Compétences des auditeurs internes

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« J’ai à mon service six honnêtes domestiques. Ils m’ont appris tout ce que je sais; ils s’appellent Quoi et Pourquoi, Quand
et Comment, et Où et Qui. »

Rudyard Kipling

Cette citation est le début d’un poème de Rudyard Kipling, « L’Enfant d’Éléphant ». Il s’en dégage deux points essentiels pour les auditeurs internes: la nécessité d’apprendre en permanence et de toujours poser des questions.

Plusieurs questions apparaissent à la lecture de la définition et de la description de l’audit présentées ici : que faut-il savoir d’autre pour réussir en tant qu’auditeur interne? Que doit-on savoir faire ?

Certaines caractéristiques personnelles prédisposent-elles à la réussite dans ce domaine? La bonne nouvelle, c’est que ces questions n’appellent pas une réponse unique: différentes personnes aux profils de compétences variés peuvent être de très bons auditeurs internes. De surcroît, les compétences requises pour réussir dans ce domaine ne sont pas spécifiques à l’audit interne.

Il existe, cependant, un certain nombre de compétences observées chez la plupart des auditeurs internes qui semble être un gage de réussite dans la fonction. Certaines de ces compétences sont en fait des qualités personnelles naturelles. D’autres sont des connaissances et un savoir-faire qui peuvent s’acquérir et être développés.

De ce qui est cité et d’aprés la Norme 1210 la compétence signifie que les auditeurs internes doivent posséder les connaissances, le savoir-faire et les autres compétences nécessaires à l’exercice de leurs responsabilités individuelles. L’équipe d’audit interne doit collectivement posséder ou acquérir les connaissances, le savoir-faire et les autres compétences nécessaires à l’exercice de ses responsabilités.

La compréhension de ces éléments permet à quiconque de savoir, en toute connaissance de cause, si l’audit interne constitue une voie professionnelle envisageable.

Qualités personnelles des auditeurs internes

Chacun a ses propres qualités ou caractéristiques personnelles. Ainsi, certains sont d’une nature plutôt introvertie (timides ou réservés) tandis que d’autres sont plus extravertis (ils se lient facilement et sont sociables). Voici quelques-unes des qualités personnelles communes à tous les excellents auditeurs internes.

  • Intégrité. L’intégrité n’a rien de facultatif chez les auditeurs internes : c’est au contraire un impératif. En effet, c’est sur l’intégrité des personnes que se bâtit la confiance, sans laquelle il est impossible d’être sûr que les propos et les actions sont fiables. Ceux qui s’appuient sur les travaux d’audit interne se fient au jugement professionnel des auditeurs internes pour prendre des décisions importantes. Ils doivent avoir la certitude que les auditeurs internes sont dignes de foi.
  • Passion. Il est quasiment impossible de réussir dans une activité que l’on n’aime pas véritablement. Les bons auditeurs internes ressentent un intérêt profond et un enthousiasme sincère pour leur travail. Si certains expriment davantage cette passion, celle-ci est de toute façon indispensable à une réussite durable.
  • Capacité de travail. Pour réussir dans la profession, il faut être à même de répondre en permanence aux attentes des « clients » en termes de qualité, de coût et de délai. Il faut pour cela travailler dur. Les auditeurs internes doivent non seulement travailler dur, mais également faire intelligemment ce qu’il faut de la façon qu’il faut et au moment où il le faut.
  • Curiosité. L’information nécessaire pour formuler un jugement au cours d’une mission d’audit interne ne saute pas toujours aux yeux. Un auditeur interne qui réussit doit donc être naturellement curieux et ne pas se contenter de poser des questions sous la forme d’une checklist. Il lui faut parfois poser des questions plus approfondies pour comprendre comment les choses fonctionnent.
  • Créativité. La plupart des auditeurs internes aiment résoudre des problèmes. Cependant, beaucoup de problèmes n’ont pas de solution évidente. C’est pourquoi, pour réussir, les auditeurs internes doivent se montrer créatifs et faire en sorte que leur pensée sorte des sentiers battus, afin d’avoir des idées appréciées par le management et par d’autres parties prenantes .
  • Initiative. Un auditeur interne qui réussit a l’esprit d’initiative. Il recherche de lui-même, exploite les possibilités de création de valeurs, et souhaite être un agent du changement au sein de son organisation.
  • Flexibilité. Le changement est la seule constante dans le monde de l’entreprise d’aujourd’hui. Les organisations performantes s’y adaptent en permanence, et comme le changement s’accompagne de nouveaux risques, ceux-ci doivent être gérés.

Un auditeur interne qui réussit prend en compte le changement et s’adapte rapidement aux situations et difficultés nouvelles.

Les caractéristiques décrites ci-dessus sont les qualités personnelles que doit posséder un auditeur interne pour réussir. Doit-on en déduire que quelqu’un à qui il manque une ou plusieurs de ces caractéristiques est voué à l’échec dans cette profession ? Pas nécessairement.

Certes, l’intégrité est impérative et il serait inutile de vouloir continuer dans une profession dans laquelle on ne croit pas vraiment ou pour laquelle on n’est pas prêt à s’engager pleinement.

Les autres qualités énumérées peuvent s’acquérir et être développées si l’on s’en donne la peine. Il importe néanmoins de comprendre comment chacune de ces qualités permet aux auditeurs internes de réussir. Pour ceux qui visent une réussite durable, la plupart de ces qualités seront nécessaires.

Connaissances, savoir-faire et références

Les Normes de la profession imposent aux auditeurs internes d’accomplir leurs missions d’assurance et de conseil avec compétence, ce qui signifie qu’ils doivent posséder ou acquérir les connaissances, le savoir-faire et les autres compétences nécessaires à l’exercice de leurs responsabilités (Norme 1210). Quelles connaissances et quel savoir-faire sont nécessaires pour réussir en tant qu’auditeur interne ?

