Les néoclassiques

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Apparue dans la seconde moitié du 19ème siècle, la pensée néoclassique tire son origine des travaux de Léon Walras, Vilfredo Pareto et Alfred Marshall. Trois notions sont essentielles : Le calcul à la marge, Le modèle du marché ( l’équilibre partiel et l’équilibre général) et la démarche normative.

Les néoclassiques

Positionnement dans l’histoire de la pensée économique

Les Néoclassiques sont à la fois en continuité et en rupture avec les auteurs classiques. Ils ont en commun la croyance dans la supériorité du libéralisme économique: le marché, soumis à la libre-concurrence (sans intervention de l’Etat), permet une situation optimale pour tous. En revanche, les Néoclassiques rejettent les théories de la valeur-travail et de la répartition qui étaient à la base de l’analyse classique (du moins pour Smith et Ricardo).

Le courant néoclassique apparaît au moment de la seconde révolution industrielle et de l’émergence des mouvements ouvriers. Ceux-ci sont notamment inspirés par les idées de Marx, qui publie « Le Capital » en 1867. Marx s’appuie sur les théories classiques de la valeur-travail et de la répartition des revenus pour dénoncer le capitalisme et l’exploitation des travailleurs. En rejetant Marx et la lutte des classes, les néoclassiques opèrent également une rupture avec les théories classiques jusque-là dominantes.

Méthode et conceptions de l’économie

Un des objectifs des auteurs néoclassiques est de donner une légitimité à l’économie: lui donner le statut de science au même titre que la physique ou la chimie. Les mathématiques apparaissent comme gage de rigueur scientifique, leur utilisation est donc intensive dans les analyses économiques néoclassiques.

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Les Néoclassiques accordent une grande importance aux raisonnements microéconomiques: toute la théorie repose sur des postulats concernant les comportements individuels, à partir desquels les phénomènes collectifs sont expliqués.

Ils conçoivent la société comme composée uniquement d’individus, contrairement aux Classiques qui envisagent des classes ou des groupes sociaux. Le monde tel que conçu par les néoclassiques exclut aussi l’Histoire et les institutions (celles-ci ne servent qu’à
garantir le bon fonctionnement du marché).

Le concept d’Homo œconomicus est à la base de la théorie: il s’agit d’une conception abstraite de l’être humain, dans laquelle l’individu agit rationnellement, c’est-à-dire en essayant de maximiser sa satisfaction compte tenu de ses ressources limitées.

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La théorie néoclassique

Le calcul à la marge

La théorie néoclassique cherche l’explication des phénomènes économiques au niveau des comportements individuels guidés par le principe de rationalité. C’est la démarche de la microéconomie. Le modèle de l’homo oeconomicus insiste sur le fait que tout comportement relève d’un calcul, d’un choix explicite ou implicite…

Les consommateurs cherchent à maximiser leur utilité, compte tenu de la contrainte de leur revenu. En fait, les consommateurs sont placés perpétuellement devant des choix à effectuer entre plusieurs biens (ici les biens X et Y). Compte tenu de la contrainte de revenu, si le consommateur décide d’acheter plus de bien X, il devra renoncer à un certaine quantité de bien Y.

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La variation du prix des biens X et Y (que l’on qualifie d’effet de substitution) ou la variation du revenu (effet revenu) desserre ou resserre la contrainte qui pèse sur le consommateur.

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Max U (X, Y)

Cte : R = px . X + py . Y

U : utilité, X : bien 1, Y : bien 2, R : revenu, px : prix du bien X, py : prix du bien Y

Effet substitution : si le prix du bien X augmente, à revenu constant, le consommateur devra diminuer sa consommation de bien X ou modifier sa combinaison de biens (X, Y). Effet revenu : si le revenu augmente, le consommateur pourra augmenter sa consommation de bien X, de bien Y ou des deux (X, Y).

En utilisant le calcul à la marge, les néoclassiques ont montré que l’utilité marginale, qui représente la valeur à laquelle le consommateur estime le bien, est décroissante en fonction des quantités consommées. Ainsi l’utilité totale croît, mais l’accroissement de la dernière unité (utilité marginale) est de plus en plus faible pour les biens qui existent en quantité illimitée (ceci est illustré par le principe de satiété du consommateur).

Les producteurs cherchent à maximiser leurs profits compte tenu de la contrainte de leur fonction de production. Cette fonction de production est dite à facteurs substituables (c’est à dire que le producteur recherche la meilleure combinaison de travail et de capital). Toutefois, la théorie néoclassique admet qu’à court terme, seul le facteur travail parvient à s’adapter (le facteur capital a besoin d’un certain temps d’adaptation).

