La concurrence monopolistique : cours et exercice corrigé

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Les deux modèles extrêmes étudiés précédemment de la théorie des prix (marché de concurrence pure et parfaite, et marché de monopole) ne sont certainement pas les deux formes de marché les plus répandues. Entre le pouvoir absolu du monopole et l’absence de pouvoir des entreprises concurrentielles, il existe toute une gamme de stratégies auxquelles correspondent différents types de marchés.

Dans la réalité, on rencontre d’autres formes de marchés parmi lesquels le marché de concurrence monopolistique.

Définition de la concurrence monopolistique

La concurrence monopolistique se réfère à une organisation de marché dans laquelle il y a plusieurs entreprises qui vendent des marchandises qui se ressemblent beaucoup sans être identiques. Les nombreuses marques de voitures sur le marché (Mercedes, Renault, Peugeot, Citron, etc..) en constituent un exemple.

Propriétés de la concurrence monopolistique

Le marché de la concurrence monopolistique présente des éléments qui l’apparentent à la fois à la concurrence pure et parfaite et au monopole. Par rapport au premier type de marché, la concurrence monopolistique conserve la caractéristique du grand nombre de producteurs, la liberté d’entrée et sortie de la branche ainsi que la libre détermination des décisions.

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Par contre, le marché de concurrence monopolistique se caractérise aussi par l’hétérogénéité du produit. En conséquence, les entreprises peuvent différencier leurs produits et ce, soit physiquement, soit à l’aide de la publicité. De même, le caractère géographique d’une production peut contribuer à la différenciation du produit.

Les acheteurs et les vendeurs se trouvent donc répartis sur une aire géographique et séparés par des coûts de transport (rappelons que ces coûts sont supposés nuls dans le cas de la concurrence pure et parfaite).

Tous ces caractères qui contribuent à la différenciation du produit font que chaque entreprise dispose d’une clientèle relativement permanente. Le consommateur peut préférer à prix égal le produit de telle ou telle entreprise donnée. Par conséquent, la courbe de demande à l’entreprise n’est plus infiniment élastique, c’est-à-dire que, graphiquement, elle n’est plus parallèle à l’axe des quantités (comme cela a été le cas des entreprises placées en situation de marché de concurrence pure et parfaite).

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La demande se trouve donc fonction décroissante du prix. Autrement dit, les entreprises ne subissent plus le prix du marché (comme en situation concurrentielle), mais elles peuvent, au contraire, choisir le couple quantité-prix qui leur permet de maximiser le profit (comme en situation monopolistique).

Enfin, il faut préciser que le marché de concurrence monopolistique se distingue par rapport au marché de monopole dans la mesure où dans le premier cas la courbe de demande ne se confond pas avec la demande globale du marché. Chaque entreprise en situation de concurrence monopolistique subit la concurrence des proches substituts qui sont fabriqués par les autres entreprises.

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L’équilibre de l’entreprise en concurrence monopolistique

Par souci de clarté, il peut être bon de souligner les aspects ‘concurrentiels’ et ‘Monopolistique’ de la concurrence monopolistique.

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Une entreprise en situation de concurrence monopolistique est semblable au monopole dans la mesure où elle est confrontée à des courbes de demande et de revenu marginal ayant des pentes négatives. Elle détermine donc sa politique de prix et de production en égalisant le coût marginal au revenu marginal plutôt qu’au prix, comme dans la concurrence parfaite.

Simultanément, elle est aussi semblable à une firme en concurrence parfaite puisqu’elle est confrontée à une rivalité directe sur le marché.

A long terme, le profit pur disparait comme en situation de concurrence parfaite. Alors que les differents types d’entreprises peuvent obtenir un profit économique à court terme, la liberté d’entrée le fait disparaitre à long terme sauf en situation de monopole pur.

La nature quantitative de la rivalité entre les firmes est également différente. En effet en concurrence parfaite, elle est totalement impersonnelle. A l’opposé en situation de monopole il n’y a aucune rivalité directe mais elle peut être potentiellement indirecte.

Le cas de la concurrence monopolistique est quelque peu différent, mais il est plus proche de la concurrence parfaite. C’est à dire que l’entreprise en concurrence monopolistique, au moins théoriquement, est consciente de l’existence de produits légèrement
différenciés et hautement substituables dans les autres firmes.

En ce qui concerne l’équilibre de l’entreprise en concurrence monopolistique, il existe deux alternatives

  • Court terme : l’entreprise bénéficie d’une rente parce que le nombre de ses concurrents est inférieur à l’optimum.
  • long terme : le nombre de firmes sur le marché est tel que chacune d’elles réalise un profit nul.

L’équilibre de la concurrence monopolistique à court terme

L’équilibre de court terme en situation de concurrence monopolistique se réalise lorsque:

  • Chaque entreprise choisit le niveau de production correspondant à l’égalité entre le revenu marginal issu de la courbe de demande qu’elle perçoit et le Coût marginal ;
  • la courbe de demande perçue par l’entreprise coupe la courbe de demande proportionnelle à hauteur de la production choisie par elle ;

On constate qu’un tel équilibre se réalise sous deux conditions:

  • La première est classique, puisqu’elle recouvre la coordination de l’offre et de la demande.
  • La seconde est nouvelle puisqu’elle correspond à la coordination des anticipations.

