en plus des questions sociales. Par exemple, certains se prévalent des services de conseillers qui examinent les politiques des plus grandes entreprises canadiennes et qui émettent des recommandations aux actionnaires.
Les fonds d’investissement offrent la possibilité de se procurer des actions dans un portefeuille d’entreprises qui satisfont à des critères éthiques. Selon certains critiques, ce type d’investissement tend à produire de plus faibles revenus parce que le but n’est pas la maximisation des profits.
En réponse, les investisseurs objectent que les résultats sont meilleurs parce que ces entreprises assument leurs responsabilités et qu’elles atteindront un bon rendement à long terme.
D’après différentes études, l’investissement sur une base éthique peut être payant ou non, selon la définition de l’éthique à laquelle on se réfère.
Cependant, tout indique que la tendance à prêter de plus en plus attention aux différentes parties intéressées se poursuivra.