Comment mesure-t-on la croissance?

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L’approche statistique tente par la comparaison de données entre pays développés et pays sous développés de préciser la situation actuelle des pays sous développés ; et de classer dans la catégorie des pays sous développés les pays qui ne répondent pas à certaines normes.

L’étude des indicateurs permet ainsi de mesurer les évolutions et d’effectuer des comparaisons entre pays.

Comment mesure-t-on la croissance? Deux principaux types d’indicateurs peuvent être distingués :

  • Les indicateurs unidimensionnels.
  • Les indicateurs synthétiques

Indicateurs unidimensionnels

Indicateurs quantitatifs : PNB/tête

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Le PNB/hab.est l’indicateur le plus connu et le plus utilisé ; il est considéré comme le critère quantifiable le plus commode et le plus simple.

Il permet de classer les pays selon leur revenu et donc de mesurer les écarts inter pays (classification de la Banque mondiale).

Il se prête mieux aux comparaisons internationales que le PIB/tête d’hab. dans la mesure où le PNB ne retient que la production des Entreprises nationales (y compris celles résidant à l’étranger) et non les Entreprises situées sur le territoire qu’elles soient nationales ou non.

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Toutefois, il n’exprime qu’imparfaitement le niveau de développement, en particulier pour certains pays à économie de rente (pays exportateurs de pétrole) qui malgré leur revenu élevé sont rangés parmi les pays du Tiers-monde.

Ainsi plusieurs critiques peuvent lui être adressées.

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Les limites du PNB/hab comme indicateur de croissance des richesses :

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Le PIB mesure-t-il parfaitement la richesse créée dans un pays ? L’augmentation de la quantité de biens et de services correspond-t-elle à une amélioration du bien-être ?

L’utilisation du PIB pose, une série de problèmes :

  • La fiabilité des recensements démographiques (PNB/population) : le PNB/tête est un rapport moyen entre deux grandeurs chiffrées : la population et le PNB. (PNB/population).

Certains gouvernements sous-évaluent volontairement le chiffre de la population nationale pour gonfler artificiellement le revenu par tête. Par cette manipulation des chiffres on désinforme l’opinion nationale et on oriente dans le sens désiré les tractations avec les organisations internationales.

-Le PNB ne prend pas en compte la totalité des richesses produites (économie informelle) :

Il ne mesure que les échanges marchands : le PNB ne prend en compte que les productions et les échanges que l’on peut évaluer en monnaie ; lui échappe donc certaines données comme l’auto-production et l’autoconsommation des services, l’auto construction de son logement ; il sous-évalue les activités non marchandes (l’autoconsommation des ménages et les services collectifs non marchands produits par les administrations).

  • Le PNB n’est qu’une moyenne, il cache l’inégale répartition des revenus: son augmentation peut ainsi aller de pair avec une amplification des inégalités
  • L’instabilité du taux de change limite la comparaison internationale. Utilisation du PNB/hab corrigé des parités du pouvoir d’achat (PPA).

Les limites de la comparaison internationale due à l’instabilité du taux de change. En effet la conversion du PNB/tête de la monnaie nationale à une monnaie internationale (le dollar américain) peut induire des biais car le PNB/tête donne un montant brut en dollars sans tenir compte des différences de prix existant entre pays.

Aussi le PNB/tête en PPA (parité de pouvoir d’achat) va corriger le PNB/tête en fonction du pouvoir d’achat permis par 1$ dans chaque pays.

  • Le PIB par habitant mesure mal la qualité de la vie et le développement humain
  • Le PIB par tête n’est pas un indicateur suffisant pour mesurer le degré de satisfaction des besoins fondamentaux d’une population.
  • La croissance des richesses matérielles n’entraîne pas automatiquement le
  • développement économique des pays et le développement humain des populations.

Indicateurs qualitatifs

Les insuffisances du PNB/tête ont poussé à rechercher d’autres indicateurs non pas économiques mais sociaux et à les établir en une « liste de critères ».

Les indicateurs sociaux :

Parmi les indicateurs les plus souvent avancés, on peut distinguer ceux qui relèvent de la couverture des besoins dits fondamentaux (alimentation, santé, éducation) ; ceux ayant trait aux disparités (au niveau de la répartition des revenus, entre hommes et femmes, entre la ville et la campagne) ; ceux ayant trait à l’accès à la consommation d’un certain nombre de biens et services ; et ceux ayant trait aux infrastructures disponibles (accès à l’eau potable, au téléphone à l’électricité..).

On y trouve ainsi : l’espérance de vie à la naissance, le taux d’analphabétisme, le niveau alimentaire, la croissance démographique ,la consommation énergétique, et également la corruption considérée comme un phénomène qui entrave la marche de l’économie et de la société.

Les listes de critères ou critériologie :

L’objectif visé par la confection de liste de critères définissant le sous-développement essaye de rendre compte des multiples facettes du sous–développement (politique, sociale…) et de ne pas se limiter au seul aspect économique. Ainsi la présentation de ces critères montre le caractère multidimensionnel du développement et vient compléter l’approche par le PNB /tête.

Parmi les listes les plus connues, celle de Sauvy (1956), celle de Leibenstein (1957), et celle de Lacoste.