On peut dire que l’équilibre de l’entreprise a court terme en situation de concurrence monopolistique ressemble a celui du monopole dans la mesure, d’une part, qu’il est segmenté, et d’autre part que la demande a laquelle est confronté l’entreprise n’est plus infiniment élastique.

En effet nous ne retrouvons pas un prix d’équilibre unique dans le modèle de concurrence monopolistique, car c’est selon le degré de différenciation que les prix de demandes par les entreprises varient.

Nous pouvons avoir une entreprise qui met l’accent sur l’exclusivité, alors que d’autres offrent un produit plus courant. C’est à dire que si une entreprise produit un bien légèrement différent, sa courbe de demande s’abaisse vers la droite ,et elle peut élever le prix de son produit face à l’augmentation de la demande résultant de la préférence des clients pour les caractéristiques du produit différencié, sans prendre en considération l’impact de cette augmentation sur les autres entreprises. On peut dire que dans cette situation l’entreprise se comporte comme un monopole.

Cependant il y a beaucoup de produits de remplacement aisément disponibles. Les entreprises attirent les acheteurs dont les préférences divergent, et vendent à des prix différents.

Si elle augmente le prix, l’entreprise peut perdre quelques-uns, mais quelques- uns seulement de ses clients au profit d’autres firmes. Si elle abaisse un peu son prix, elle prendra à ses concurrents quelques-uns de leurs clients.

Cette situation démontre l’autonomie dont peuvent jouir certaines entreprises sur un marché de concurrence monopolistique.

Les entreprises ont la possibilité d’adopter des variations de prix différentes et sont relativement à l’abri des variations de prix des autres.

En effet les acheteurs qui tiennent à l’exclusivité ne vont pas délaisser le produit à la suite d’une légère variation de prix à la baisse des substituts.

Cette autonomie est totalement absente dans le modèle de la concurrence pure et parfaite.

L’équilibre de la concurrence monopolistique à court terme
Figure 1 : Equilibre de courte période en C

Le prix de maximisation de profit est Po et sa production en Qo.

Contrairement à une firme de concurrence pure et parfaite qui ne choisit que la quantité à produire pour un prix donné, la firme qui offre un produit différencié choisit un couple prix-quantité de maximisation de profit. Le prix choisi est donc supérieur au coût marginal de production, et la firme restreint la quantité produite relativement au comportement de concurrence pure et parfaite.

Donc cette firme fixe son prix en P0 et sa production en QO, Cette association de prix et de production permet de maximiser son profit.

En effet, à ce niveau de profit, la recette marginale est égale au coût marginal; et le prix P0 est supérieur au coût total moyen, c’est -à-dire 1e profit économique existe.

L’équilibre de l’entreprise à long terme

Une situation d’équilibre de courte période avec un profit économique positif va attirer de nouvelles entreprises dans le marché.

L’augmentation du nombre d’entreprise entraine le déplacement de la courbe de demande de l’entreprise vers la gauche, et donc une baisse du profit économique au nouvel équilibre de long terme

L’équilibre de l’entreprise en concurrence monopolistique
Figure 2 : Equilibre de l’entreprise de CM en long terme

Les conséquences de ce déplacement sont de deux ordres:

  • La quantité produite QO n’est plus la quantité optimale.
  • On enregistre une réduction de profit.

Selon la logique du modèle, les déplacements de la demande et les ajustements de taille dureront tant et aussi longtemps qu’il y aura du profit.

L’entrée de nouvelles entreprises sur le marché s’arrête lorsque le prix optimal de chaque entreprise ne permet plus de réaliser un profit positif, en étant devenu égal à son coût moyen de longue période.

L’équilibre à long terme se caractérise alors par une courbe de demande spécifique tangente à la courbe de coût moyen de long terme.

La courbe de demande de marché de l’entreprise coupant sa courbe de coût moyen en ce point de tangence.

La concurrence monopolistique
Figure 3 : Coûts et recettes de l’entreprise de CM en long terme

Le graphique décrit l’équilibre de long terme d’une firme en régime de concurrence monopolistique.

A long terme, le profit de l’entreprise en concurrence monopolistique tend à s’annuler du fait que la recette moyenne devient tangente au coût moyen. On constate que l’équilibre de longue période n’est possible que si :

  • chaque firme ne réalise ni profit économique ni perte.
  • chaque firme maximise son profit.

Dans ce cas, la condition de profit économique nul n’est satisfaite qu’avec cette association d’un prix P1 et d’une production Q1, car à ce niveau de production le coût moyen de la firme est égal au prix P1.

Ainsi, la condition de maximisation du profit est satisfaite, car la courbe de recette marginale coupe la courbe de coût marginal à ce niveau de production.

