Croissance et développement : Quelle relation ?

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La croissance et le développement sont étroitement liés car la croissance peut être un élément clé du développement, mais le développement englobe également d’autres aspects importants.

Eléments de définitions

La croissance fait référence à l’augmentation de la taille ou de la quantité d’un certain paramètre, tel que la taille physique, la population, l’économie, etc. La croissance peut être mesurée en termes de taux de croissance, qui représente le pourcentage d’augmentation ou de diminution par rapport à une période antérieure.

Par exemple, le taux de croissance économique mesure l’augmentation de la production de biens et services d’un pays.

Le développement, quant à lui, est un processus plus large qui inclut la croissance mais englobe également des aspects tels que l’amélioration de la qualité de vie, la réduction de la pauvreté, l’amélioration de la santé, de l’éducation, de l’environnement, etc.

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Le développement implique souvent des changements qualitatifs et structurels dans la société, tels que des réformes politiques, des investissements dans l’infrastructure, des programmes de protection sociale, etc.

Nous verrons dans les points suivants la relation entre la croissance et développement.

Les liens entre croissance et développement

On distingue 2 écoles:

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L’école anglo-saxonne : approche quantitative qui réduit l’étude du développement à celle du PNB, de son évolution et de sa répartition. Elle confond croissance et développement.

L’école francophone : approche qualitative du développement, étude de la société et de ses structures, vision qui englobe la conception anglo–saxonne (préoccupations sociologiques, culturelles et économiques).

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Selon Perroux: « Le développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population qui la rendent apte à faire croître cumulativement et durablement son produit réel global ».

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Le développement ne peut se limiter à la croissance qui est « l’augmentation durable sur plusieurs périodes d’un indicateur de dimension », il contient des critères quantitatifs mais également qualitatifs.

Le développement est une totalité, il englobe et soutient la croissance.

La croissance, c’est avoir plus ; le développement, c’est être mieux tout en rendant possible la poursuite de la croissance. On ne peut définir le développement par rapport à la seule croissance, ni exclure la croissance du développement. Le développement est plus que la croissance mais ne saurait se réaliser sans une hausse régulière du produit.

La croissance apparaît comme économique, tandis que le développement est un processus qui articule des transformations économiques, financières, sociales, et institutionnelles.

Le Développement se définit aussi comme une meilleure satisfaction des besoins fondamentaux et une réduction des inégalités et de la pauvreté. Il peut exister une véritable « croissance sans développement ».

Parler de développement, c’est se poser des questions sur ce que l’on fait des richesses produites grâce à la croissance : par exemple la santé de la population s’accroît-elle?

La croissance est- elle compatible avec le développement humain ?

La croissance peut favoriser le développement humain : le concept de développement intègre l’idée de progrès social (amélioration des conditions de vie de la population, réduction des inégalités et de la pauvreté…).

Le développement est donc un phénomène qualitatif alors que la croissance économique est un phénomène quantitatif.

Le développement économique peut s’accompagner d’un développement humain défini, par Mahbub ul Haq et Amartya Sen, comme un processus « d’élargissement du choix des gens », mettant en avant la liberté de jouir d’une bonne santé, d’être éduqué et de profiter d’un niveau de vie décent.

Cette notion souligne également que le développement humain et le bien-être vont bien au-delà de la simple richesse matérielle.

La croissance économique a été favorable au développement humain pour plusieurs raisons:

  • La croissance s’est accompagnée de transformations structurelles qui ont amélioré la qualité de la vie des populations et l’efficacité des organisations économiques.

Ainsi, Robert J. Gordon soutient que l’impact sur l’économie et la société de la deuxième révolution industrielle a été beaucoup plus marquant que la première ou la troisième.

La deuxième révolution industrielle a fait bien plus que modifier la productivité. Elle a profondément transformé l’existence des Américains, des Européens et, plus tard, des Japonais et des populations des pays émergents.

  • Ensuite, l’accumulation de richesses permet de mieux satisfaire les besoins des populations : l’Etat, par des recettes fiscales et sociales plus importantes, va pouvoir financer les infrastructures (école, hôpitaux, routes…) qui élèvent le niveau de productivité par tête des populations (recul de l’analphabétisme, meilleur niveau d’instruction, hausse de l’espérance de vie, désenclavement des campagnes…) et améliorent la satisfaction de leurs besoins collectifs.

D’autre part, les individus, en s’enrichissant, vont consacrer relativement moins d’argent aux besoins primaires et commencer à satisfaire des besoins secondaires (dépenses pour l’éducation, la santé, la culture, les loisirs…) ce qui va améliorer leur capital humain et leur qualité de vie.

Enfin, les entreprises, en accumulant du capital physique et technologique, vont pouvoir innover et produire des biens ou des services répondant mieux aux besoins de la population

  • La croissance a fait également reculer la pauvreté, situation dans laquelle un individu ou un ménage n’arrive pas à satisfaire ses besoins physiologiques (pauvreté absolue) ou ses besoins sociaux (pauvreté relative).

La Banque mondiale a fixé à 2 $ le seuil de pauvreté. En Chine, la part des pauvres dans la population totale est passée de 63% en 1981 à 10% en 2006, en Inde, elle passe de 53% à 34% dans la même période.

