Certains biens culturels ont un coût élevé et nécessitent soit de réduire dans un premier temps sa consommation pour épargner et pouvoir acheter ces biens dans un second temps, soit d’emprunter la somme manquante pour pouvoir acquérir le bien tout de suite, ce qui implique une réduction de sa consommation future afin de rembourser le prêt et les intérêts associés.
Par exemple, l’achat d’une télévision, la préparation d’un voyage pour visiter le patrimoine culturel d’un pays lointain nécessitent des dépenses importantes, donc de les financer sur une période longue. Le budget dont dispose un individu pour sa consommation à chaque période peut ainsi différer de son revenu.
Supposons qu’un agent ait un revenu de 20 000 € cette année, et s’attende à un revenu identique l’an prochain : il peut décider de consommer davantage que son revenu courant cette année, en remboursant l’année suivante, ou faire l’inverse au contraire, selon sa préférence pour la consommation présente par rapport à la satisfaction apportée par une consommation future.
Un agent rationnel maximise donc sa satisfaction sur plusieurs périodes en faisant des choix intertemporels de consommation, en fonction du revenu attendu à chaque période, de l’évolution des prix, et des taux d’intérêt qui agissent sur la décision d’emprunter ou d’épargner.
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Quand on raisonne sur plusieurs périodes, on considère que le consommateur fait face à une contrainte budgétaire intertemporelle. Il détermine le budget qu’il va consacrer à la consommation pour chaque période en tenant compte de la conséquence de ses choix sur les périodes suivantes.
Ainsi, le consommateur intègre le fait que s’il épargne, il pourra consommer plus dans le futur car son épargne pourra être placée.
Le choix entre consommation et épargne varie tout au long de l’existence, et le modèle du cycle de vie proposé par F. Modigliani (1918-2003) est fondé sur l’idée que les individus cherchent à lisser leur consommation au cours de leur existence, alors que leurs revenus varient fortement selon l’âge.
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Afin de connaître une progression régulière de leur niveau de vie, ils doivent emprunter et épargner différemment selon les périodes. Sur le document ci-dessous on voit que dans la période de la jeunesse, la consommation désirée est supérieure au revenu (zone A sur le graphique), et les ménages doivent emprunter ce qui diminue leur patrimoine net, ce dernier étant la différence entre les actifs détenus par les ménages (produits financiers, biens immobiliers, biens de valeur, etc.) et leurs dettes.
Les ménages peuvent ensuite reconstruire une épargne positive (zone B) au cours de leur période d’activité, ce qui permet de rembourser les dettes puis de se constituer un patrimoine, qui peut être utilisé au cours de la retraite pour compenser la perte de revenu (zone C). Les trois courbes du revenu, de la consommation et du patrimoine net sont donc liées, et le taux d’épargne, entendu comme le
rapport entre l’épargne et le revenu, évolue tout au long de l’existence.
Document : Revenu, consommation et patrimoine dans le modèle du cycle de vie
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Notons que si la valeur du patrimoine augmente en raison d’une hausse du prix d’un actif, cela offre de nouvelles possibilités de consommation aux ménages qui peuvent utiliser cet enrichissement pour consommer davantage.
Certains produits culturels ont eux-mêmes une valeur patrimoniale : les tableaux et les objets d’art peuvent prendre de la valeur au cours du temps, ils ne sont pas « consommés » lors de leur acquisition.
Les ménages ont donc la possibilité d’acquérir des biens culturels dans un but patrimonial, mais les études empiriques montrent que de façon générale, la rentabilité de l’achat d’œuvres d’art est plus faible que celle des actifs financiers.
Il faut donc supposer que les individus achètent des œuvres d’art pour en tirer une satisfaction plus esthétique que financière, ou qu’ils évaluent mal l’évolution des prix des actifs (biais de perception de l’inflation par exemple).
Le modèle du cycle de vie permet de comprendre pourquoi l’âge moyen d’une population a un impact sur son comportement d’épargne, mais il reste très sommaire car il ne tient pas compte des aléas qui peuvent affecter le revenu au cours du temps, et de l’adaptation des ménages.
Ces derniers sont censés connaître parfaitement l’évolution de leurs revenus. M. Friedman a jeté les bases d’une nouvelle théorie du consommateur, qui donne une place importante aux anticipations des ménages : on ne dépense pas de la même manière un revenu perçu comme « transitoire » et ce qu’il appelle le revenu permanent, c’est-à-dire la part du revenu sur lequel le ménage pense pouvoir compter de manière durable.
M. Friedman considère que le revenu permanent détermine de façon stable la consommation des agents, et dépend non seulement des revenus d’activité, mais de l’ensemble de la richesse sur laquelle ils peuvent compter (patrimoine, capital humain, etc.).
Cette approche et les débats avec les keynésiens qui en résultent ont joué un grand rôle en macroéconomie. Sur le plan microéconomique, cela permet d’insister sur l’importance des anticipations, et de la perception par les ménages de la stabilité de leur revenu dans la décision de consommer.