En comparant l’équilibre de long terme de la concurrence monopolistique avec celui de la concurrence pure et parfaite, caractérisé par un prix égal au minimum de coût moyen, CHAMBERLIN en conclut que la concurrence monopolistique aboutit à une situation où trop de produits sont offerts sur le marché.

La multiplication des marques empêche chaque entreprise de produire une quantité suffisante pour atteindre son point mort, qui est la quantité Qi, pour laquelle le coût moyen de long terme est Minimum.

Ce raisonnement de chamberlin est discutable. En effet si chaque entreprise offre un produit différencié, le fait que son prix reste, à l’équilibre de long terme au dessus de son point mort, peut être compensé par la valeur ajoutée qu’il apporte en termes de bien être aux consommateurs.

Conclusion

Connue depuis les années 30 mais sans jouer un grand rôle à cause du fait qu’il est beaucoup plus facile d’expliquer et d’analyser une théorie à travers le marché de concurrence parfaite ou de monopole pur, la concurrence monopolistique a été développée par
CHAMBERLIN pour répondre à une préoccupation croissante et à laquelle le monopole pur et la concurrence parfaite ne pouvaient pas répondre.

Cette théorie emprunte certaines de ces caractéristiques à la concurrence pure et parfaite comme le grand nombre d’offreurs sur le
marché, la libre entrée; d’autre au monopole, il s’agit de la différentiation qui joue un rôle primordial dans cette approche:

  • Elle permet à la firme de décider son prix et non pas le subir comme dans le cas de la concurrence pure et parfaite on pourra donc se passer du commissaire priseur fictif de Walras
  • Elle développe la notion de publicité et ouvre les portes à une concurrence hors prix.
  • La multitude de produit de remplacement, aisément disponible rend la demande fortement élastique et offre aux consommateurs une large gamme de choix.

En ce qui concerne l’équilibre, il est réalisé en concurrence monopolistique à court terme lorsque chaque entreprise choisit le niveau de production lui permettant d’égaliser le revenu marginal et le coût marginal, et lorsque la courbe de demande perçue par l’entreprise coupe la courbe de demande proportionnelle à la production choisie par elle.

Cependant à long terme une caractéristique supplémentaire s’impose : les entreprises doivent réaliser un profit nul.

Bien que le modèle la concurrence monopolistique ait complété les lacunes des marchés extrémistes, il a quand même été sévèrement critiqué.

George STIGLER a critiqué la définition du groupe de produit de CHABERLIN. Pour lui si chaque produit a plusieurs substituts étroits il est difficile de les cerner tous dans un groupe de produits.

COHEN et CYERT trouvent gênant que l’entreprise ne comprend pas que les concurrents finiront par prévoir ses actions. Dans ce cas là il est plus correcte d’utiliser la concurrence parfaite ou le monopole dans l’analyse. On déduit alors que le modèle de la concurrence monopolistique est aussi incomplet que les marchés fictifs.

Exercices corrigés sur la concurrence monopolistique

Une entreprise opérant en situation de concurrence monopolistique a une fonction de coût total de la forme:

CT = 0,5.X3 6.X2 + 26.X + 2197

En outre la demande propre à cette entreprise s’exprime par la relation: P = -6.X + 316.

Question 1: Déterminer l’équilibre de l’entreprise en courte période.

Question 2: Idem en longue période.

Question 3: Déterminer les fonctions de recette moyenne et recette marginale en longue période.

Solution

Question 1:

L’équilibre de courte période est déterminé par Cm = Rm

Cm = 1,5.X2 – 12.X + 26

RT = -6.X2 + 316.X

Rm = -12.X + 316

Cm = Rm

1,5.X2 – 12.X + 26 = -12.X + 316

1,5.X2 = 290

X = 13,9

D’où le prix P et le profit π:

P = – 6.(13,9) + 316

P = 232,6

π =(232,6).(13,9)-[ 0,5.(13,9)-6.(13,9)+26(13,9)+2197 ]

π = 3233,14 – 2741,9495

π = 491,19

Question 2 :

CM = 0,5.X² – 6.X + 26 + 219/X

RMCP = -6.X + 316

RMLP = -6.X + b

A l’équilibre, on doit avoir:(RM )’=(CM)’, c’est-à-dire:

-6 = X – 6 – (2197/X²)

X3 = 2197

X = 13

P = CM = 0,5.(13)² – 6.(13) + 26 + 2197/13

P = 201,5

Le profit en longue période est nul.

Question 3 :

Au point X = 13 , nous avons RMLP = CM

RMLP = -6.X + b et CM = 0,5.X² – 6.X + 26 + (2197/X)

Donc : -6.(13) + b = 0,5.(13) – 6.(13) + 26 + (2197/13)

b = 279,5

RMLP = -6.X + 279,5 et RmLP = -12.X + 279,5

On peut vérifier que l’égalité du coût marginal et de la recette marginale de longue période nous donne les valeurs d’équilibre de long terme.

RmLP = Cm

-12.X + 279,5 = 1,5.X2 – 12.X + 26

X2 = 169

X = 13

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