Dans ce cours on va essayer d’examiner le rôle social de l’organisation et son impact sur les objectifs. Or, les pouvoirs publics sont de plus en plus attentifs à cet aspect, tout en admettant que les solutions ne peuvent pas être exclusivement réglementaires . Cette question relève de l’éthique des affaires, qui comprend trois niveaux d’analyse :
- Au niveau macro, on peut s’interroger sur le rôle de l’organisation au sein de la collectivité locale, nationale et internationale. Il existe également des questions fondamentales sur la nature des relations internationales et le rôle des entreprises et des organisations publiques dans le développement d’une économie globalisée. Les managers doivent déterminer de quelles parties prenantes ils accepteront l’influence et quel rôle social ils entendent collectivement jouer. Il s’agit de définir quelle doit être la position éthique de l’organisation.
- À l’intérieur de cette macrostructure, la question de la responsabilité sociale de l’organisation soulève une série de problèmes éthiques spécifiques auxquels elle doit faire face lors de la formulation et du déploiement de ses stratégies. Cela revient notamment à déterminer dans quelle mesure l’organisation entend aller au-delà des obligations minimales imposées par sa structure de gouvernement et la manière dont les exigences contradictoires des différentes parties prenantes peuvent être conciliées.
- Au niveau individuel, l’éthique concerne le comportement et les actions des membres de l’organisation. Il s’agit bien entendu d’un des problèmes fondamentaux du management, mais nous ne l’aborderons ici qu’en relation avec la stratégie.
Table de matières
La position éthique
Le contexte réglementaire et la structure de gouvernement d’une organisation déterminent les obligations minimales qu’elle doit remplir vis-à-vis de ses différentes parties prenantes. La position éthique qu’adopte l’organisation par rapport à ces obligations constitue donc un problème stratégique déterminant.
La position éthique définit dans quelle mesure l’organisation entend excéder les obligations minimales qui la lient à ses parties prenantes et à la société dans son ensemble. Les organisations peuvent adopter des positions très différentes, qui sont généralement corrélées à leur culture interne.
Quatre types de positions éthiques
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Type 1 : À un extrême, on trouve les organisations qui considèrent que leur seule responsabilité est de garantir l’intérêt à court terme des actionnaires. Selon ce point de vue, c’est à l’État de définir, par l’encadrement juridique du gouvernement d’entreprise, le droit du travail et la fiscalité, quelles contraintes doivent s’exercer sur les entreprises dans leur recherche de l’efficience.
L’organisation respecte alors ces obligations minimales, mais ne va pas au-delà. De plus, les adeptes de cette posture éthique soulignent que lorsque les entreprises cherchent à jouer un rôle social qui n’est pas naturellement le leur, elles peuvent parfois ébranler l’autorité de l’État et contester son pouvoir.
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Type 2 : Les organisations qui adoptent la position éthique de type 2 défendent plutôt l’intérêt à long terme des actionnaires et considèrent que celui-ci peut profiter d’une gestion intelligente des relations avec les autres parties prenantes.
Il s’agit notamment de préserver la réputation de l’organisation, car il a été prouvé qu’elle a une influence sur son succès financier à long terme. On peut estimer par exemple que le fait de soutenir une réglementation favorable à la protection sociale constitue un investissement bénéfique pour l’image de l’organisation.
Type 3 : La troisième catégorie correspond à une position très différente, selon laquelle les intérêts et les attentes des parties prenantes (et pas seulement des actionnaires) doivent être explicitement intégrés dans les buts et les stratégies de l’organisation, ce qui pousse souvent à aller au-delà des obligations légales du gouvernement d’entreprise.
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Dans cette perspective, la performance de l’organisation ne doit certainement pas être mesurée uniquement par sa rentabilité financière. Les entreprises qui adoptent cette position peuvent conserver des activités déficitaires pour préserver l’emploi, éviter de fabriquer et de vendre des produits socialement sensibles et accepter une diminution de leur profit pour le bien de la collectivité.