Selon Lacoste, les caractéristiques majeures du sous-développement sont les suivantes Critériologie de Lacoste :

• Les insuffisances alimentaires
• La faiblesse de la productivité agricole
• La faiblesse du PNB
• Industrialisation restreinte et incomplète
• Subordination éco
• Violentes inégalités sociales
• Désarticulation des structures éco et sociales
• Ampleur du chômage et du sous emploi
• Faible niveau d’alphabétisation
• Etat sanitaire défectueux
• Ampleur de la croissance démographique et pop jeune

Limites de cette démarche :

ce type d’approche met sur le même plan des critères relevant de niveaux d’analyse différents, or il est incorrect de combiner des critères dans des domaines aussi différents pour définir le sous-développement (économique, démographique, agricole, politique, technique …).

Cette approche est une juxtaposition de critères qui ne permet pas de repérer des liens de causalité entre eux : il y confusion entre les causes et les conséquences du sous- développement (le sous-emploi est-il une cause ou une conséquence du sous-développement ?). Il s’agit d’un assemblage hétérogène.

Actuellement la démarche s’oriente plutôt vers la confection d’indices synthétiques.

Les indicateurs synthétiques

L’indicateur de développement humain

L’IDH a été créé par le PNUD en 1990, il combine 3 composantes essentielles dans la satisfaction des besoins humains: le niveau de vie mesuré par le PNB/hab en fonction du pouvoir d’achat (PPA), la santé/ longévité et le niveau d’éducation, il varie entre 0 et 1, le défi consiste à réduire le « déficit en IDH ».

La santé/longévité est mesurée par l’espérance de vie, qui permet de mesurer indirectement la satisfaction des besoins matériels essentiels tels que l’accès à une alimentation saine, à l’eau potable, à un logement décent, à une bonne hygiène et aux soins médicaux.

Le savoir ou niveau d’éducation. Il est mesuré par la durée moyenne de scolarisation (moyenne du nombre d’années d’éducation dispensées à des adultes de 25 ans ou plus au cours de leur vie) et la durée attendue de scolarisation (nombre d’années de scolarisation dont un enfant d’âge d’entrée à l’école peut espérer bénéficier).

Les insuffisances de l’IDH :

On reproche au PNUD de s’intéresser davantage à la répartition des richesses qu’à leur création: le PNUD considère que l’amélioration des conditions de vie contribue à renforcer les capacités d’une pop à créer des richesses.

Les critiques portent essentiellement sur deux points : « le choix des composantes de l’IDH » et « la capacité d’un chiffre unique à refléter quelque chose d’aussi complexe que le développement humain ».

  • Le choix des composantes de l’IDH :

L’IDH a une vision restrictive du développement par l’absence notamment des notions de liberté et respect des droits de l’homme, et de l’optique environnement.

L’IDH utilise le PNB/tête malgré ses différentes limites.

Le choix du taux d’alphabétisation des adultes pour représenter le niveau de savoir d’une population revêt des limites ; en effet le taux d’alphabétisation des adultes ne permet pas de rendre bien compte des progrès faits en matière d’éducation.

Un pays qui augmenterait le taux de scolarisation des enfants ne verrait pas évoluer sensiblement l’indice d’alphabétisation des
adultes avant plusieurs années , il ne reflète donc qu’à long terme les effets d’efforts entrepris dans le domaine éducatif.

  • La capacité d’un chiffre unique à refléter un phénomène aussi complexe que le développement humain :

les 3 composantes de l’IDH ne reflètent qu’une partie de la réalité quotidienne des individus ; il y a risque de simplification et de caricature de la réalité.

Le PNUD y répond en défendant le caractère utile de l’indicateur pour focaliser l’attention et simplifier le problème.

On ne peut reprocher au PNUD de s’être trop intéressé à un indicateur unique puisque depuis 1991, chaque rapport propose des innovations, souvent sous forme d’indicateurs complémentaires à l’IDH.

Les indicateurs complémentaires à l’IDH.

Depuis 1991, le PNUD propose des indicateurs complémentaires qui tournent autour de 2 idées :

tenir compte des notions de liberté et de respect des droits de l’homme : ILH (indicateur de liberté humaine) en 1991 remplacé par l’ILP (indicateur de liberté politique) en 1992.

tenir compte des inégalités spécifiques entre les hommes et les femmes au niveau des salaires, de l’éducation et de la longévité : ISDH (indicateur sexo-spécifique du développement humain) en 1995 et l’IPF (indicateur de participation des femmes) en 1997.

Depuis 1997, afin d’apprécier certaines inégalités et devant la montée de la pauvreté, le PNUD va introduire une innovation supplémentaire pour pouvoir appréhender la pauvreté sur des critères autres que monétaires : « à travers l’IPH (l’indicateur de pauvreté humaine) il importe de définir une mesure de la pauvreté qui soit davantage axée les personnes or, l’insuffisance du revenu n’est que l’une des manifestations de la misère et elle concerne les moyens plutôt que les fins (PNUD 1996) ».

Il s’agit de fournir une évaluation de la pauvreté dans une nation en approchant les déficits observés dans les 3 domaines de l’IDH : l’espérance de vie, l’instruction et les conditions de vie.

Les 3 composantes reposent respectivement sur : le pourcentage d’individus risquant de mourir avant 40 ans ; le pourcentage d’adultes analphabètes ; et le pourcentage d’individus privés des services de santé, d’eau potable, ainsi que le pourcentage d’enfants de moins de 5 ans victimes de malnutrition.

Conclusion

L’IDH a l’avantage d’introduire des éléments qualitatifs dans la mesure du développement.

L’IDH et ses améliorations montrent la conception du développement défendue par le PNUD : une conception axée sur l’aspect humain qui ne se réduite pas à une dimension matérialiste ou financière (celle de la banque mondiale).

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