l’objet de cet article est de présenter une revue de littérature sur la définition de la performance de l’entreprise.
Le concept de performance de l’entreprise est couramment utilisé tant dans la littérature que dans les milieux organisationnels pour désigner un certain niveau d’excellence. Il reste, cependant, relativement ambigu dans la mesure où il est très galvaudé dans le langage courant.
Par ailleurs, bien qu’il soit largement utilisé, il ne fait pas l’unanimité autour d’une définition et d’une mesure précise. Celles-ci dépendent, en effet, de l’objectif visé, de la perspective d’analyse choisie ainsi que du champ d’intérêt de son utilisateur.
Par rapport à ces deux critères d’efficacité et d’efficience, Bourguignon (1997) a commencé par grouper la signification du mot performance, dans le champ de la gestion, autour de trois sens primaires, à savoir :
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- Le premier sens est la performance-succès : lorsque la performance de l’entreprise est synonyme du succès. Ce sens contient un jugement de valeur, au regard d’un référentiel, qui représente la réussite du point de vue de l’observateur.
- Le deuxième sens est la performance-résultat, ici la performance fait référence au résultat d’une action : l’évaluation ex post des résultats obtenus sans jugement de valeur.
- Enfin, le dernier sens est la performance-action : la performance peut signifier une action ou un processus (la mise en acte d’une compétence qui n’est qu’une potentialité).
Selon P. Lorino (1997), « Est performance dans l’entreprise, tout ce qui, et seulement ce qui, contribue à atteindre les objectifs stratégiques ». J.-B. Carriere (1999) conclut alors que la performance n’est rien d’autre que l’évolution de l’entreprise ou son agrandissement.
Cette notion de performance de l’entreprise peut se résumer à l’idée de réussite ou de succès de l’entreprise ne pouvant être obtenue sans sanction positive du marché.
Bourguignon (1998) qualifie cette notion de réussite de réalité subjective et dépendante des représentations internes de la réussite dans l’entreprise. Quant à W. Azan (2007), il réduit la notion de performance à l’idée de développement.
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Dès lors que l’on accepte l’hypothèse de divergences des objectifs et des participants à l’organisation, le concept de performance possède autant de significations qu’il existe d’individus ou de groupes qui l’utilisent. Bessir (1999)64 note que malgré une certaine confusion ou flou qui entoure la définition de la performance de l’entreprise , il existe quatre points de convergence entre les différentes définitions. Ces quatre points sont :
- Premièrement, le terme performance de l’entreprise est souvent utilisé dans un contexte d’évaluation, ainsi on trouve des termes comme : évaluation de la performance, pilotage de la performance, management de la performance. La performance est donc étroitement liée à la valeur. Cette dernière est celle qui prévaut dans la définition de la performance comme résultat.
- Deuxièmement, la performance a plusieurs dimensions, dont le nombre est variable selon les auteurs.
- Troisièmement, la performance est souvent mise en relation avec la cohérence et la pertinence. Le terme cohérence, qui ne soulève pas de difficulté dans la définition, fait référence à des décisions qui sont logiques entre elles et par rapport à une échelle de préférence. Le terme pertinence, contrairement au terme cohérence n’a pas de définition précise.
Alors que la pertinence se définit habituellement en relation avec un utilisateur et une intention, dans certains cas, elle est confondue avec la cohérence et dans d’autres cas, elle est assimilée à la précision ou l’exactitude.
L’articulation de ces différents termes fait apparaître la performance de l’entreprise comme le résultat d’une simple sommation de pertinence et de cohérence ou comme le produit d’une boucle itérative entre ces deux mêmes termes. La performance, la cohérence et la pertinence sont respectivement la dimension objective, la dimension rationnelle et la dimension subjective de toute évaluation valide.
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- Quatrièmement, la performance n’est pas un concept qui se définit de manière absolue ou objective, elle est considérée par les auteurs comme étant un concept subjectif.
Ainsi, Tchankam (2000) définit l’entreprise performante comme celle qui fait mieux que ses concurrents sur le court, moyen et long terme. Par ailleurs, la performance a longtemps été un concept unidimensionnel, mesuré par le seul profit, en raison notamment du poids des propriétaires dans le processus de décision (Saulquin et al. 2007).