Type 4 : La dernière catégorie est celle de la position idéologique, adoptée par les organisations qui ont pour ambition de transformer la société. Dans ce cas, les considérations financières ne sont qu’un moyen ou une contrainte et en tout cas un problème secondaire.
La viabilité de cette position dépend largement des structures de gouvernement d’entreprise et de la responsabilité vis-à-vis des parties prenantes. Il est généralement plus facile pour une organisation privée à capital familial d’agir de cette manière, car elle n’a pas d’obligations à remplir à l’égard d’actionnaires extérieurs ou d’une autorité de tutelle.
La responsabilité sociale de l’entreprise
Pierre-Louis Dubois , « Pour de nombreuses entreprises, la La responsabilité sociale de l’entreprise est essentiellement une forme de communication qui leur permet d’apparaître séduisantes vis-à-vis des parties prenantes. Il suffit de considérer le poids financier des actions entrant dans le domaine de la La responsabilité sociale de l’entreprise par rapport aux dépenses de l’entreprise pour mesurer l’engagement de chacune d’entre elles ».
Dans le contexte général de la position éthique, la responsabilité sociale de l’entreprise définit de quelle manière une organisation excède ses obligations minimales envers ses différentes parties prenantes. Cela inclut notamment la résolution d’éventuels conflits entre des attentes contradictoires.
Étant donné que la réglementation ne fixe pas de la même manière les droits respectifs de toutes les parties prenantes, il est utile de distinguer entre celles qui ont une relation contractuelle avec l’organisation (les clients, les fournisseurs ou les employés) et les autres (la collectivité au sens large, les groupes de pression ou les associations de consommateurs) qui ne bénéficient pas des mêmes protections légales. La responsabilité sociale de l’entreprise concerne essentiellement cette deuxième catégorie d’interlocuteurs.
Le tableau suivant présente un certain nombre de ces points – tant en interne qu’en externe – et propose une liste de contrôle à partir de laquelle les actions de responsabilité sociale d’une organisation peuvent être évaluées. Bien que de nombreuses entreprises se soient explicitement prononcées sur leur position à l’égard de la plupart de ces points, un pourcentage significatif n’a établi aucune procédure précise sur la manière de la mettre en œuvre.
Il en découle des discours de bonnes intentions qui ne se traduisent pas dans les faits. Si les entreprises sont plus concernées qu’auparavant par leur responsabilité sociale, elles limitent leur implication à une gamme étroite de problèmes. Afin de donner corps à ces discours, certains auteurs recommandent le recours à des audits indépendants, censés vérifier que les questions de responsabilité sociale sont effectivement prises en compte.
Quelques questions sur la responsabilité sociale des entreprises
Dans un monde globalisé, les entreprises doivent développer une approche de la responsabilité sociale à la fois universelle et applicable dans des contextes locaux très différents. Dans cette optique, certaines organisations regroupent des chefs d’entreprise dans le but de définir et de promouvoir une morale économique universellement acceptée.
Étant donné que l’activité des entreprises dans une zone géographique donnée a un impact sur le reste du monde (par exemple en termes de pollution ou de pratiques commerciales), il est indispensable de prendre en compte l’impact global des stratégies. Ces principes des affaires concernent l’implication des entreprises et des gouvernements en termes de développement durable, notamment en ce qui concerne l’épuisement des ressources naturelles ou la préservation de l’environnement.
Conclusion
L’éthique des affaires et la responsabilité sociale sont des piliers qui redéfinissent la manière dont les entreprises fonctionnent et interagissent avec le monde qui les entoure. Elles montrent que le succès d’une entreprise ne se mesure pas seulement en chiffres, mais aussi en impact positif. En intégrant ces concepts dans nos activités commerciales, nous façonnons un avenir où les entreprises prospèrent tout en laissant une empreinte positive sur la société.
Source : GERRY JOHNSON, KEVAN SCHOLES, RICHARD WHITTINGTON, FRÉDÉRIC FRÉRY « Stratégique », 7ème édition,
Pierre-Louis Dubois Sous la direction de Jacques Igalens, « La responsabilité sociale des entreprises : Défis, risques et nouvelles pratiques »,(2012).