La réponse à cette question varie, dans une certaine mesure, en fonction du degré d’avancement dans la carrière et des responsabilités à exercer. Ceux qui envisagent de mener une longue carrière dans l’audit interne devront sans cesse perfectionner leurs connaissances et leur savoir-faire.

Ainsi, on attendra d’un chef de mission ayant quatre ans d’expérience un niveau d’exigence qui ne sera pas le même que pour un jeune diplômé. En conséquence, s’il est un savoir-faire essentiel qu’il faut commencer à développer dès l’école, c’est d’apprendre à apprendre, car les auditeurs internes ne cessent d’apprendre tout au long de leur carrière.

Nul ne saurait être un expert de l’audit interne à sa sortie d’une école. Comme toute profession, l’audit interne s’apprend en premier lieu par l’expérience, ou, comme on dit, «sur le tas ».

C’est comme pour apprendre à conduire: personne ne saurait y parvenir simplement en lisant des manuels, en écoutant quelqu’un en parler ou en regardant les autres conduire.

Il faut en faire l’expérience soi-même: il est nécessaire de se mettre au volant et de pratiquer, de préférence sous la supervision d’un instructeur qualifié. Il en va de même pour l’audit interne: on apprend par la pratique, sous le regard perspicace de superviseurs et mentors chevronnés.

Étant donné que les auditeurs internes doivent disposer d’un large éventail de compétences, les Instituts ont élaboré un Référentiel de compétences de l’audit interne.

Ce référentiel peut aider les auditeurs internes et les fonctions d’audit interne à évaluer leurs iveaux de compétence actuels et à repérer les domaines dans lesquels ils doivent progresser. Il énonce le niveau minimum de connaissances et de compétences qui sont nécessaires dans quatre domaines pour que le travail soit efficace et que la fonction d’audit interne reste performante.

L’encadré 1 présente ces quatre domaines et les qualités spécifiques recommandées pour chacun.

compétences des auditeurs internes

À première vue, ce référentiel peut paraître lourd et fastidieux.

Cependant, ces compétences ne sont pas obligatoires pour débuter à un poste d’audit interne, et elles peuvent être acquises au fil du temps. Il y a beaucoup de choses qu’un étudiant peut faire pour se préparer à son premier poste d’auditeur interne. Il peut acquérir certains niveaux de connaissance et de compétence par les moyens suivants:

  • une formation en audit, comptabilité, systèmes d’information, risques opérationnels et contrôles, gestion, économie et finance, droit commercial ou méthodes quantitatives. Il est particulièrement intéressant d’avoir des connaissances dans plusieurs domaines plutôt que dans un seul. Les connaissances en audit et en systèmes d’information, par exemple, sont très demandées ;
  • une expérience pratique des logiciels utiles à l’audit, comme ceux permettant l’établissement de diagrammes de flux, les tableurs, les bases de données et les logiciels d’audit généralisés;
  • un entraînement destiné à développer ses qualités de communication et son sens des relations humaines ;
  • des projets permettant aux étudiants d’adopter une pensée analytique, d’assimiler rapidement de nouvelles informations, de réagir à une ambiguïté, de traiter des tâches pluridimensionnelles non structurées et de gérer efficacement plusieurs projets de front;
  • un apprentissage d’une ou plusieurs langues étrangères afin d’évoluer dans un contexte international.

Les références qu’un étudiant fait apparaître sur son curriculum vitae refléteront les connaissances et savoir-faire qu’il a acquis :

  • un diplôme obtenu avec une bonne moyenne démontre la maîtrise d’une discipline ;
  • un emploi occupé pendant ses études ou la participation à des activités extrascolaires souligne la capacité à gérer correctement plusieurs tâches à la fois.

Les bourses et autres distinctions témoignent des réalisations d’un étudiant. Un stage est l’occasion de démontrer son aptitude à mettre en application ce que l’on a appris; un poste à responsabilité dans une association d’étudiants indique une motivation et une aptitude à diriger;

l’obtention du CIA avant même celle du diplôme de l’école témoigne non seulement d’une compétence particulière pour l’audit interne et des sujets connexes, mais également d’une volonté de réussir.

Le passage du statut de simple membre de l’équipe d’audit interne à celui de chef de mission chevronné signale que la personne est prête à encadrer des subordonnés et à les faire profiter de son expérience, à faire des présentations et à animer des réunions, à faire preuve de persuasion dans la communication avec tous les échelons de la hiérarchie, à établir des relations durables avec les audités et les clients, et à encourager activement le changement.

Les références qu’il faut présenter à ce stade d’une carrière d’auditeur interne peuvent inclure, par exemple, un historique de missions réussies, des témoignages d’audités et de clients (qui reconnaissent que cette personne « a de l’avenir »), un master en audit interne, diverses certifications professionnelles, et un poste d’encadrement parmi les bénévoles d’une organisation professionnelle, telle qu’un chapitre d’une ville américaine ou un Institut national.

Les professionnels de l’audit interne qui continuent de développer leurs compétences de gestion et de leadership peuvent poursuivre leur carrière dans la direction d’un service d’audit interne. Ils doivent être à même d’accompagner et d’encadrer des collaborateurs, d’aborder habilement les problèmes de gestion stratégique et d’inspirer du respect aux cadres supérieurs et à leurs collègues.

À mesure qu’une personne est de plus en plus considérée comme un possible leader à venir de l’audit interne, elle sera vraisemblablement invitée à faire profiter de ses compétences, par exemple en agissant comme bénévole à un niveau international, en faisant des communications lors de réunions d’associations professionnelles ou de conférences, ou en rédigeant des articles pour des revues spécialisées.

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