La croissance et le développement s’entretiennent réciproquement : cercle vertueux

La croissance économique offre les richesses qui permettent aux populations d’accéder à un bon niveau de santé, à un meilleur niveau éducatif, à la participation politique…

Une partie de ces richesses va être prélevée par les Etats qui vont investir dans les infrastructures nécessaires à la croissance (construction d’école, d’hôpitaux, de routes…).

En retour, le système productif et les populations seront plus efficaces ce qui accélérera la croissance.

La croissance n’assure pas toujours le bien-être des populations

La corrélation entre la hausse du PIB par tête et le bien être n’est pas assurée. La croissance ne se traduit pas toujours par une amélioration du degré de satisfaction des populations pour plusieurs raisons:

1ère explication : Les richesses créées peuvent être très mal réparties et ne profiter qu’à une petite minorité.

2ème explication : les richesses créées peuvent être de peu d’utilité pour la population.

La croissance peut reposer sur l’augmentation de production à faible utilité sociale (l’armement, les cigarettes…) comme c’était le cas dans l’ex URSS, ce qui n’est pas comparable avec une croissance reposant sur des biens à forte utilité sociale (électricité, soins médicaux…).

3ème explication : les individus prennent l’habitude de leur niveau de richesse. Ce « paradoxe d’abondance » provient du fait que ce qui est devenu facile d’accès se retrouve à terme moins utilisé/désiré que lorsque l’accès en était difficile (« on s’habitue à tout »). Le degré de satisfaction n’augmente donc pas forcément lorsqu’on s’enrichit.

4ème explication : Les individus comparent leur niveau de richesse à celle des autres. Pour améliorer son bien-être un individu doit améliorer sa situation matérielle relativement à celle des membres de son groupe de référence. S’il arrive à améliorer sa position relative, il va inciter les autres à faire des efforts pour le rattraper ce qui crée une insatisfaction permanente.

5ème explication : Cet écart entre les aspirations et le niveau de vie matériel est accentué par la publicité, l’apparition de biens nouveaux et la différenciation sociale qui créent de nouvelles insatisfactions qui les incitent à travailler davantage sans jamais avoir le sentiment d’être satisfait.

Le bien-être résulte de l’interaction cumulative de cinq types de capital

La théorie des «capabilités» de l’Indien Amartya Sen, prix Nobel d’économie en 1998, souligne que l’important, pour les politiques de développement, n’était pas seulement d’accroître la richesse globale –qui peut être très inégalement distribuée–, ni même de se contenter de répartir équitablement des ressources de base, sans prendre en compte la diversité biologique et sociale des individus.

Il faut plutôt favoriser la liberté réelle de chaque personne, notamment les plus désavantagées, de choisir différents modes de vie ayant pour elles un sens. D’où le rôle crucial des politiques de santé et d’éducation. En définissant la « capabilité » par la liberté et l’épanouissement des différentes potentialités humaines, Sen rejetait toute vision abstraitement utilitariste de l’individu.

De nombreuses dimensions entrent en compte dans le « bien-être » ou la « qualité de vie » qui ne se limitent pas aux aspects
purement matériels ou monétaires, comme la santé, l’éducation, le degré d’insertion sociale, les conditions de travail, la sécurité physique et économique (risque de chômage), le respect de la nature, la qualité de l’environnement

En se fondant sur cette analyse les économistes considèrent que le bien-être dépend de l’accumulation de cinq types de capital:

Le capital physique ou technique comprend tous les biens de production, c’est-à- dire le capital fixe (biens d’équipement durables, bâtiments, logiciel) et le capital circulant (matières premières, services intermédiaires, produits semi-finis…) qui sont engagés dans la production et qui sont un facteur de croissance.

Le capital humain regroupe les capacités physiques et intellectuelles d’un individu ou d’un groupe d’individus qu’il met en œuvre dans la production et dans ses activités quotidiennes. Il peut être accumulé par la formation initiale, la formation permanente, l’expérience, les compétences et le niveau d’éducation.

Le capital social prend la forme d’un réseau de relations familiales, amicales, professionnelles, associatives qu’un individu peut mobiliser dans ses différentes activités.

Pour Coleman, la régularité des contacts permet l’établissement de relations de confiance, mais aussi la surveillance mutuelle au sein de la communauté ; confiance et/ou surveillance garantissent le respect des règles et des engagements pour le bénéfice des membres de la communauté.

  • Le capital institutionnel regroupe l’ensemble des institutions (Etat, entreprise, contrat…) qui fixent les règles et les valeurs d’une société et qui président à l’intégration économique, sociale et politique des individus. La représentation politique fait partie intégrante de la qualité de vie.
  • Le capital naturel regroupe les ressources diverses offertes par la nature qui peuvent être engagées dans la production ou qui peuvent offrir des services gratuits (richesse de la mer, du sous-sol, tempérance du climat…).

Les conditions environnementales sont importantes non seulement pour la soutenabilité, mais également en raison de leur impact immédiat sur la qualité de la vie des gens.

Ces différents capitaux interagissent et se cumulent pour favoriser le bien-être ou la qualité de la vie.

Conclusion

En somme, la croissance économique peut être un élément clé du développement, mais le développement lui-même nécessite une approche plus large qui inclut également des aspects sociaux, environnementaux et politiques.

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