La comptabilité de gestion et la comptabilité financière sont deux branches essentielles de la comptabilité, mais elles diffèrent dans leur objectif, leur audience cible, leur portée et leurs principaux rapports.
Pour la plupart des entreprises (sauf les très petites qui peuvent bénéficier d’un régime forfaitaire), la comptabilité financière (ou générale) est une obligation légale, principalement pour des raisons fiscales. Le système comptable est donc au départ structuré en fonction des besoins de la comptabilité financière, et les charges sont enregistrées par nature en classe 6.
À partir d’un certain degré de complexité, lié à la taille et à la multiactivité, la comptabilité de gestion (ou analytique) vient se surajouter, pour pouvoir évaluer les stocks et surtout pour les besoins de la gestion. Il faut donc retraiter, ventiler les charges, essentiellement par produits.
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Les rapports de comptabilité financière sont préparés à l’intention des parties extérieures à l’organisation telles que les actionnaires et les créanciers. De leur côté, les rapports de comptabilité de gestion sont préparés à l’intention des gestionnaires de l’organisation.
Cette distinction dans l’orientation de base est à l’origine de plusieurs différences importantes entre la comptabilité générale et la comptabilité analytique, bien que certaines informations soient communes aux deux types de rapports et reposent sur les mêmes données financières de base. Ces différences sont résumées à la figure 1.
Comme le montre la figure 1, les destinataires des rapports de comptabilité financière et de comptabilité de gestion seront différents. Il en sera de même des données destinées aux utilisateurs et de nombreux autres aspects.
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La manière dont les deux formes de comptabilité mettent l’accent sur le passé et le futur se révélera aussi différente. Nous traiterons de ces distinctions dans les paragraphes suivants
Table de matières
L’importance de planifier l’avenir
La planification constitue l’une des activités les plus importantes du travail de direction ; c’est pourquoi la comptabilité de gestion sera grandement axée sur l’avenir. À l’opposé, la comptabilité financière fournira essentiellement des résumés des opérations financières passées. Ces résumés peuvent s’avérer utiles à la planification, mais d’une façon limitée.
La difficulté qu’entraînent les résumés des activités passées tient en ce que le futur n’est pas un simple rejet des événements passés. Ainsi, les conditions économiques, les besoins et les désirs des clients, de même que l’environnement concurrentiel évoluent constamment.
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Ces changements exigent que la planification du gestionnaire se base en grande partie sur la prévision d’événements futurs plutôt que sur des résumés d’événements passés.
La pertinence et la flexibilité des données
Les utilisateurs des données de la comptabilité financière s’attendent à ce que celles-ci soient objectives et véritables. Cependant, pour l’usage interne, le gestionnaire veut recevoir une information pertinente, et ce, même si elle n’est pas complètement objective ou vérifiable.
Par « pertinente », nous entendons « appropriée à la situation à laquelle fait face le gestionnaire ». Par exemple, pour Archambault, il est difficile de vérifier, entre autres, le volume prévu des ventes d’un nouveau magasin puisqu’il s’agit d’une donnée prévisionnelle.
Cependant, c’est précisément de ce type d’information qu’ont besoin les gestionnaires pour prendre leurs décisions. Le système d’information de la comptabilité de gestion devrait s’avérer assez souple pour fournir tout type de données pertinentes pour une situation particulière.
La relativité de la précision
Aux yeux du gestionnaire, la disponibilité rapide de l’information se révélera souvent plus importante que la précision. Quand une décision doit être prise, le gestionnaire préférera obtenir une estimation assez juste dans l’immédiat plutôt qu’une information plus précise une semaine plus tard. Une décision mettant en cause des dizaines de millions de dollars ne requiert pas d’estimation au dollar près.
Dans ce cas, une estimation au million de dollars près peut s’avérer assez précise et bien servir le gestionnaire dans sa prise de décision. Puisque la précision sera coûteuse en temps et en ressources, et qu’elle ne changera sans doute pas la décision, la comptabilité de gestion accordera moins d’importance à la précision que la comptabilité générale.
Par contre, la comptabilité de gestion attachera infiniment plus d’importance aux données non financières. Par exemple, les renseignements sur la satisfaction des clients obtenus par enquête ou par groupes de discussion peuvent être utilisés sur une base régulière dans la préparation de rapports de comptabilité de gestion.