Plusieurs études, qui s’inscrivent dans un courant positiviste, étudient la plupart du temps la performance sous un angle financier et réduisent ce concept à une dimension simple centrée sur la seule dimension financière (A. Bourguignon, 1998).
En effet, l’approche financière de la performance de l’entreprise consiste à se poser la question suivante : « Comment se positionne l’organisation face à ses actionnaires ? » en y répondant par un objectif de maximisation du profit généré et de retour sur investissement.
Ainsi, cette performance consistait à réaliser la rentabilité souhaitée par les actionnaires avec le chiffre d’affaires et la part de marché qui préservaient la pérennité de l’entreprise.
Cette logique purement financière a fait l’objet de fortes critiques dans la littérature existante (Dohou-Renaud, 2007 ; Bouquin, 2004 ; Lebas, 1995) notamment :
- La pérennité des entreprises ne dépend plus uniquement de l’aspect financier de leurs activités, mais également de la manière dont elles se conduisent.
- La performance de l’entreprise définie en terme financier ne suffit plus vu sa dimension court-termite de maximisation d’un profit matérialisé par les dividendes versés.
- Elle n’intègre pas les différents acteurs qui participent au développement de l’entreprise (dirigeants, salariés, clients, etc.).
Cependant, la fin des années quatre-vingt a consacré la mise en évidence du caractère complexe et multiforme du concept. P. Barillot (2001)65 explique en effet que la naissance d’un environnement économique plus complexe au cours de la période quatre-vingt et quatre-vingt-dix, a eu pour conséquence la prise de conscience que le pilotage de l’entreprise ne se réduit pas au seul aspect financier.
Dès lors, la responsabilité des entreprises s’élargit, elle ne se limite plus aux seuls actionnaires, mais intègre d’autres parties prenantes (associations, syndicats, clients, fournisseurs…).
Ces nouveaux acteurs exigent d’être entendus et cette écoute devient une cible vitale pour la performance et la pérennité des entreprises. Cette nouvelle réalité a entraîné l’abandon de l’approche unidimensionnelle de la notion de performance, au profit d’une vision plus large.
En effet, une large littérature s’est penchée sur la conceptualisation de la performance de l’entreprise en tant que modèle globalisant. Il s’agit donc de définir précisément la notion dans une configuration stratégique de pilotage de l’activité dans sa globalité, afin de mettre en évidence les enjeux présentés par les différentes approches en vigueur, et notamment leur robustesse face aux facteurs de contingence de l’environnement.
Pour Baret (2006) la performance de l’entreprise est un concept multidimensionnel « performance globale » difficile à mesurer techniquement. La performance globale est « l’agrégation des performances économiques, sociales et environnementales »
Marcel Lepetit la définit « comme une visée (ou un but) multidimensionnelle, économique, sociale et sociétale, financière et environnementale, qui concerne aussi bien les entreprises que les sociétés humaines, autant les salariés que les citoyens ».
En bref, la performance de l’entreprise est un concept complexe et multidimensionnel qui intègre différentes dimensions pour la définir et différents indicateurs de mesure car elle reste une affaire de perception et tous les acteurs n’ont pas la même perception de la performance.
Elle est, par ailleurs, relative à la vision de l’entreprise, sa stratégie et ses objectifs. C’est dans ce sens que la performance d’une entreprise peut se mesurer sous différents angles et ne se limite pas uniquement à sa dimension financière. Ainsi pour l’évaluer, il est nécessaire d’effectuer des mesures au niveau de toutes ses dimensions et s’appuyer sur ses facteurs déterminants pour l’améliorer
Sources :
S. SANTIN, D.VAN CAILLIE, « Le design du système de contrôle de gestion des PME : une quête de stabilité adaptative », revue de la comptabilité, le contrôle et l’audit entre changement et stabilité, France. 2008
E. O. LIMA, « Stratégie de PME : de la perspective traditionnelle aux approches descriptives axées sur le processus », cahier de recherche, 2003
Z. ISSOR, « La performance de l’entreprise : un concept complexe aux multiples dimensions », Projectics / Proyéctica / Projectique, 2017
B.SOGBOSSIBOCCO, « Perception de la notion de performance par les dirigeants de petites entreprises en Afrique ». La Revue des Sciences de Gestion, 2010
M ESSID., « Les mécanismes de contrôle de la Performance globale : le cas des Indicateurs non financiers de la RSE », Université Paris Sud, 2010