Max П = p Y – wN – r K

Cte : Y = f (N, K)

П : profits, w : salaire, N : travail, r : intérêt, K : capital

Le prix du marché résulte de l’égalisation entre le coût marginal et l’utilité marginale, qui appréhendée du point de vue du producteur, prend le nom de recette marginale. A long terme, le prix du marché est égal au minimum du coût moyen et le profit pur égal à 0. Les facteurs de production (travail, capital) sont rémunérés en fonction de leur productivité marginale. Ainsi le salaire réel est égal à la productivité marginale du travail : w / p = ∆ Y / ∆ N

Le modèle du marché, l’équilibre partiel et l’équilibre général

La représentation de la pensée néoclassique passe par le modèle d’une économie de marché. Le marché est le lieu de rencontre entre l’offre et la demande, qui réagissent en fonction du prix (On présente généralement deux fonctions (linéaires ou non), du type : O = f( p) D = f (p)).

L’équilibre partiel (équilibre sur un seul marché), cher à Alfred Marshall, est souvent opposé à l’équilibre général, dont la paternité revient à Léon Walras.

Dans son ouvrage Eléments d’économie politique pure (1874), Léon Walras précisera la condition d’équilibre général : « l’échange de plusieurs marchandises entre elles sur un marché régi par la libre concurrence est une opération par laquelle tous les porteurs, soit d’une, soit de plusieurs d’entre ces marchandises, soit de toutes, peuvent obtenir la plus grande satisfaction de leurs besoins compatible avec cette condition que non seulement deux marchandises quelconques s’échangent l’une contre l’autre suivant une proportion commune et identique, mais que, de lus, ces deux marchandises s’échangent contre une troisième quelconque suivant deux proportions dont le rapport soit égal à la première » (1874, [1988, p. 199-200]).

L’équilibre général est la formation d’un prix d’équilibre sur chacun des marchés existants. La théorie néoclassique identifie quatre marchés : le marché des biens et services, le marché du travail, le marché des titres et le marché de la monnaie.

Tableau 1 : Les quatre marchés

MarchésBiens et ServicesTravailTitresMonnaie
PrixEvaluation monétaire
du produit
SalaireIntérêtNiveau général des
prix des produits
Offreproduction
(entreprises)
MénagesEntreprisesEtat, Banques
DemandeConsommation
(ménages)
EntreprisesMénagesMénages,
Entreprises

Les agents économiques sont à la fois demandeur et offreur sur l’ensemble des marchés (ainsi les ménages demandent des produits sur le marché des biens, offrent leur force de travail sur le marché du travail, demandent des actifs financiers sur le marché des titres, demandent de la monnaie).

La théorie néoclassique insiste sur l’interdépendance des 4 marchés, en précisant (grâce aux égalités comptables emplois – ressources des agents) que l’équilibre sur les marchés du travail, de la monnaie et des titres, permet de conclure que le marché des biens et services est également en équilibre.

Le modèle du marché, l’équilibre partiel et l’équilibre général
Figure 1: L’équilibre général

Par ailleurs, Léon Walras suppose l’existence d’un commissaire priseur qui centralise toute l’information sur le volume et les conditions de transactions, et propose des prix. Les prix étant donnés, les agents, dissociés en unité de consommation (le consommateur maximise sa fonction d’utilité sous une contrainte budgétaire) et unité de production (le producteur maximise ses profits sous la contrainte d’une fonction de production), vont manifester leurs offres et leurs demandes correspondantes.

Cette confrontation entre offres et demandes pour un certain système de prix s’effectuera sans qu’aucun échange n’ait eu lieu. Le prix évoluera en fonction de l’excès de l’offre (la demande) sur la demande (l’offre) pour aboutir à un nouveau système de prix. Le processus d’ajustement continuera (sans que s’effectue aucun échange) jusqu’à ce qu’il existe un même système de prix pour tous les opérateurs tel que pour chaque bien, l’offre soit égale à la demande, et que les échanges ne puissent s’effectuer en dehors de ce même système de prix.

Vilfredo Pareto précisera que l’équilibre général est un optimum, c’est-à-dire qu’il est impossible d’améliorer la satisfaction d’un individu sans détériorer celle d’un autre. Autrement dit, les échangistes sont satisfaits à l’équilibre et il n’y a plus de possibilité d’échange. L’équilibre avec un système de prix unique aboutit ainsi à la maximisation des satisfactions pour l’ensemble des agents économiques.

Une démarche normative

La théorie néoclassique est normative dans la mesure où les équilibres ne sont pas ce qui est, mais ce qui doit être. D’une certaine manière, il faut donc modifier le réel dans le sens des hypothèses du modèle. Ceci explique l’utilisation courante du modèle de concurrence pure et parfaite. Sur le marché, le prix est unique compte tenu de la rationalité des comportements sous les hypothèses : de fluidité du marché (circulation de l’information) ; de transparence du marché (l’information est disponible à tous) ; d’atomicité de l’offre et la demande (aucun agent ne peut agir sur le marché), d’homogénéité des produits (produits standards) et d’absence de barrières à l’entrée.

En concurrence pure et parfaire, le prix devient une donnée pour les agents économiques considérés individuellement (on dit qu’ils sont price-takers). Le prix unique garantit au producteur que toute la production offerte, trouvera un débouché à ce prix.

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