Le modèle de la croissance endogène

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Pour les partisans de la théorie de la croissance endogène, le progrès technique ne tombe pas du ciel. La croissance est ainsi assimilée à un phénomène autoentretenu par accumulation de quatre facteurs principaux : la technologie, le capital physique, le capital humain et le capital public.

Les théories récentes de la croissance endogène cherchent à construire des modèles qui expliquent l’apparition du progrès technique. Ces modèles ont été développés à partir des années 1980, notamment par Paul Romer (1986), Robert Barro (1991), Robert Lucas (1988) ou Philippe Aghion et Peter Howitt (1998). Ils se fondent sur l’hypothèse que la croissance génère par elle-même le progrès technique.

Le progrès technique est donc « endogène » à la croissance de la production. Cette analyse se trouvait déjà chez Schumpeter puisqu’il affirmait que les innovations progressives résultent de l’amélioration des innovations précédentes.

Dans un pays qui s’enrichit grâce à la croissance, le comportement rationnel des agents économiques va produire des « externalités positives » c’est-à-dire des avantages procurés aux autres agents économiques sans qu’ils en aient à payer le coût.

La croissance économique trouve donc sa source dans l’accumulation de différentes formes de capitaux (technologique, expérience et savoir-faire, éducation et formation professionnelle, infrastructures publiques…) utilisés par les différents agents économiques. La croissance dépend donc de l’accumulation de capital au sens large.

L’accumulation du capital concerne quatre types de capitaux qui interagissent :

Le capital physique c’est-à-dire le capital fixe et le capital circulant des entreprises privées

  • Le capital humain se définit comme l’ensemble des capacités productives qu’un individu
    acquiert par l’accumulation de connaissances ou de savoir-faire généraux ou spécifiques. Cette notion a été développée par Gary Becker. Elle repose sur l’idée que le travail peut-être assimilé à une forme de capital, dont les principales caractéristiques sont le niveau de formation, de qualification, la santé, etc.
  • Le capital technologique correspond au stock des connaissances scientifiques et techniques permettant d’accroître la productivité globale des facteurs ou de créer de nouveaux produits. Dans ce capital technologique sont intégrés les brevets, les secrets de fabrication, les fruits de la recherche et le système de partage de la connaissance.
  • Le capital public correspond à l’ensemble des infrastructures publiques offertes par l’Etat et les collectivités locales (Ecole, universités, routes, canaux, aéroports,…).

1) Le capital physique, c’est l’équipement dans lequel investit une entreprise pour la production de biens et de services.

Romer (1986) a cependant renouvelé l’analyse en proposant un modèle qui repose sur les phénomènes d’externalités entre les firmes : en investissant dans de nouveaux équipements, une firme se donne les moyens d’accroître sa propre production mais également celles des autres firmes concurrentes ou non.

L’explication à ce phénomène réside dans le fait que l’investissement dans de nouvelles technologies est le point de départ à de nouveaux apprentissages par la pratique. Parmi les formes d’apprentissage, on peut citer l’amélioration des équipements en place, les travaux d’ingénierie (agencement des techniques existantes), l’augmentation de la compétence des travailleurs…Or ce savoir ne peut être approprié par la firme qui le produit. Il se diffuse inévitablement aux autres firmes. L’investissement a un double effet : il agit directement sur la croissance et indirectement sur le progrès technique.

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2) Le capital technologique :

Pour Romer (1986), le changement technique provient d’une idée mise en forme et testée. Cependant, entre l’émergence d’une idée nouvelle et sa mise en œuvre concrète, il peut y avoir un très long chemin (test, essais-erreurs…) qui nécessite le concours de plusieurs personnes et les coûts de mise au point peuvent être très élevés.

Une fois ces étapes franchies, si l’idée est acceptée, le produit qui en résulte peut être multiplié avec un coût bien moindre (ainsi le premier disque compact, le premier ordinateur ont nécessité des efforts colossaux de la part de ceux qui les ont mis au point, cependant leur reproduction à l’identique a été beaucoup plus facile).

Les idées qui provoquent des changements techniques, à terme donnent naissance à des rendements croissants (les exemplaires suivants coûtent beaucoup moins chers), voire fortement croissants (duplication d’un logiciel).

Si bien que pour celui qui s’est efforcé de transformer l’idée en produit, le risque existe que des concurrents en profitent et que lui ne récupère jamais son investissement initial, alors que ces concurrents s’enrichissent.

Des droits de propriété intellectuelle limiteront ce risque : des brevets protègent l’inventeur qui dispose d’un monopole d’exploitation (limité dans le temps) sur l’œuvre ou le produit tiré de son travail. Le changement technique sera d’autant plus intense que les innovateurs espèreront en tirer un profit important.

3) Le capital humain a été mis en évidence par deux économistes de l’Ecole de Chicago :

Theodor Schultz et Gary Becker, et est au centre des études menées par R.E Lucas (1988). Le capital humain désigne l’ensemble des capacités apprises par les individus et qui accroissent leur efficacité productive.

Il se définit comme l’ensemble des capacités productives qu’un individu acquiert par l’accumulation de connaissances ou de savoir-faire généraux ou spécifiques. Le capital humain est l’ensemble des aptitudes, talents, qualifications, expériences accumulés par un individu qui déterminent en partie sa capacité à travailler ou à produire pour lui-même ou pour les autres.

L’investissement en capital humain consiste alors à acquérir de nouvelles connaissances, de nouveaux savoirs et savoir-faire, de sorte à accroître la capacité productive et innovatrice de la main-d’œuvre .

Chaque individu est en effet, propriétaire d’un certain nombre de compétences, qu’il valorise en les vendant sur le marché du travail.

Dans ce schéma, l’éducation est un investissement dont l’individu attend un certain retour. Il est alors naturel de souligner que la tendance dans les pays occidentaux à un allongement de la durée moyenne de la scolarité est une cause non négligeable de la croissance.

Ceci implique :

  • La formation initiale la plus longue possible pour avoir le stock de connaissances le plus efficace non seulement en matière de compréhension et de maîtrise des savoirs faire professionnels mais aussi en matière d’entretien de sa santé.
  • La formation par apprentissage qui s’acquiert dans l’activité professionnelle ou au cours des expériences de la vie.
  • La formation professionnelle organisée par l’entreprise qui donne au salarié des compétences spécifiques qui ne sont pas toujours transférables dans une autre activité ou une autre entreprise.

4) Le capital public :

Il correspond aux infrastructures de communication et de transport qui sont au cœur du modèle élaboré par Barro (1990). Il résulte des investissements opérés par l’Etat et les collectivités locales. Le capital public comprend également les investissements dans les secteurs de l’éducation et la recherche.

Il comprend aussi, les structures institutionnelles créées par l’Etat en vue de soutenir la rentabilité des investissements privés, comme celles qui visent à protéger le processus d’innovation et à lutter contre les problèmes de l’appropriation de l’innovation comme il a été dit précédemment, ainsi que celles qui visent à subventionner les activités insuffisamment rentables pour les agents économiques et qui répondent à des besoins collectifs.

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