Les sections d’une organisation
La comptabilité générale aura pour préoccupation principale de considérer l’organisation comme un tout. À l’opposé, la comptabilité de gestion se préoccupera davantage des éléments, ou sections, de l’organisation.
La section peut représenter une gamme de produits, des clients, un territoire de vente, une division, un service ou toute autre catégorie d’activité que la direction de l’entreprise jugera utile de considérer séparément.
La comptabilité financière peut inclure dans ses rapports externes une ventilation des produits et des charges par section principale. Dans la comptabilité de gestion, la publication d’information sectorielle s’avérera essentielle.
Les normes comptables applicables aux états financiers à vocation générale
Les états financiers préparés à l’intention des utilisateurs externes doivent être conformes aux principes comptables généralement reconnus (PCGR). Les utilisateurs externes doivent avoir l’assurance que les rapports ont été dressés dans le respect des règles de base communes.
Même si les règles de base communes que sont les IFRS facilitent la comparaison entre les sociétés qui publient des rapports financiers externes, elles ne favorisent pas nécessairement la production des rapports utiles à la prise de décisions internes puisqu’elles sont basées sur des données historiques.
La comptabilité de gestion n’est pas régie par des normes comptables. Le gestionnaire établit ses propres règles de base concernant le contenu et la forme des rapports internes.
Le seul impératif reste que les avantages escomptés grâce à l’utilisation de l’information devront dépasser les coûts de collecte, d’analyse et de présentation des données. Néanmoins, il est indéniable que les normes de comptabilité générale ont beaucoup influé sur la pratique de la comptabilité de gestion.
Le caractère non obligatoire de la comptabilité de gestion
Comme on a vu au-dessus, pour la publication d’états financiers, la comptabilité fnancière est obligatoire.
Différents organismes externes tels que les commissions provinciales des valeurs mobilières et l’administration fiscale exigent des états financiers périodiques. En revanche, la comptabilité de gestion n’est pas obligatoire.
L’organisation est libre d’agir à sa guise. Il n’existe aucun organisme de réglementation ni organisme externe précisant ce qui doit être fait. Dans la mesure où la comptabilité de gestion est facultative, la seule question importante sera toujours « L’information est-elle utile ? » plutôt que « L’information est-elle requise ? ».
Le contrôleur de gestion
le gestionnaire qui dirige le service responsable de préparer les analyses et les rapports issus de la comptabilité de gestion porte généralement le titre de contrôleur de gestion ; dans certaines organisations, on l’appelle « gestionnaire comptable ».
Il rend compte de ses activités au directeur des finances. En tant que membre de la haute direction, ce dernier a la responsabilité de fournir les données pertinentes au moment opportun pour soutenir les activités de planification et de contrôle, et de préparer les états financiers destinés à la publication.
Comme le contrôleur de gestion acquiert une bonne connaissance des différentes activités de l’entreprise en travaillant avec les gestionnaires de tous les services de l’entité, il n’est pas rare que ce poste constitue un tremplin pour accéder à des postes de direction de la société.
Le contrôleur de gestion est un expert qui connaît à fond les aspects techniques de la comptabilité et de la finance. Il peut exercer son leadership auprès des autres professionnels de son service, et analyser des situations nouvelles et en évolution.
Dans une telle fonction, l’efficacité consiste à pouvoir travailler en harmonie avec les cadres dirigeants des autres services, et communiquer des renseignements techniques ou complexes d’une manière simple et intelligible.
Une grande partie des tâches qui incombent au contrôleur de gestion consistent à conseiller la haute direction et les gestionnaires des divers services de l’entreprise.
En fait, de nombreux comptables responsables de la comptabilité de gestion qui effectuent ces tâches se présentent même comme travaillant dans le domaine des finances puisqu’un petit nombre seulement de leurs activités — voire aucune — concernent les débits et les crédits, ou encore la passation d’écritures de journal.
Ces comptables se considèrent comme des conseillers qui accomplissent des tâches au sein d’équipes multidisciplinaires un peu partout à l’intérieur de l’entreprise. La plupart des contrôleurs de gestion sont membres d’un ordre professionnel.
Conclusion
La comptabilité de gestion diffère de façon considérable de la comptabilité financière.
La comptabilité analytique est plus orientée vers le futur, accorde moins d’importance à la précision, met en évidence les sections d’une organisation (plutôt que de considérer l’organisation comme un tout), n’est pas régie par les normes de la comptabilité générale et n’est pas obligatoire.